En quoi l’épidémie de coronavirus est-elle le fruit d’une biodiversité sous pression ? Faut-il s’attendre à l’émergence de plus en plus de zoonoses ? Quelles réponses apporter au niveau de la biodiversité pour éviter des crises sanitaires plus graves encore ?
- Gilles Bœuf Biologiste, professeur à Sorbonne Université, président du Centre d’études et d’expertise en biomimétisme (CEEBIOS) et professeur invité au Collège de France.
En fait, si l'on prend un peu de distance, on pourrait dire aujourd'hui, sans trop d'hésitations : on ne pouvait pas dire que l'on ne savait pas. Que cette crise sanitaire mondiale, liée à l'émergence de ce virus nouveau, n'avait pas été annoncée. Et pas qu'une fois. En fait, nous savions. Depuis longtemps. Les institutions, comme l'OMS, savaient et avaient alerté depuis plusieurs années sur la menace d'une maladie émergente qui plongerait la planète entière dans le chaos. Les États savaient, et avaient tous des scénarios de plan d'action au cas où. et puis cela s'était déjà produit, à moindre échelle, avec le SRAS, le MERS, la grippe H1N1 ou Ebola. Alors que s'est-il passé ? Pourquoi, comme le dit notre invité du jour « ce qui n'aurait jamais dû se passer s'est passé » ?
Covid, une catastrophe écrite à l'avance ? C'est le programme rétrospectif qui est le nôtre pour l'heure qui vient. Bienvenue dans La Méthode scientifique.
Et cette citation, « ce qui n'aurait dû se passer s'est passé », je l'emprunte donc à notre invité du jour, Gilles Boeuf, biologiste, président du Conseil Scientifique du Centre de Coopération Internationale en Recherche Agronomique pour le Développement, et du Conseil Scientifique de l'Agence Française pour la biodiversité, que nous sommes ravis de recevoir pour évoquer le contexte de l'apparition de ce nouveau virus, des précédents et certainement des suivants et pour discuter de ce que cette crise a à nous dire de notre rapport au monde animal et à notre planète.
“On a créé des conditions effroyables de promiscuité entre des animaux sauvages qui n'auraient jamais dû se croiser". Gilles Boeuf
Repères
- 75% d’agents pathogènes des maladies infectieuses humaines sont d’origine animale.
- Selon un rapport de l’IPBES de 2019, les trois quarts de l'environnement terrestre et environ 66 % du milieu marin ont été significativement modifiés par l’action humaine.
- Plus on détruit l’habitat naturel d’espèces animales, plus l’extinction des espèces s’accélère et plus le risque de voir émerger de nouveaux virus potentiellement dangereux pour l’être humain est accru.
- Entre 1940 et 2020, 160 nouvelles maladies virales ont été découvertes, souvent issues des contacts entre l'homme et l'animal.
Pour aller plus loin
[Thread] Retrouvez aussi les sources de cette émission sur le fil Twitter de La Méthode scientifique.
- [Dossier] Un pacte vert pour l'Europe (Commission européenne)
- Bruxelles s'engage pour la biodiversité et une alimentation de qualité (La Tribune, 20 mai 2020)
- Le biologiste Gilles Boeuf redoute l'arrivée d'une pandémie beaucoup plus meurtrière si l'on ne change rien (France Info, 19 mai 2020)
- Le point complet sur les zoonoses en général, le SARS-CoV2 en particulier (Sciences et Avenir, 18 mai 2020)
- Crise de la biodiversité : vision catastrophiste ou réalité scientifique ? (Afis, 12 mai 2020)
- Coronavirus : "C’est un moment de bascule pour l’humanité" (La Dépêche, 6 avril 2020)
- Coronavirus : la dégradation de la biodiversité en question (Le Monde, 4 avril 2020)
- Coronavirus : quand l’illusion de notre maîtrise de la nature se dissipe (The Conversation, 2 avril 2020)
- [Rapport] 2019> Le dangereux déclin de la nature : un taux d’extinction des espèces “sans précédent” et qui s’accélère (IPBES)
- Comment émergent et ré-émergent les nouveaux virus humains ? (ENS, 2018)
- [Rapport] 2009 > Questions éthiques soulevées par une possible pandémie grippale (CCNE)
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