Robert Frank, l'ami américain

Robert Frank en compagnie de son épouse June Leaf, en 2016
Robert Frank en compagnie de son épouse June Leaf, en 2016 ©Getty - Taylor Hill
Robert Frank en compagnie de son épouse June Leaf, en 2016 ©Getty - Taylor Hill
Robert Frank en compagnie de son épouse June Leaf, en 2016 ©Getty - Taylor Hill
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En hommage au photographe et réalisateur Robert Frank, décédé le 9 septembre 2019, Raymond Depardon et Quentin Bajac (actuellement directeur du Jeu de Paume) reviennent sur l'œuvre multiple et énigmatique de l'artiste américain.

Avec
  • Quentin Bajac Directeur du Jeu de Paume, anvien directeur du département photographie du MoMa
  • Raymond Depardon Photographe, réalisateur, producteur, scénariste, journaliste

Né en Suisse en 1924, Robert Frank a marqué l'histoire de la photographie et du cinéma expérimental. On lui doit notamment un ouvrage phare, Les Américains, publié en 1958 pour l'édition française de Robert Delpire. Il y livrait un portrait mélancolique des États-Unis, constitué de quatre-vingt-trois photos. Le photographe les avait sélectionnées au terme d'un road trip de deux ans sur les routes du pays, pour lequel il avait obtenu une bourse Guggenheim.

Parrainé par le photographe Walker Evans, Robert Frank consacra le reste de sa carrière à un cinéma underground et personnel, notamment en collaboration avec les écrivains de la Beat Generation.

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Au fond, finalement, quelque chose qui est particulièrement dur en photographie, c'est la traversée du temps  [...], c'est ces problèmes du temps : les photos vieillissent, il y a des moment où elles ont pris, comme on dirait, du vieux.... (Raymond Depardon)

Quentin Bajac, actuellement directeur du Jeu de Paume, a été directeur du département de photographie au MoMA de 2013 à 2018. Il revient sur les expositions de Robert Frank dans le grand musée new-yorkais, et ailleurs. L'auteur des Américains, ouvrage préfacé par Jack Kerouac, a rencontré au début de sa carrière un succès très mitigé : on lui a notamment reproché un regard pessimiste sur les Etats-Unis. 

Raymond Depardon et Quentin Bajac évoquent les inspirations du photographe, de Edward Hopper aux expressionnistes abstraits. En outre, la mélancolie douce-amère omniprésente dans son oeuvre est empreinte d'une grande poésie que l'ensemble de son travail reflète. Cette dimension poétique, selon le photographe français de LA 82 (Seuil, 2019), est ce qui a permis aux Américains de résister à l'épreuve du temps :

L'idée d'une caméra-stylo : [...] une des forces de Frank, peut-être sa principale force, c est d'avoir justement rendu la photographie comme une forme complète. .[...] Il y avait cette idée d'une forme pas évidente qui nécessitait d'être regardée, d'être contemplée pour être vraiment comprise, si tant est qu'on puisse vraiment comprendre une photo.        
(Quentin Bajac)

Une double exposition est actuellement consacrée à Raymond Depardon et aux photos qu'il a notamment prises durant son service militaire au début des années 1960. Son dernier ouvrage, LA 82 (Seuil, 2019), regroupe ses photographies étatsuniennes et des textes d'Olivier Assayas.

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