Jusqu’où peut aller la colère du Rif marocain ?

Manifestants du Rif, région du nord-est marocain, protestant contre le gouvernement à Al Hoceima, le 12 juin 2017.
Manifestants du Rif, région du nord-est marocain, protestant contre le gouvernement à Al Hoceima, le 12 juin 2017. ©AFP - FADEL SENNA
Manifestants du Rif, région du nord-est marocain, protestant contre le gouvernement à Al Hoceima, le 12 juin 2017. ©AFP - FADEL SENNA
Manifestants du Rif, région du nord-est marocain, protestant contre le gouvernement à Al Hoceima, le 12 juin 2017. ©AFP - FADEL SENNA
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Emmanuel Macron entame aujourd’hui une visite au Maroc, où il doit rencontrer le roi Mohammed VI ; alors que le pays doit faire face à un mouvement de contestation populaire dans le Rif, région déshéritée du nord-est.

Avec
  • Pierre Vermeren Professeur d’histoire contemporaine à l'université Paris I Panthéon-Sorbonne, spécialiste du Maghreb

Dimanche, plusieurs milliers de personnes sont descendues dans les rues de la capitale, Rabat, pour soutenir cette contestation qui dure depuis 7 mois.

A LIRE : Au Maroc, l'empreinte du héros anticolonial Abdelkrim agite toujours le Rif

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Localisation de la région du Rif
Localisation de la région du Rif
- Wikimédia

Les protestations ont-elles toujours débuté dans le Rif dans l’histoire contemporaine du Maroc?

On peut dire ça pour les plus importantes en tout cas, comme la Guerre du Rif dans les années 20, événement très violent qui a laissé beaucoup de séquelles. On pense également à l’indépendance à la fin des années 50 et finalement aux émeutes du pain au début des années 80. Pierre Vermeren

Hassan II avait décidé de couper cette région du reste du pays, en empêchant toute protestation d’y naître. Avec Mohammed VI il y a eu de nouveaux espoirs. Ces espoirs ont-ils été déçus?

Le problème est qu’au Maroc il y a toujours la trilogie misère, corruption et autoritarisme. Différents facteurs comme le fait que le Rif soit une région périphérique, pauvre, livrée aux mafias de la drogue, en font un milieu isolé propice aux protestations d’une jeunesse déshéritée.

Tout cela a débuté il y a sept mois, avec la mort de Mohcine Fikri, vendeur de poisson broyé par une benne à ordures alors qu’il tentait de récupérer sa marchandise qui y avait été jetée. Cela rappelle la manière dont la révolution tunisienne a débuté. Peut-on imaginer une évolution à la tunisienne de la situation au Maroc ?

On est dans un mouvement social et politique que le pouvoir essaie de traiter par tous les moyens. Je crois qu’il n’y aura pas vraiment d’arrêt tant qu’il n’y aura pas de gestes faits pour les centaines de personnes arrêtées depuis quinze jours et de gestes faits pour un démarrage de travaux, notamment en ce qui concerne les investissements publics.

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