Fondateur de SpaceX, PDG de Tesla Motors, inventeur de l'Hyperloop, le milliardaire sud-africain Elon Musk attire autant les louanges que les critiques.

Qui arrêtera Elon Musk ?

Fondateur de SpaceX, PDG de Tesla Motors, inventeur de l'Hyperloop, le milliardaire sud-africain Elon Musk attire autant les louanges que les critiques. ©AFP - BRENDAN SMIALOWSKI

Résumé

Comment Elon Musk a-t-il réussi à bousculer peu à peu l’industrie spatiale ? Comment s’y est-il pris pour introduire du recyclable dans ses fusées ? Fait-on face à une privation effective des intérêts spatiaux américains ?

avec :

Maxime Puteaux (Conseiller industrie au sein du cabinet de conseil Euroconsult, spécialisé dans les études de marché pour l’industrie du spatial), Xavier Pasco (Directeur de la Fondation pour la recherche stratégique et spécialiste de l’espace).

Depuis le début de l'année, les 6 et 29 janvier, le 17 février, le 18 mars, le 22 avril, les 4 et 13 juin et bientôt le 24, la société Space X a mis en orbite, à chacun de ces lancements, 60 mini-satellites de sa constellation Starlink, portant le total à 540 composants de sa constellation en orbite basse. Le 30 mai, c'est la capsule Crew Dragon, de la même société, qui amenait jusqu'à la Station Spatiale Internationale deux astronautes américains redonnant l'accès à l'espace aux Etats-Unis, qui en étaient privé depuis la fin de la navette spatiale. L'homme derrière tout cela, le même qui avait mis en orbite une de ses voitures avec un faux astronaute à bord, c'est Elon Musk. Son ambition pour l'espace, couronnée de succès, semble démesurée mais est-ce un bon, ou un mauvais signe ?

Qui arrêtera Elon Musk ? C'est le programme spatial qui est le nôtre pour l'heure qui vient. Bienvenue dans La Méthode scientifique.

Et pour se pencher sur la « galaxie » Elon Musk, son rôle grandissant dans la course à l'espace, et les critiques de plus en plus nombreuses adressées à son égard... nous avons le plaisir de recevoir, à distance, notre incontournable invité lorsqu'il s'agit de New Space Xavier Pasco, directeur de la fondation pour la recherche stratégique, auteur de « Le nouvel âge spatial, de la guerre froide au new space » aux éditions du CNRS et Maxime Puteaux, conseiller industrie au sein du cabinet Euroconsult, spécialisé dans les études de marché pour l'industrie spatiale.

Repères

La société américaine SpaceX du milliardaire Elon Musk (co-fondateur de Tesla) est dédiée à l'astronautique et l'espace. Sa fusée Falcon 1 a été la 1ère, privée, à atteindre l'orbite terrestre en 2008. Depuis, son vaisseau Dragon est sous contrat avec la Nasa pour ravitailler l’ISS et devait, à terme, y emmener des astronautes. C’est maintenant chose faite puisque le 30 mai dernier, la firme réussissait le décollage, depuis le centre spatial Kennedy, de son 1er vol habité privé vers l’ISS. Moins de 19h après l’envol (https://bit.ly/2Admv0N), la capsule Crew Dragon, propulsée par un Falcon 9, dépose à bon port Robert Behnken et Douglas Hurley.

C’est donc la 1ère fois en 9 ans que les Américains reviennent sur l’échiquier spatial du vol habité : après les cabines Mercury (1961-1963), Gemini (1964-1965) et Apollo (1967-1975), puis le système de transport spatial Space Transportation System ou STS dans les navettes Discovery (1981-2011), le Crew Dragon du programme Commercial Crew Program (initié en décembre 2010) inaugure ainsi la 5e génération de vaisseaux spatiaux habités américain.

Après ce succès majeur pour SpaceX, la priorité absolue d’Elon Musk se porte maintenant sur son vaisseau Starship, avec bien sûr l’objectif d’une colonisation spatiale lunaire puis martienne. Et si ce projet est important pour SpaceX, c’est aussi parce que, du point de vue commercial, il n'est pas impossible que le lanceur Super Heavy de Starship remplace à terme les lanceurs Falcon 9 et Falcon Heavy de la firme américaine.