Agriculture cellulaire : bienvenue au rayon in vitro

Les consommateurs sont-ils prêts à accepter de se nourrir avec de tels produits de synthèse ?
Les consommateurs sont-ils prêts à accepter de se nourrir avec de tels produits de synthèse ?  ©Getty -  Franck Metois
Les consommateurs sont-ils prêts à accepter de se nourrir avec de tels produits de synthèse ? ©Getty - Franck Metois
Les consommateurs sont-ils prêts à accepter de se nourrir avec de tels produits de synthèse ? ©Getty - Franck Metois
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Qu’appelle-t-on “agriculture cellulaire” ? A quand remonte l’idée de trouver une alternative à l’élevage du bétail et pourquoi ? Que peut-on produire en laboratoire aujourd’hui via cette technique ? Comment se fait concrètement la culture ?

Avec
  • Jean-Francois Hocquette Biologiste, directeur de recherches à l'Inrae, spécialiste en biologie musculaire et en production animale
  • Marie-Pierre Ellies Ingénieur agronome, docteur en zootechnie, enseignante-chercheuse en “Productions animales” au sein du Département Nutrition-Santé et Filières agricoles de Bordeaux Sciences Agro

Si la consommation de viande est en baisse en France, elle reste néanmoins en hausse à l’échelle mondiale liée à la hausse de la population et à l’augmentation du niveau de vie. Or, l’agriculture en général, et l’élevage en particulier sont d’importants producteurs de gaz à effet de serre, sans compter les dégâts environnementaux des exploitations intensives et la préoccupation grandissante envers le bien-être animal. C’est pourquoi l’une des solutions réside dans l’agriculture cellulaire, et la production de viande et de protéines animales en laboratoire, un secteur dans lequel de nombreuses start-ups se sont engouffrées.

Agriculture cellulaire, bienvenue au rayon in vitro : c’est le programme gastronomique qui est le nôtre pour l’heure qui vient. Bienvenue dans La Méthode scientifique.

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Et pour parler de ces futurs steaks de laboratoire, nous avons le plaisir de recevoir aujourd’hui Marie-Pierre Ellies, ingénieure agronome, docteur en zootechnie, enseignante chercheuse en « productions animales » au sein du département Nutrition-Santé et Filières Agricoles de Bordeaux Sciences-Agro et Jean-François Hocquette, biologiste, directeur de recherche à l’INRAE (Institut National de Recherche pour l’Agriculture, l’alimentation et l’Environnement).

Le reportage du jour

Rencontre avec Nicolas Morin-Forest et Antoine Davydoff, deux des trois co-fondateurs de Gourmey, une start-up qui fait le pari de produire dans les années qui viennent un foie gras entièrement basé sur des cellules souches de canard. Par Antoine Beauchamp :

LA_METHODE_SCIENTIFIQUE - Reportage Foie gras - Gourmey

6 min

Les repères

  • Selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), 323 millions de tonnes de viande ont été produites dans le monde en 2017, et ce chiffre est en augmentation constante. De plus, la population mondiale devrait atteindre 9 à 10 milliards d’individus en 2050, et la problématique de l’élevage intensif devrait a fortiori s’amplifier.
  • Pourtant, les appels à réduire la consommation de produits carnés sont nombreux. Les raisons avancées concernent aussi bien la santé (la viande rouge est classée “cancérogène probable” par l’OMS) que l’environnement (la FAO a calculé que l’élevage dans son ensemble est responsable à lui seul de 14,5% des émissions de gaz à effet de serre d’origine anthropique, et de nombreuses pollutions des sols et des eaux) ou encore le bien-être animal (chaque année, 65 milliards d’animaux terrestres sont tués pour être consommés). 
  • C’est ainsi que l’agriculture cellulaire, terme qui regroupe les méthodes de synthèse in vitro de produits animaux (viande, cuir, lait, œufs, etc.), se présente comme une solution plus durable. En attendant le production industrielle à large échelle, une trentaine de start-ups de par le monde travaillent désormais sur cette alternative à l’élevage animal, en cultivant poissons et viandes de synthèse, mais aussi protéines, enzymes et même oeufs de culture. Les progrès réalisés dans ce domaine impactent également les industries de la santé, pharmaceutique et textile. Quelque soit le produit final fourni, l’impact écologique de sa production est annoncé comme étant moindre que s’il avait été conçu de manière traditionnelle.

Pour aller plus loin

Retrouvez les sources de cette émission sur le fil Twitter de La Méthode scientifique.

Les références musicales

Le titre du jour : All that meat and no potatoes par Fats Waller

Le générique de début : Music to watch space girls by par Leonard Nimoy

Le générique de fin : Says par Nils Frahm

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