Elle nous donne à lire un roman incisif sur la famille et ses errements... Nathacha Appanah est notre invitée à l'occasion de la publication de "Le ciel par-dessus le toit" (Gallimard, 2019),
- Nathacha Appanah Écrivaine
Avec Le ciel par-dessus le toit ( Gallimard, 2019),Nathacha Appanah offre un roman à trois voix, dont la structure entremêle la parole de Loup et Paloma, et de leur mère, Eliette. On appelle désormais cette femme Phénix, une manière de thématiser la destruction et la renaissance. Tissant les fils d'un drame familial, l'écrivaine livre une intrigue non dénuée d'espoir. Elle rejoint ainsi des questionnements qui innervent son oeuvre, entreprise il y a bientôt vingt ans avec son premier roman, Les rochers de poudre d'or (Gallimard, 2002).
Auteure d'une dizaine de romans et traductrice, Nathacha Appanah interroge l'identité de l'individu au sein de la cellule familiale, et l'amour qui en naît. Sur sa protagoniste, Eliette/Phénix, elle affirme ainsi : "je tourne toujours autour d'une femme qui serait empêchée, qui ne pourrait pas aimer vraiment."
Je suis très travaillée par la façon dont nous habitons le monde. [Mes personnages] ont cette incapacité à l'habiter correctement, cette incapacité à trouver une consolation dans ce monde. Phénix pense qu'elle le trouve, elle pense qu'elle le trouve avec [la] distance.
(Nathacha Appanah)
Si l'amour passe pour un des derniers espaces de résistance, celui qui unit une mère à ses enfants pourrait-il refléter cet enjeu ? L'auteure met en scène une fillette que ses parents ont toujours adulée, habillée et maquillée, pour que sa perfection frappe tout le monde. Le ciel par-dessus le toit orchestre la rencontre entre cette enfant, devenue adulte, et sa propre progéniture. Ils ont reçu une éducation aux antipodes de l'adulation dont leur mère fut l'objet : peut-on se construire autrement qu'en opposition avec son éducation ? Le livre de Nathacha a le mérite de poser la question des déterminismes qui pèsent sur nos existences, sans misérabilisme.
"Il y a comme un mensonge aujourd'hui, je ne sais pas [...] ; par la multiplicité des sollicitations, on a l'impression que tout le monde sait dire les choses [...]. C'est de plus en plus difficile de dire à quelqu'un qu'on l'aime.
(Nathacha Appanah)
Le roman de Nathacha Appanah pose ainsi la question de l'incommunicabilité entre les êtres, pour celle qui déclare : "Je passe mon temps à essayer de trouver le mot juste, à essayer de traquer le mot en trop."
"Si on veut toujours se renouveler, dans une langue, il faut qu'elle soit difficile, qu'elle nous échappe un peu [...].
(Nathacha Appanah)
Extraits sonores :
- Sarah Chiche, "Nous vivons dans un monde abîmé" ( La Grande table, 30 mai 2019)
- Eva Ionesco sur son film My Little Princess ("Comme on nous parle", France Inter, 29 juin 2011)
- "To The Stars" (bande originale de Max Richter, Ad astra, sortie en salle le 18 septembre 2019)
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