Combien de publications scientifiques sont rétractées chaque année ? Y a-t-il une évolution ? Quelles sont les motifs de ces rétractations ? Qu’est-ce que la crise de la reproductibilité ? Touche-t-elle tous les domaines de la recherche ? Peut-on lier cela au “publish or perish” ?
- Hervé Maisonneuve Médecin de santé publique, rédacteur scientifique, anime le blog Rédaction Médicale et Scientifique et référent intégrité de la faculté de médecine Paris 7
- Pierre Corvol professeur émérite au Collège de France, Président de l'Académie des sciences et membre de L'Académie nationale de médecine
Le 2 janvier dernier, Frances Arnold, lauréate du Prix Nobel de Chimie en 2018, a rétracté une étude publiée dans la revue Science. Une rétractation jugée « vertueuse » par la communauté scientifique, qui salue ce geste d’intégrité pour une manipulation que la chimiste estimait « non reproductible ». Ce n’est pas la première fois qu’un lauréat du prix Nobel retire l’un de ses articles. Mais cette rétractation met en lumière ce problème de non-reproductibilité, ainsi que la réticence de la communauté scientifique à assumer que la configuration de la recherche internationale engage les chercheurs à publier trop souvent et trop vite, quitte à laisser passer des études à l’apport scientifique questionnable.
Rétractations : post publication scientifique triste : c’est le programme éthique qui est le nôtre pour l’heure qui vient bienvenue dans La Méthode scientifique.
Et pour évoquer cette question des rétractations, de leurs implications, et des solutions à apporter pour lutter contre les méconduites et les erreurs, nous avons le plaisir de recevoir aujourd’hui Pierre Corvol, médecin, chercheur en biologie, professeur émérite au Collège de France et président de l’Académie des Sciences, auteur de 2016 d’un rapport sur l’intégrité scientifique pour le Ministère de la Recherche et Hervé Maisonneuve, médecin en santé publique, et référent intégrité de la faculté de médecine Paris VII.
Le reportage du jour
Rencontre avec Boris Barbour, co-responsable de la plateforme Pub Peer une plateforme ouverte qui permet à tous types de contributeurs d’émettre des commentaires sur des articles scientifiques après leur publication. Par Antoine Beauchamp :
LA_METHODE_SCIENTIFIQUE - REPORTAGE Boris Barbour PubPeer
6 min
Les repères
- Le 2 janvier 2020, Frances Arnold rétracté une des ses publications scientifiques dans la revue Science. La lauréate du prix Nobel de Chimie en 2018 s’est excusée sur Twitter le jour de la rétractation, expliquant qu’”elle était très occupée à ce moment là et n’a pas pu faire son travail correctement.“
- Le site Retraction Watch, lancé en 2010, est une vaste base de données qui permet de quantifier ce phénomène. Toutes périodes confondues, on dénombre près de 20.000 rétractations, et le nombre d’articles retirés a augmenté d’un facteur 10 dans la dernière décennie. Les raisons avancées sont multiples, allant de simples erreurs à des fraudes avérées.
- Le geste de Frances Arnold, saluée par la communauté scientifique comme un signe d’intégrité, survient dans un contexte de crise de la reproductibilité et de la course à la publication, qui pousse les chercheurs à publier le plus régulièrement possible pour avancer dans leurs carrières.
Liens
[Thread] Retrouvez aussi les sources de cette émission sur le fil Twitter de cette émission.
- Science ouverte : la révolution nécessaire (CNRS, janvier 2020)
- [Infographie] 2019 : Retractations : quand la science se corrige (Le Monde)
- Comment améliorer la reproductibilité de la recherche scientifique (Afis Science, 2019)
- Le grand ménage de la psychologie (Pour La Science, 2019)
- Rétracter un article scientifique a du bon par Sylvestre Huet
- Repenser les rétractations (Science, 2018)
- PubPeer, le site par qui le scandale de l’”inconduite scientifique” arrive (Le Monde, 2018)
- “Publish or perish”, quand la science les chercheurs sous pression (Le Temps, 2017)
- Une science impossible à reproduire (Le Temps, 2017)
Les références musicales
Le titre du jour : Scientist par The Dandy Warhols
Le générique de début : Music to watch space girls by par Leonard Nimoy
Le générique de fin : Says par Nils Frah
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