"Gilets jaunes" : comment juger les violences policières ?

174 enquêtes ont été ouvertes pour faire la lumière sur les violences policières lors d'affrontements avec les gilets jaunes.
174 enquêtes ont été ouvertes pour faire la lumière sur les violences policières lors d'affrontements avec les gilets jaunes. ©AFP - Fred TANNEAU
174 enquêtes ont été ouvertes pour faire la lumière sur les violences policières lors d'affrontements avec les gilets jaunes. ©AFP - Fred TANNEAU
174 enquêtes ont été ouvertes pour faire la lumière sur les violences policières lors d'affrontements avec les gilets jaunes. ©AFP - Fred TANNEAU
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Dans une interview accordée au Parisien, le procureur de Paris Rémy Heitz a assuré que les violences policières commises durant ses affrontements avec les "gilets jaunes" ne seront “ni éludées ni minimisées"… préférant d’ailleurs le terme de violences illégitimes.

Avec
  • Sebastian Roché Sociologue, directeur de Recherche au CNRS, spécialiste de la comparaison des systèmes de police

… sur lesquelles la justice va devoir se pencher. L’apparition de nombreuses vidéos montrant des agressions subies par les manifestants a semé le doute sur la juste mesure des réponses apportées par les forces de l'ordre. Face à une mobilisation hors-norme de par sa régularité et son ampleur, la réponse était-elle proportionnée ? “Gilets jaunes" : Comment juger les violences policières ?

Ce qui est extraordinaire, c'est que le procureur de Paris a besoin de rappeler aux Français que la justice doit faire son travail, en pouvant enquêter sur la police. Cela montre la limite du modèle français dans lequel le procureur est nommé par l'exécutif, et les policiers eux-mêmes travaillent sous l'autorité de l'exécutif. Sebastian Roché 

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La loi permet à la police d'être violente. La loi permet à la police de vous tuer, d'écouter ce que vous dites, de vous détenir... Mais en démocratie, elle permet à la police de le faire dans un cadre très précis. Lorsqu'il y a une suspicion de violence, lorsqu'une plainte est portée, ou lorsque l'administration elle-même veut se saisir de cette plainte, elle va pouvoir enquêter. Si cette violence a un caractère pénal, l'enquête va être faite par l'IGPN sous l'autorité du procureur de la République, qui va décider si oui ou non, il y aura un procès. En France, le procureur peut juger de l'opportunité des poursuites. Sebastian Roché

Comment se fait-il que le gouvernement n'ait pas sanctionné de manière administrative le fait que les policiers ne respectaient pas les règles ? Pourquoi les policiers étaient masqués dans la rue ? Pourquoi ils ne portaient pas tous leur numéro d'identification ? Pourquoi lorsqu'on a vu les vidéos des policiers qui frappaient des manifestations au sol, il n' y a pas eu d'enquêtes ? Sebastian Roché

Il y a une ligne assez dure adoptée par le gouvernement depuis le mois de septembre. Il n'y a pas eu de message de rappel des règles de l'usage légale de la violence par la police. Donc, on aurait pu attendre qu'il y aurait pu avoir une meilleure détection des policiers violents et des mesures administratives immédiates qui soient prises. Sebastian Roché

Il y a eu un niveau d'utilisations de LBD, et des milliers de tirs depuis six mois. Il n'y a aucun précédent en France d'un tel usage d'armes dites intermédiaires de comparables. Pour le moment, environ 25 personnes ont perdu un œil et 5 personnes ont eu la main arrachée. Il n'y a pas de comparaison possible, dans toute l'histoire de France. Sebastian Roché

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