Wendy Whelan, une pointe de classicisme

Nommée directrice artistique associée de la compagnie au New York City Ballet en février 2019, Wendy Whelan, notre invitée, y est entrée comme danseuse en 1984. Les dernières années ont été marquées pour elle par des projets personnels, tels que Restless Creature, qui l’unissait à quatre jeunes chorégraphes masculins. pour elle, la danse contemporaine permet de rendre possible ce qui ne l’était plus avec la danse classique : continuer à se produire sur scène, sans pointes désormais.

Je me suis fait confiance tout au long de ma carrière, et il a fallu que je me fasse confiance aussi pour en sortir. C’était des années très chargées émotionnellement.                            
(Wendy Whelan)

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Sa nomination au New York City Ballet ouvre un âge de changement après les scandales qui ont touché le précédent directeur, Peter Martins, et plusieurs des danseurs de la compagnie. Wendy Whelan confirme cette nouvelle direction en réitérant son désir de faire sortir la danse classique du pré carré masculin et de l’exclusivité culturelle. 

Je crois qu’un danseur doit réaliser qu’il doit à un moment donné entrer dans une autre phase de sa carrière. Mais il doit être accompagné pour cela. Ce nouveau mode de gouvernance est très différent du passé. Nous sommes trois et nous parlons sans arrêt de la direction artistique, nous choisissons toujours la meilleure idée... C’est une discussion permanente.                            
(Wendy Whelan)

Au moment où j’étais danseuse, il y avait toujours cette figure paternelle, une figure masculine dominante, avec de jeunes femmes pleines d’espoir… Les femmes ne pouvaient jamais être incluses dans une vision plus large, elles ne pouvaient pas s’exprimer.                            
(Wendy Whelan)

Nous réfléchissons beaucoup à la diversité, l’inclusion. On essaye de travailler à un répertoire qui puisse inclure différentes couleurs de peau, différentes cultures, tout le melting-pot de l’Amérique.                            
(Wendy Whelan)

Pour le Théâtre de la Ville, elle présente à l’Espace Cardin « The Day », de la chorégraphe minimaliste Lucinda Childs. La musique interprétée par la violoncelliste de génie Maya Beiser a été composée par le gagnant du Prix Pultizer de musique (2008) David Lang. A la première partie, - "World to Come", où elle apparaît vêtue de blanc, sur un texte qui se déroule toutes les six secondes à la manière d’un battement de cœur,- succède "The Day", où elle se présente vêtue de noir. Dans cette œuvre de maturité se déploie une méditation sur le passage du temps et la finitude, qui outrepasse l’enjeu du 11 septembre – son point de départ – pour atteindre une forme d’universalité, "une sorte de mémoire collective du monde".

Je pense que Lucinda Childs a une vision radiographique pour la musique et pour les gens. Elle ne me connaissait pas, mais on a vraiment travaillé main dans la main, avec un lien de confiance très fort entre nous, elle voulait vraiment me donner cette liberté. Lucinda Childs a vu mon expérience dans tous les grands ballets, je crois qu’elle a aimé que j’amène cette expérience de la technique classique tout en étant ouverte pour laisser cet autre monde arriver.                            
(Wendy Whelan)

J’ai perdu plusieurs amis et personnes très proches ces cinq dernières années, et cette notion de la perte m’accompagne sur scène pour le spectacle. Tous ces souvenirs sont profondément enracinés dans le corps, j’ai le sentiment que je suis en train de faire sortir de moi des choses.                            
(Wendy Whelan)

Merci à Pascale Fougère pour la traduction simultanée.

Extraits sonores : 

• Lucinda Childs ("La Grande Table", France Culture, 30 septembre 2016)
• Extrait de la musique de David Lang pour "The Day", interprétée par Maya Beiser
• "A Little Spark", Martha High and The Italian Royal Family, extrait de Nothing's Gone Wrong (Blind Faith Records, sortie le 17 janvier 2020)