Comment la modification du corps questionne-t-elle la notion d’identité ? Comment l’hybridation du corps et de la machine est-elle représentée dans la SF ? Comment les auteur.ices de SF s'approprient-ils ces thématiques ?
- Mehdi Achouche Maître de conférences à Lyon 3 en civilisation américaine et études culturelles
- Grégoire Courtois
- Marc Atallah Maître d'enseignement à l'Université de Lausanne et directeur du suisse musée de la Maison d'Ailleurs
Si la figure du robot, ou plus précisément de l’androïde a été tour à tour positive, puis négative… il y a une figure qui n’a jamais été vraiment au centre des comédies romantiques ; c’est celle du mélange humain/machine. On a déjà parlé du cyborg et du cyberpunk dans cette émission, mais que se passe-t-il si on pousse la fusion oganique/mécanique un cran plus loin ? On obtient l’esthétique biomécanique, popularisée par le plasticien suisse H.R. Giger, rendu célèbre par son monstre de chair et de métal Alien. Quand on soulève le capot du biomécanique, c’est rarement de la lumière qui se dégage mais plutôt du pus, du sang et de l’huile de moteur.
Biomécanique : des boyaux sous le capot. C’est le programme visqueux qui est le nôtre pour l'heure qui vient. Bienvenue dans La Méthode scientifique.
Et nous ne serons pas assez de quatre pour remonter les manches et plonger les bras jusqu’aux épaules dans ces amalgames de pistons, de rouages et de vaisseaux sanguins Marc Atallah, maître d’enseignement à l’Université de Lausanne et directeur du musée de SF et d’Utopie de la Maison d’Ailleurs, en Suisse, Grégoire Courtois, écrivain, auteur notamment de « Suréquipée » « Les lois du ciel » et « les Agents », aux éditions Le Quartanier et Mehdi Achouche, maître de conférence à l’Université de Lyon 3.
Je ne sais pas si je fais – ou plutôt si je faisais preuve d’une naïveté confondante à l’époque lointaine où je visionnais pour la première fois Alien, de Ridley Scott, toujours est-il que c’est quelques années plus tard, en découvrant les travaux de l’artiste suisse H.R. Giger que je réalisais l’aspect foncièrement sexuel, obscène et dérangeant de ses créatures, qu’il s’agisse du vagin-pénien béant du Face-Hugger, munis d’ongles acérés au bout de chacune de ses pattes ou de l’immense collection de phallus mécaniques présents sur le corps de l’Alien.
Car c’est le propre de cette esthétique biomécanique originelle : elle n’est pas qu’un mélange indistinct de chair et de métal, terrain que le cyberpunk va largement explorer. Elle est intrinsèquement visqueuse, malaisante, sexuelle, perverse et ce n’est pas un hasard si les artistes qui s’y sont plongés sont nimbés d’une aura sulfureuse et un tantinet malsaine.
Les références musicales
Retrouvez le thread de cette émission sur le fil Twitter de La Méthode scientifique.
- "Blame !" : le silence éternel de ces espaces infinis m’effraie (ActuaBD, 2020)
- Akira de Katsuhiro Ôtomo : Les enfants du chaos (Rayon Vert Cinema, 2020)
- Hans Ruedi Giger : une catharsis cauchemardesque (Bewaremag, 2020)
- Le corps augmenté dans la bande dessinée (Revue Captures, 2019)
- Giger par HR Giger : la biomécanique de l’horreur (Nuit de terreur, 2019)
- Les corps modifiés d’Enki Bilal (Revue Captures, 2019)
- Cronenberg et la mutation de la chair (2018)
Les références musicales
Le générique de début : "Music to watch space girls by" par Leonard Nimoy
Le générique de fin : "Says" par Nils Frahm
L'équipe
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