Atiq Rahimi : "Jeune, j'étais déjà étranger dans ma propre culture"

L’histoire commence à Kaboul, au pied d’une colline appelée « Le jardin suspendu » :

Notre maison était juste en bas de cette colline, où se situait l’Hôtel Intercontinental. Je me souviens que chaque soir ma mère s’habillait très correctement pour s’y rendre...

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La famille est à la fois très bourgeoise et très monarchiste. Privilégiée… jusqu’au coup d’Etat de 1973 :

Le cousin du roi a renversé la monarchie. Mon père, monarchiste, a été arrêté et mis en prison. Là, l’ambiance à la maison n’était plus du tout la même…

C’est durant cette même période que le jeune Atiq entre au lycée franco-afghan de Kaboul. Il y découvre la littérature française, mais aussi les films de la Nouvelle Vague, qui ne finiront pas de l’inspirer. Et accentuer sa défiance envers ceux qui, à la tête du pays, passent sous le joug des soviétiques :

Je crois que même avant que mon père soit arrêté, j’avais déjà cette tendance à refuser les dogmes et voir les choses ailleurs. Très jeune, à m’orienter vers l’art et la lecture… Tout cela m’avait déjà mis en marge de la société et de la famille. Il y a cette image de moi, enfant, qui m’apparaît tout le temps, où de jeunes garçons s’approchent de moi en m’interpellant « Mister ! Mister ! », comme si je n’étais pas un des leurs. On me prenait pour un étranger. Je vous avoue que c’était troublant… Jeune, j’étais déjà étranger dans ma propre culture.

Le cinéaste et écrivain Atiq Rahimi se fait aussi dessinateur, en exposant sur RV ses dessins et calligraphies à la Galerie Cinéma, rue Saint-Claude à Paris.