L’Arc de Triomphe de Christo : pourquoi empaqueter des monuments ?

Photo de l’Arc de Triomphe commençant à être empaqueté. Projet artistique de Christo qui doit être inauguré le 18 septembre 2021.
Photo de l’Arc de Triomphe commençant à être empaqueté. Projet artistique de Christo qui doit être inauguré le 18 septembre 2021. ©Getty - Picture alliance
Photo de l’Arc de Triomphe commençant à être empaqueté. Projet artistique de Christo qui doit être inauguré le 18 septembre 2021. ©Getty - Picture alliance
Photo de l’Arc de Triomphe commençant à être empaqueté. Projet artistique de Christo qui doit être inauguré le 18 septembre 2021. ©Getty - Picture alliance
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L’Arc de Triomphe sera entièrement empaqueté d'un tissu argent bleuté. L'inauguration de ce projet artistique de Christo aura lieu samedi 18 septembre 2021. Comment expliquer la démarche de Christo et de Jeanne-Claude, sa femme, qui ont consacré une partie de leurs créations à l'emballage de sites ?

Avec
  • Anaël Pigeat Editor-at-large du mensuel The Art Newspaper édition française, critique d’art et journaliste à Paris Match, productrice de documentaires sur France-Culture, ancienne critique à La Dispute sur France Culture

Depuis dimanche 12 septembre 2021, 25 000 mètres carrés de tissus recyclables argent bleuté sont déroulés sur l’Arc de Triomphe. Concrétisation du projet pensé par Christo et Jeanne-Claude, l’Arc de Triomphe entièrement emballé sera inauguré samedi 18 septembre 2021.

C’est le premier projet de l’artiste américain d'origine bulgare mis en œuvre sans lui, puisqu’il est mort en mai 2020. Une œuvre posthume donc, qui rappelle les autres monuments empaquetés par l’artiste de son vivant : Le Pont Neuf à Paris en 1985, le Reichstag à Berlin en 1995. Pourquoi Christo s’est-il lancé dans ces projets gigantesques ? 

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Guillaume Erner reçoit Anaël Pigeat, critique d’art, rédactrice en chef adjointe du mensuel The Art Newspaper, journaliste à Paris Match.
Auteure d’une série d’entretiens avec Henri Loyrette, qui fut notamment ancien président du Louvre, diffusée cette semaine dans " A voix nue", à 20h sur France Culture.

Le binôme Christo et Jeanne-Claude

Jeanne-Claude aimait dire qu’ils ne formaient qu’un. Anaël Pigeat nous parle de ce couple d’artistes qui a créé ensemble et tout au long de leur vie. 

Ils sont nés le même jour, le 13 juin 1935. Christo naît en Bulgarie, il fuit le communisme en passant par Vienne, arrive à Paris en 1958 et travaille d’abord pour des coiffeurs comme Jacques Dessange. Il fait pour eux des portraits mondains. Il a notamment fait un portrait de Brigitte Bardot. C’est comme ça qu’il rencontre Jeanne Claude, la belle-fille du directeur de l’école polytechnique. À partir de ces années-là ils travaillent ensemble et mettent en œuvre une recherche absolument singulière. Christo et Jeanne Claude ont été proches du nouveau réalisme mais très vite s’en éloignent. Ils ont une pratique inclassable et singulière dont la signature est cette forme d’empaquetage. 

Pourquoi l’ « empaquetage » ?

Anaël Pigeat rappelle l’importance du terme précis d’ « empaquetage » pour Christo. Il ne s’agit pas d’emballage mais d’empaquetage car dans ce mot il y a l’idée du voyage, du déplacement. Quelque chose de fugitif et nomade.

Cet empaquetage est une manière de souligner le quotidien autrement. C’est une manière d’arrêter le regard, créer un temps suspendu. Christo commence cette réflexion en 1957 à partir d’un pot de peinture qu’il commence à empaqueter. Il a fait toutes sortes d’empaquetage de petits objets, il a empaqueté des meubles, des poussettes, un caddie de supermarché… puis un empaquetage à l’échelle de rue, comme le Mur de barils, le rideau de fer de la rue Visconti en 1968. Puis, son travail a pris l’échelle du paysage et des monuments. 

Vous pouvez écouter l'interview en intégralité en cliquant sur le player en haut à gauche de cette page.

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