Depuis le début de la pandémie, l'écart de mortalité entre les pays du globe a vite fait de classer certains Etats parmi les bons élèves, et d'autres chez les « cancres » de la lutte contre le Covid-19.
- Paul-André Rosental Historien. Directeur du Centre d'histoire de Sciences Po.
Les campagnes de testing de la Corée du Sud ou de l'Allemagne sont vantées. Le bilan suédois pris en exemple. Quand les mesures prises aux Etats-Unis ou encore en France sont fréquemment critiquées. Pourtant, ces comparaisons se basent uniquement sur les taux de mortalité, sans prendre en compte d'autres variables, démographiques notamment.
Comment comparer l'efficacité des politiques nationales contre le Covid-19 à travers le monde ? Nous posons aujourd'hui cette question à Paul-André Rosental, professeur des universités à Sciences Po, historien des populations, directeur du groupe de recherche ESOPP du Centre de recherche historique. Il est l'auteur d’un essai comparatif sur l’épidémie de Covid-19 dans 24 pays, publié aujourd’hui par Terra Nova.
Auteur également de L'Intelligence démographique. Sciences et politiques des populations en France (1930-1960). ( Odile Jacob, 2002), La Santé au travail (1880-2006). (La Découverte, 2006) et Silicosis. A World History, (Johns Hopkins University Press, 2017).
On voit s’organiser des logiques nationales : il n'y a pas de solutions magiques, mais des trajectoires pour essayer de maintenir le plus bas possible la mortalité.
Trois profils de pays
Les pays d'Asie orientale s'en sortent bien. Ils ont tiré des leçons du SRAS, ont conservé un grand nombre de lits dans les hôpitaux et ont réagi immédiatement. Par ailleurs, la population a joué un rôle très important, en portant des masques et en suivant les consignes.
Les pays d'Europe centrale et nordique sont les bons élèves. Ils ont été placé face à une équation similaire à la France, mais leur niveau d'infrastructures de santé est supérieur. Les autorités nationales avaient donc une marge d'action initiale plus large, elles ont pu se permettre d'adopter des mesures de restrictions moins sévères qu'en France.
Un autre groupe de pays, hétéroclite (Grèce, Israël), s'en sort bien aussi : les moyens sanitaires sont inférieurs à l'Europe occidentale, mais ils ont combiné des mesures très sévères, d'une façon précoce.
La situation française
La France ressemble au pays d'Europe centrale et nordique, sans bénéficier d'infrastructures de santé aussi développées. L'absence de test est déterminante. On peut regretter le sentiment d'impréparation.
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