Jeff Daniels, éloge d'un acteur professionnel et reposant

Jeff Daniels en 2018, il reçoit un Emmy Award pour sa performance dans la série "Godless"
Jeff Daniels en 2018, il reçoit un Emmy Award pour sa performance dans la série "Godless" ©AFP - Kevin Winter/Getty Images
Jeff Daniels en 2018, il reçoit un Emmy Award pour sa performance dans la série "Godless" ©AFP - Kevin Winter/Getty Images
Jeff Daniels en 2018, il reçoit un Emmy Award pour sa performance dans la série "Godless" ©AFP - Kevin Winter/Getty Images
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Partenaire de Jim Carrey, acteur pour Woody Allen, Clint Eastwood et Aaron Sorkin... Depuis les années 80, la carrière de l'acteur Jeff Daniels impressionne par sa variété, sa longévité, et sa discrétion. Éloge d'un professionnel.

Le film Dumb et Dumber des frères Farrelly, sorti en 1994, narre l'itinéraire de deux idiots lâchés sur les routes de la vaste Amérique. Jim Carrey joue Lloyd, l'idiot n°1. Mais il partage l'affiche à égalité avec un autre acteur, dont on parle peu mais dont la tête vous dira quelque chose : Jeff Daniels, qui campe l’idiot n°2 : Harry, affublé d'une improbable coupe de cheveux, portés longs, blonds, et taillés en bol. La scène dite « des toilettes », et celle où il lèche la barre gelée d'une remontée mécanique resteront dans l'histoire mondiale de la scatologie, et des blagues « pouet-pouet ».
 

Mais qui est donc Jeff Daniels ? S'il n'a pas connu la carrière météoritique de Jim, il n'a pas à rougir de la sienne. C’est un acteur au sens classique, passé par 10 ans de théâtre à Broadway. Mais que diable est-il donc allé faire dans la potacherie Dumb & Dumber ? Il parlera plus tard de l’expérience comme d’une très joyeuse sortie de route, et décrira ainsi l’alchimie avec Jim Carrey : « Jim fonce tout droit en premier, et on m’a attaché à lui avec une laisse. »
 

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La filmographie de Jeff Daniels est pléthorique, et part un peu dans tous les sens. Il a surtout commencé par crever l'écran, et ce n'est pas une métaphore.
 

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Un extrait de La Rose pourpre du Caire, film de Woody Allen, sorti en 1985. On est dans les années 30 Mia Farrow regarde un film qui s’appelle lui-même la Rose pourpre du Caire. A l’écran, on voit Tom Baxter, (alias Jeff Daniels lui-même !) un aventurier en Égypte qui porte en permanence un casque colonial. Dans cette scène, il s’adresse à Mia Farrow, puis sort de l’écran, quitte le film en noir et blanc pour rejoindre, la salle et les spectateurs en couleur. Ce rôle de Tintin énergique lui vaudra les louanges de la presse, un journaliste en verve poussera l’éloge jusqu’à le comparer à Cary Grant...
 

La carrière de Jeff Daniels est prête à décoller, vers Hollywood, ses feux et au-delà. Or, il n’en est un rien, car l’année d’après, en 1986, il retourne dans sa ville et son état natal, Chelsea, Michigan, avec femme et enfants, désintéressé par la forme de vie des stars.
 

Il revient dans les années 90, et on le voit  promener son menton carré et ses yeux de chien battu dans absolument tous les registres : il a été le collègue de Keanu Reeves dans Speed, à l'époque où les duos de flics pullulent sur les écrans, le général Joshua Chambertain, méconnaissable avec de longues moustaches, dans le film historique Gettysburg. Un journaliste éthique et démocrate dans la série Newsroom d'Aaron Sorkin. Il a aussi joué sous la direction de Clint Eastwood dans Créance de sang, et tenté des incursions dans le genre fantastique, avec Arachnophobia ou Looper. Daniels a plusieurs fois exprimé sa volonté d’ouvrir le plus possible le spectre de ses films. Il explique aussi qu’il attend toujours, même à 66 ans la personne qui viendra lui annoncer la fin de sa carrière.
 

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Alors il ne s’agira pas pour moi de faire l’éloge de l’acteur-caméléon ou de l’éternel second rôle. Jeff Daniels, c'est plutôt l'acteur débarrassé des mythes et légendes qui entourent parfois lourdement le métier. C’est celui qui ne vous fera pas le coup du « j’ai du mal à sortir de mon rôle », et dont on ne nous assommera pas avec des documentaires sur sa psyché profonde, ou ses techniques mirifiques. C’est l’acteur reposant, mais qui peut quand même jouer les dingues.
 

Aujourd'hui il tourne encore, il s'est spécialisé dans les séries sociales comme tout dernièrement American Rust sur les laissés-pour-compte de Pennsylvanie. Théâtreux invétéré, il connait aussi un succès immense à Broadway, dans une adaptation théâtrale de Ne tirez pas sur l’oiseau moqueur, signé par son camarade Aaron Sorkin.