Dans quelles conditions sont accueillis les réfugiés dans l'Union européenne ?

Les réfugiés ukrainiens sont en majorité des femmes, des enfants et des personnes âgées
Les réfugiés ukrainiens sont en majorité des femmes, des enfants et des personnes âgées ©AFP - Nikolay Doychinov
Les réfugiés ukrainiens sont en majorité des femmes, des enfants et des personnes âgées ©AFP - Nikolay Doychinov
Les réfugiés ukrainiens sont en majorité des femmes, des enfants et des personnes âgées ©AFP - Nikolay Doychinov
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L'exil massif des Ukrainiens représente un défi inédit pour l'Europe. Organisation de l'accueil, prise en charge et répartition des individus, infrastructures : de quels moyens disposons-nous ?

Avec
  • Virginie Guiraudon Directrice de recherche au CNRS, en poste au centre d'études Européennes à Sciences Po Paris

Hier, l’Union européenne décidait d’accorder un statut de protection temporaire aux réfugiés ukrainiens, qui fuient depuis plus d’une semaine les zones de conflit. Selon les derniers chiffres de l’ONU, plus d’un million de personnes seraient déjà en exil. Face à cet afflux grandissant, comment l’Union européenne peut-elle organiser l’accueil ?

Chloë Cambreling reçoit Virginie Guiraudon, chercheuse au CNRS, en poste au centre d'études Européennes à Sciences Po Paris, et spécialiste des politiques d’immigration européennes. 

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Cultures Monde
57 min

Une directive européenne unanime 

Qu’est-ce que la « protection temporaire » votée par l’Union européenne pour aider les réfugiés ukrainiens ? 

C’est une directive européenne qui a été adoptée en 2001 à la suite de la guerre du Kosovo où plus de 600 000 personnes avaient fui dans l’Union européenne et de la guerre en Yougoslavie ensuite. Mais elle n’avait jamais été utilisée, ni en 2015 avec l’arrivée des Syriens, ni en août dernier avec l’évacuation de Kaboul. C’est un geste fort. 

Ce statut permet d’accéder assez vite à un certain nombre de droits, de ne pas entrer dans de longues procédures d’asile, mais d’avoir assez vite accès à un logement, à l’éducation pour les enfants, et au marché du travail. 

L’accueil des gouvernements européens 

Il n’y a pas de plan de répartition entre les pays de l’Union européenne pour le moment. Ces personnes qui fuient la guerre sont principalement dans les pays voisins, et en Pologne en particulier. 

En une semaine, 500 000 personnes sont arrivées en Pologne et 200 000 en Hongrie. La Moldavie, la Slovaquie et la Roumanie sont également concernées. D’après les Nations Unies, au moins 100 000 personnes sont arrivées dans d’autres pays plus lointains. La répartition ne se fera sans doute pas au niveau de l’Union européenne. La plupart des gouvernements ont déjà dit qu’ils accueilleraient des réfugiés ukrainiens.  On n’a pas nécessairement besoin d’une décision centralisée. Le Royaume-Uni qui n’est plus dans l’Union européenne a annoncé qu’il accueillerait 200 000 personnes. 

Une situation particulière qui ne signale pas un changement de politique d’accueil structurel 

Jusque-là, la politique d’accueil était un sujet loin de faire consensus dans l’Union européenne. Est-ce un changement majeur ? 

En Pologne, il y a toujours des centaines de personnes syriennes ou érythréennes à la frontière avec la Biélorussie, dans une forêt, dans le froid, sans rien à manger ou à boire. La Pologne ne va pas changer sa politique. Elle avait déjà plus d’un million et demi d’Ukrainiens résidant légalement en Pologne. (...) Mais il faut bien comprendre que pour les gouvernements, y compris les gouvernements populistes, il s’agit de dire que cette fois-ci ce sont des réfugiés européens. 

Plus d’un million de personnes seraient déjà en exil depuis l’Ukraine. L’ampleur de ce mouvement est-elle exceptionnelle ? 

Plus d’un million de Syriens en 2015 sont arrivés en Europe. Ce qui est particulier dans la situation actuelle, c’est qu’on parle d’un million de personnes sur une semaine.

La responsable des droits de l’homme des Nations Unies Michelle Bachelet s’est inquiétée du sort de personnes voulant fuir l’Ukraine et ayant été victimes de discrimination aux frontières. 

Ces faits se sont passés des deux côtés, en Ukraine avec des personnes qu’on ne laissait pas monter dans les trains vers la frontière, en Pologne par exemple où elles étaient considérées comme non prioritaire à la frontière polonaise. Il faut être mesuré cependant. Très peu de personnes sont concernées. Il y a quelques milliers d’étudiants africains par exemple.