Dans le département des Antiquités du Louvre, se trouve un bien étrange objet : un cadran sculpté qui représente douze têtes de dieux du panthéon romain, associées aux douze signe du zodiaque. Les dieux, les heures et les signes se répondent.
Au musée du Louvre à Paris, plus précisément dans le département des Antiquités, et plus précisément encore, dans la salle du manège, on trouve une étrange sculpture qui ressemble à un cadran solaire. Un de ces objets insolites devant lequel on peut se tenir longtemps sans savoir exactement ce que l’on regarde.
C’est un artefact sculpté sous l'Empire romain, les historiens en datent la création aux alentours du siècle numéro deux après Jésus-Christ. Il a été découvert dans la ville de Gabies, localité située à l'est de Rome, à la fin du 18ème siècle.
Tentative de description de la dite chose :
C'est un objet circulaire de presque un mètre de diamètre taillé dans un marbre pâle. Un disque épais et exposé selon un plan incliné, sous l’une des fenêtres du musée. Sur le pourtour de ce disque sont sculptées douze têtes d’humains, dans un style qui relève de l’Antiquité classique. En réalité, ces douze têtes sont douze visages de dieux, issus du panthéon romain. Six figures féminines et six figures masculines qui émergent paritairement du marbre, et qui regardent dans douze directions différentes.
Dans l’ordre et dans le sens des aiguilles d’une montre, on reconnaitra : Jupiter, Minerve, Apollon, Junon, Neptune, Vulcain, Mercure, Cérès, Vesta, Diane, Mars et Vénus. On note, au passage, deux détails : la petite tête d'un Amour, entre Vénus et Mars, et l’absence étonnante de Bacchus, le dieu du vin et de la fête.
La curiosité intervient maintenant : à chacune de ces douze têtes se trouve associé un des douze signes du zodiaque, gravés en frise sur le pourtour du disque. Jupiter est ainsi associé au signe du Taureau, la tête d’Apollon jouxte le signe du Poisson, Vénus renvoie à la figure dédoublée des Gémeaux, etc.
Elle est très belle, et rare, cette association entre douze dieux du panthéon romain et les douze signes du zodiaque, même pour les incrédules en astrologie.
Cependant, une des grandes questions que pose cet objet, au-delà de son aspect ornemental : à quoi a-t-il bien pu servir ? Était-ce un décor ? Un support ? Le mystère est opaque. La nomenclature des œuvres du Louvre emploie le terme "cadran solaire", mais aussi celui d’autel. L'intérieur vide du disque était peut-être fait pour accueillir la tige d’un cadran, une vasque, un flambeau, ou que sais-je encore...
Voir un cadran dans l'autel nous permet néanmoins, en plus des douze signes astrologiques, d'associer aux douze dieux les douze heures de la journée. L’objet préfigurerait alors, de manière anachronique, une espèce de pendule illustrée, une montre astrologique et mythologique. Si on considère Jupiter comme le midi, et qu’il est quatre heures moins cinq passées, il serait donc, selon le cadran, Neptune moins Vénus, soit Capricorne moins Gémeaux passés.
Douze heures, douze dieux, douze signes. Tout semble aligné et ordonné dans l’objet du Louvre, et à la fois tout semble mêlé, confus et confondu. Car, là où les dieux et les heures sont supposés nous apporter un ordre, une constance et une sérénité, le cadran de Gabies figure à l'inverse une montre monstre, une inquiétante Hydre à douze têtes.
Table de correspondances dieux romains - signes du zodiaque sur l'autel :
Jupiter (barbe, foudre) – Taureau
Minerve (casque, lance) – Bélier
Apollon (sceptre) – Poissons
Junon (diadème, sceptre) – Verseau
Neptune (barbe, trident) – Capricorne
Vulcain (barbe, pilos, sceptre) – Sagittaire
Mercure (caducée, ailes) – Scorpion
Cérès (bandeau) – Balance
Vesta – Vierge
Diane (arc, carquois) – Lion
Mars (casque, griffon) – Cancer
Vénus (diadème, sceptre, Amour) – Gémeaux
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