La baisse de la natalité est-elle liée à la pandémie ?

Dur dur d'être un bébé
Dur dur d'être un bébé ©Getty - Catherine Delahaye Collection : DigitalVision
Dur dur d'être un bébé ©Getty - Catherine Delahaye Collection : DigitalVision
Dur dur d'être un bébé ©Getty - Catherine Delahaye Collection : DigitalVision
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Sur le mois de janvier 2021, le nombre de naissances enregistrées en France a chuté de 13% par rapport au mois de janvier de l’année précédente. Simple report de l’entrée dans la parentalité ou choix de ne pas être parent, cette baisse est-elle directement liée à la crise sanitaire ?

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735.000 bébés sont nés en France en 2020, un chiffre en baisse depuis plusieurs années mais qui n’avait pas été aussi bas depuis la fin de la Seconde guerre mondiale. En un an, les démographes de l’INSEE estiment que la chute a été plus importante encore que les baisses observées les années précédentes. Comment l’expliquer ? Est-ce directement lié à la crise du covid ?

Guillaume Erner reçoit Marie Gaille, directrice de recherche en philosophie au CNRS, spécialiste des enjeux éthiques des questions de reproduction, auteure notamment de l’ouvrage « Le désir d’enfant », ed. PUF.

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La faute à la pandémie ?

Selon les démographes, la pandémie explique certainement en partie cette baisse de la natalité mais cette dernière s’inscrit dans un temps plus long. Même si la France est le pays le plus fécond de l’UE, ces chiffres représentent peut-être un début de baisse de la natalité structurelle.

Il faut rappeler qu’on ne fait pas un enfant quand on le décrète, et qu’on en n'a pas toujours un quand on le veut. Il y a des facteurs comme l’anxiété mais d’autres plus récurrents et structurants comme l’envie d’avoir une situation professionnelle stable ou une relation de couple durable.

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La peur de l'avenir joue-t-elle dans la natalité ?

Les effets de l’incertitude ne sont pas si prévisibles que ça. On se rappelle du baby boom qui a commencé en 1941 alors que c’était une période de grande anxiété et d’incertitude. Les périodes de crise, de violence et de guerre ne sont pas forcément des périodes où on ne fait pas d’enfants.

Il y a une génération plus sensible aux problématiques écologiques. On peut vouloir ne pas faire d’enfant pour ne pas polluer, préserver l’environnement, etc… On en a parlé au niveau théorique mais il faut encore l’attester par des chiffres. 

Le fait de s’engager dans des parcours familiaux tient à des facteurs tellement divers : l’histoire personnelle de la famille, les aides qu’on peut avoir ou pas, la facilité de mettre des enfants à la crèche….

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Une baisse ponctuelle ?

Aujourd’hui, la PMA c’est 3% des naissances en France. Ces services n’ont pas été accessibles au printemps dernier (printemps 2020, pendant le premier confinement), et les chiffres s’en ressentent. C’est un des éléments qui contribuent à évaluer une situation dont on ne sait pas si elle va continuer ou pas. 

La baisse de la natalité est un phénomène qui s’inscrit dans la longue durée. Aujourd’hui, bien malin qui pourrait dire s’il s’agit d’un phénomène ponctuel ou s'il s'inscrit dans une durée plus longue.

Faut-il s'inquiéter ?

La France est resté le pays le plus fécond de l’UE mais on est en dessous du seuil de renouvellement des générations. Il y a des comportements procréatifs plus restrictifs dans certaines sociétés, comme dans les pays de l’Est où les couples ne font pas d’enfants sans avoir une assise professionnelle stable, ce qui n’est pas toujours le cas en France.

Les démographes ont constaté que le nombre de jumeaux avait augmenté mais il s’agit surtout de faux jumeaux dus au retard de l’âge de procréation. Les grossesses tardives sont associées à l’augmentation de la possibilité d’avoir des jumeaux. 

Vous pouvez écouter l'interview en intégralité en cliquant sur le player en haut à gauche de cette page.

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