Paul Schrader, des mots à l’image

Portrait de Paul Schrader, Boston, 2018
Portrait de Paul Schrader, Boston, 2018 ©Getty -  Boston Globe
Portrait de Paul Schrader, Boston, 2018 ©Getty - Boston Globe
Portrait de Paul Schrader, Boston, 2018 ©Getty - Boston Globe
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Scénariste, réalisateur, ou encore acteur... La rétrospective de Paul Schrader, ce moustachu américain protestant à l’œil qui pétille, vient de débuter au Forum des Images à Paris : « Dans la tête de Paul Schrader ». Une programmation à voir jusqu'au 2 février.

Avec

Fan d'Ozu, Bresson, ou encore Dreyer, il s'est fait connaître très jeune pour ses scénarios, notamment ceux pour Scorsese, dont Taxi Driver, La dernière tentation du Christ, Raging Bull et A tombeau ouvert. En tant que réalisateur, on le connaît notamment pour Mishima, Light Sleeper, American Gigolo, First reformed, Affliction, La Féline. Retour sur ses débuts au cinéma...

Il y a eu un moment dans ma vie, en mars 69 à Los Angeles où ma vie a pris une définition. J’étais critique de cinéma, je suis allé voir la projection de Pickpocket de Robert Bresson, et cela a changé ma vie. Avant ce film, je ne m’imaginais qu’en critique et pas en réalisateur. Or juste après cette projection, j’ai écrit Taxi Driver qui est en fait la même histoire. Après cette projection, ma vie s’est déployée. (Paul Schrader)

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Je dirais que ce qui me distingue de mes collègues réalisateurs de ma  génération, c’est que j’ai grandi dans un milieu calviniste où l’on ne  voyait pas de films quand on était enfant. Ce n’est qu’adulte, que j’ai  commencé à voir des films. Les premiers films que j’ai regardés, c’était du cinéma européen des années 60, alors que beaucoup de mes collègues se sont nourris des films américains vus quand ils étaient enfants. (Paul Schrader)

Je ne crois pas que l’écriture de scénarios soit de la littérature. C’est quelque chose qui a à voir avec l’oralité, le fait de raconter des  histoires. Quand j’enseigne l’écriture de scénario, c’est la tradition orale et pas la tradition littéraire à laquelle je me réfère. (Paul Schrader)

Profondément imprégné par son éducation calviniste, Paul Schrader produit une œuvre pessimiste largement inspirée par la thématique chrétienne du péché et de la rédemption. Dans ses films, il développe inlassablement les représentations du mal, de la mort, du péché, dans la vie de tous les jours, à travers la trajectoire individuelle et impossible d’un personnage en quête de pureté. La plupart des héros du cinéma de Paul Schrader sont des fils spirituels ou des cousins éloignés de Travis Bickle (le chauffeur de taxi de Taxi Driver) : des hommes solitaires qui ne trouvent comme échappatoire à leur destin christique qu’une violence sourde et explosive grâce à d’autres types de violences, souvent sociales. Il sonde l’âme humaine, dissèque les mécanismes psychologiques de l’homme profondément hanté par le sexe, la mort et la violence. Il ne s’agit pas seulement de pulsions, mais aussi de quelque chose qui serait ancré au fond de l’homme, auquel il ne peut pas échapper malgré tous ses efforts et toutes ses questions.

La contraction c’est l’essence du personnage, je l’aime autant que le déteste. Je cherche la friction entre l’homme et  la métaphore, et l’électricité qui s’en dégage. Et c’est au spectateur  de trouver la solution !  (…) Je ne sais pas si c’est possible de sauver les personnages. Mais  j’aime trouver une grâce chez eux, qui est quelque chose de symbolique  qui induit une certaine espérance.                
(Paul Schrader)

La Grande table idées
34 min

Extraits sonores : 

  • Module : l'homme solitaire en quête de rédemption, quel que soit le prix (Taxi Driver (1976), American Gigolo (1980), Light Sleeper (1992), First reformed (2017))
  • Archive INA - Robert Bresson - "Pour le plaisir" -11/05/1966

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