Alors que la sécheresse est au centre des préoccupations, dans un contexte d’urgence climatique, des techniques comme l’ensemencement des nuages peuvent-elles contrer les effets du réchauffement ?
- François-Marie Bréon Physicien-climatologue, chercheur au Laboratoire des Sciences du Climat et de l'Environnement, un des laboratoires de l'Institut Pierre-Simon Laplace (IPSL), président de L'Association française pour l'information scientifique (Afis)
D’un côté les beaux jours et des températures qui montent ; de l’autre des départements déjà soumis à des restrictions d’eau et à une sécheresse menaçant les cultures.
Alors que la sécheresse est au centre des préoccupations, dans un contexte d’urgence climatique, des techniques comme l’ensemencement des nuages peuvent-elles contrer les effets du réchauffement ? Certains pays y ont recours pour modifier, par exemple, les précipitations ou les chutes de grêle. En quoi consiste l’ensemencement des nuages ? Est-ce une alternative possible ?
Guillaume Erner reçoit François-Marie Breon, physicien, climatologue, chercheur au laboratoire des sciences du climat et de l’environnement, l’un des laboratoires de l’Institut Pierre Simon Laplace ; président de l’AFIS, association française pour l’information scientifique.
Auteur notamment de l’ouvrage Réchauffement climatique (ed. Humenscience.
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Accélérer la coalescence des gouttes dans les nuages
L’ensemencement des nuages est une technique testée par les scientifiques depuis les années cinquante qui consiste à mettre dans les nuages existant des petites particules, comme l’iodure d’argent ou la neige carbonique pour accélérer la coalescence des gouttelettes d’eau dans ces nuages. "Ces gouttes, suffisamment grosses, vont tomber et générer des précipitations", explique François-Marie Breon.
"Les substances utilisées pour l’ensemencement des nuages sont hydrophiles et permettent de fixer la vapeur d’eau dans l’air à un noyau de condensation ou de favoriser l’agrégation des gouttelettes d’eau présentes dans les nuages".
La protection des cultures
Pour accélérer le processus de formation de la pluie, certaines conditions météorologiques doivent être remplies. "En l’absence de nuage par exemple, cette technique ne peut pas être utilisée".
L’ensemencement des nuages est plus utilisé dans le cas des nuages d’orage qui font craindre de la grêle et un effet destructeur sur les cultures. "Dans ces cas-là, on va accélérer le processus de pluie en envoyant des particules pour faire pleuvoir le nuage avant que les gouttes ne se transforment en grêle". A Moscou, cette technique a été utilisée pour éviter la pluie sur certains défilés officiels.
Une technique expérimentale pour l’augmentation des précipitations
Il faut cependant noter que la technique d’ensemencement des nuages permet d’augmenter modestement les précipitations, de l’ordre de 10 à 20%. "Pour ce qui est de la protection contre les orages, la technique est opérationnelle. Concernant l’augmentation des précipitations, elle en est encore aux tâtonnements scientifiques". En France par exemple, on a recours à cette technique pour la protection des cultures.
Certaines questions doivent encore être posées. "L’iodure d’argent se retrouvant ensuite au sol, il peut contaminer les surfaces". "Mais, en pratique, nous explique François-Marie Breon, les études n’ont pas relevé une augmentation significative des contaminations au sol".
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