

Que nous a apporté la cuisson en terme d’évolution ? Grâce à quelles recherches peut-on connaître le régime alimentaire de nos ancêtres ? Depuis quand l’espèce humaine fait-elle cuire ses aliments ?
- Marie-Hélène Moncel Directrice de recherche CNRS, préhistorienne au Muséum national d’Histoire naturelle
- Marylène Patou-Mathis Préhistorienne
Cet été, une équipe d’archéologues a retrouvé, dans le nord du Kenya, ce qui ressemble à un grand barbecue préhistorique daté d’un million et demi d’années. Problème, le consensus à l’heure actuelle sur la maîtrise du feu par le genre homo est bien plus récent, autour de 500 000 ans avant notre ère. Cette découverte a été l’étincelle pour relancer une controverse historique quant à l’importance de la cuisson dans l’évolution humaine et son rôle dans la métamorphose de nos ancêtre vers des formes plus intelligentes, tant pour des raisons énergétiques que morphologiques.
Je pense, donc je cuis : c’est le programme gastronomique qui est le nôtre pour l’heure qui vient. Bienvenue dans La Méthode scientifique.
Et pour évoquer l’influence de la cuisson sur l’évolution des espèces mais aussi les moyens dont nous disposons pour retracer les différents chapitres de cette histoire évolutive, nous avons le plaisir de recevoir aujourd’hui Marylène Patou-Mathis, directrice de recherche au CNRS, autrice de « mangeurs de viande : de la préhistoire à nos jours » aux éditions Perrin et Marie-Hélène Moncel, directrice de recherche au CNRS, préhistorienne au Muséum National d’Histoire Naturelle.
Le reportage du jour
Avec le temps les indices témoignant des feux domestiques sont rares et difficiles à recueillir. Mais en fouillant les vestiges de foyers, en sondant leurs couches sédimentaires, il est possible de faire de l’analyse stratigraphique à échelle micrométrique. Ainsi, en fonction des strates sédimentaires, de leur nature et de leur degré de carbonisation, et en corrélation avec les restes organiques comme des bout d’os, on peut reconstituer des méthodes de cuisson. C’est la spécialité de Julia Wattez, géo-archéologue à l’institut national d’archéologie préventive, qui a étudié de nombreux de foyers préhistoriques méditerranéens, et dans le bassin parisien. Par Céline Loozen :
LA_METHODE_SCIENTIFIQUE - Reportage Céline Loozen "Analyse microstatigraphique d'un foyer de cuisson paléolithique" avec Julia Wattez, Inrap
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Les repères
Selon le primatologue britannique Richard Wrangham dans son ouvrage (non traduit), Catching Fire : How Cooking Made Us Human (Basic Books, 2009), le passage d’une alimentation crue à une alimentation cuite a été un moteur déterminant de l’évolution humaine.
Cette thèse encore soumise au débat en dit long sur nos difficultés à comprendre les moteurs évolutifs des espèces appartenant au genre Homo. Les progrès techniques de la recherche nous permettent d’en savoir plus sur la composition des régimes alimentaires de nos ancêtres, qui n’étaient pas uniquement carnivores, en fonction des périodes, des régions, des climats.
Pour aller plus loin
[Thread] Retrouvez toutes les sources de l'émission sur le fil Twitter de La Méthode scientifique.
- D'après leurs dents, nos ancêtres préhistoriques allaitaient quatre ans (Sciences & Avenir, septembre 2019)
- En Espagne, il y a 7000 ans, des agriculteurs cannibales (Sciences & Avenir, mars 2019)
- Nos ancêtres étaient-ils cannibales ou végétariens ? (Sciences & Avenir, 2017)
- Manger de la viande, une habitude qui a façonné l'homme moderne (Le Temps, 2016)
- Le premier cuisinier de l'histoire était Homo Erectus (Futura Sciences, 2011)
- Du rôle de la cuisson dans l'évolution (Sciences & Avenir, 2011)
Les références musicales
Le titre du jour : "Into the light" par Glitterbug
Le générique de début : "Music to watch space girls by", par Leonard Nimoy
Le générique de fin : "Says" par Nils Frahm
L'équipe
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