¡Perdidos en la Mancha! la malédiction comique du Quichotte au cinéma

Illustration du chapitre V de Don Quichotte par Gustave Doré (1863)
Illustration du chapitre V de Don Quichotte par Gustave Doré (1863) ©Getty - Universal History Archive
Illustration du chapitre V de Don Quichotte par Gustave Doré (1863) ©Getty - Universal History Archive
Illustration du chapitre V de Don Quichotte par Gustave Doré (1863) ©Getty - Universal History Archive
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Plusieurs tentatives d'adaptation de "Don Quichotte" au cinéma se sont soldées par un fiasco sans appel. Faut-il pour autant croire à une malédiction du roman de Cervantès, ? Peut-être... mais à condition qu'elle soit comique.

Il existe une histoire souterraine des tournages maudits. Au panthéon de celle-ci, on trouve en bonne place la malédiction qui s'est abattue sur plusieurs adaptations cinématographiques de Don Quichotte.
 

Elle commence dès les années 50, lorsque l'ogre cinéaste Orson Welles forme le vœu d'adapter le roman de Cervantès. Il ne cessera pas d'abandonner et de reprendre ce projet jusqu'à sa mort en 1985.
 

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A partir les années 90, Terry Gilliam, membre à perpétuité des Monty Pythons, a une idée : L'homme qui tua Don Quichotte, une adaptation de Cervantès mêlée à des éléments de contemporanéité. La première tentative solide de tournage s'amorce en 2000. Une accumulation de superlatifs entoure la production du film : le budget européen le plus conséquent, le film et le réalisateur le plus fou... il se soldera toutefois par un fiasco absolu.
 

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La voix de Terry Gilliam dans deux extraits de Lost in la Mancha, documentaire qui retrace la genèse du mal. Car une pluie de catastrophe, aussi littérale que fatale, s'est abattue sur le projet d'adaptation de Terry Gilliam, un cauchemar logistique tel que les trois minutes qui me sont imparties ne suffiraient pas à en énumérer l’étendue.
 

En vrac : un budget régulièrement grévé par des coupes, des contrats à la fois signés puis non-signés par Vanessa Paradis, un lieu de tournage stupidement situé à côté d'une base d'essais militaires de l'OTAN, des conditions météorologiques étonnamment humides pour un désert espagnol, enfin une hernie discale frappe le pauvre Jean Rochefort et l'empêche de monter à cheval. Il avait pourtant préparé le rôle, appris l'anglais pendant un an, et devait camper un Don Quichotte royal. Le tournage s'arrête.
 

Gilliam met des années à relancer la machinerie, élabore des dizaines de versions, et de distributions. Il parvient à achever son film qui sort en 2018, dans une version totalement remaniée avec Adam Driver et Jonathan Pryce. Non sans en passer par un interminable et retentissant procès avec son producteur Paulo Branco...
 

Faut-il donc prendre au sérieux cette histoire de malédiction du Quichotte dont parle Terry Gilliam à deux reprises ? Les réalisateurs sont-ils tous condamnés à  être « perdidos en la Mancha » ?
Non, puisqu'en 2006 le cinéaste catalan Albert Serra réalise sous le titre Honor de cavalleria une adaptation du texte de Cervantès sans budget, tournée à la caméra DV en quelques semaines, avec deux acteurs amateurs dans le rôle du chevalier à la triste figure et de son écuyer Sancho Panza.
 

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Néanmoins, on pourrait formuler une hypothèse : l'œuvre de Cervantès serait chargée d'une malédiction, peut-être, mais d'une mal profondément comique. Un sort, cruel certes, mais un sort comique. Une malédiction qui serait de la même nature que celles que Don Quichotte lui-même lance à tout bout de champ dans le roman de Cervantès, et qu'il adresse indifféremment aux cieux, aux villageois, à son écuyer, ou à ses rivaux imaginaires.
 

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