Les deux attaques au couteau à l’encontre de passants et de policiers, survenues début janvier 2020, à Villejuif et Metz, ont été commises par deux hommes présentés comme étant connus pour des troubles psychiatriques. Se pose notamment la question de leur discernement au moment des faits.
- Guillaume Monod médecin psychiatre, responsable de la consultation de santé mentale de la maison d’arrêt de Seine-Saint-Denis, auteur de « En prison, paroles de djihadistes », ed. Gallimard/Prix Émile Girardeau 2019 de l'Académie des sciences morales et politiques.
Metz, Villejuif… les deux attaques au couteau à l’encontre de passants et de policiers, survenues début janvier 2020, ont été commises par deux hommes présentés comme étant connus pour des troubles psychiatriques. Dans les deux cas, outre la question de la radicalisation se pose donc aussi celle du discernement des auteurs au moment des faits. Comment mesurer le niveau de responsabilité d’individus connus pour des pathologies d’ordre psychique ? D’un point de vue clinique, est-il possible d’établir une corrélation entre radicalisation et troubles psychiatriques ?
Guillaume Erner reçoit Guillaume Monod, médecin psychiatre, responsable de la consultation de santé mentale de la maison d’arrêt de Seine-Saint-Denis, auteur notamment de « En prison, paroles de djihadistes », ed. Gallimard (prix Émile Girardeau 2019 de l'Académie des sciences morales et politiques).
Sur quels éléments se fonde l'expertise de la responsabilité pénale d'un individu ?
"C'est une question qui est très difficile à régler parce qu'elle repose sur deux choses. La première, c'est l'examen clinique de la personne, donc il faut voir la personne, le plus rapidement possible après les faits, idéalement le jour même. Et la seconde chose, c'est surtout son parcours de vie, ses antécédents."
Des éléments difficiles à obtenir
"Ce sont deux choses qui ne sont malheureusement pas toujours faciles pour obtenir. On ne peut pas toujours obtenir une expertise le jour même, pour des raisons de justice, de procédure ou même parfois on n'arrive pas à attraper la personne. Ensuite, on peut parfois faire l'expertise plusieurs mois après, sur un événement qui a eu lieu six mois auparavant. La valeur de cette expertise est quand même très, très discutable. Pour les antécédents de la personne, il faut aussi avoir suivi un dossier médical s'il a été pris en charge."
Peut-on être temporairement irresponsable ?
"Il y a des moments qu'on appelle les bouffées délirantes aiguës. Ce sont des moments qui peuvent durer quelques minutes à quelques heures, très rarement plus, dans lesquels la personne se trouve dans un état de déconnexion complète du réel. Ça peut être soit lié à une pathologie psychiatrique du type de schizophrénie et des troubles de l'humeur qui peuvent donner ces moments de bouffées délirantes, aiguës. Ça peut être aussi sous l'influence de psychotropes tels que le cannabis ou des drogues de synthèse."
Peut-on mettre sur le même plan toutes les causes d’altération du jugement ?
"Il y a deux choses complètement distinctes qu'il faut bien considérer, il y a l'aspect médical et il y a l'aspect juridique. Le psychiatre expert est là pour déterminer si, au moment des faits, la personne avait une altération ou une abolition du discernement médical. Le juge va se servir du rapport de l'expert, sachant que le rapport est une aide à la décision, et le juge va se servir de ce rapport pour déterminer si ces circonstances là constituent ou pas une circonstance atténuante."
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