La police doit-elle se réformer ?

Photo prise le 12 avril 2019 à Marseille.
Photo prise le 12 avril 2019 à Marseille. ©AFP - Christophe Simon
Photo prise le 12 avril 2019 à Marseille. ©AFP - Christophe Simon
Photo prise le 12 avril 2019 à Marseille. ©AFP - Christophe Simon
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Face aux accusations de racisme et de violences dont elles font l’objet, les forces de l’ordre dénoncent un « police bashing ». Réalité du terrain d’un côté, dérives racistes et violentes de l’autre, la police doit-elle se réformer ?

Avec
  • Sebastian Roché Sociologue, directeur de Recherche au CNRS, spécialiste de la comparaison des systèmes de police

« Écœurement », « sentiment d'abandon », « fébrilité au sommet de l'Etat », des termes qui résument en partie le sentiment des policiers après les propos du ministre de l’intérieur, lundi 8 juin 2020. Christophe Castaner avait alors parlé de « tolérance zéro contre le racisme chez les forces de l’ordre » et remis en cause certaines pratiques. Les jeudi 11 juin 2020 et vendredi 12 juin 2020, les syndicats de police sont reçus place Beauvau. Face aux accusations de racisme et de violences dont elles font l’objet, les forces de l’ordre dénoncent un « police bashing ». Réalité du terrain d’un côté, dérives racistes et violentes de l’autre, la police doit-elle se réformer ?  

Guillaume Erner reçoit Sébastian Roché, politologue, directeur de recherche au CNRS. Auteur notamment du livre « De la police en démocratie » ed. Grasset. 

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Que disent les enquêtes sur la réalité du comportement ? 

On  a maintenant depuis plus de dix ans un grand nombre d'enquêtes sur la manière dont la police travaille, sur les contrôles d'identité et sur le traitement des personnes pendant les contrôles et les sanctions à l'issue des contrôles. On a observé les comportements policiers avec une méthodologie très précise. (…) Et aujourd’hui, on a un énorme corpus de données qu'on n'avait pas il y a dix ans. Et toutes ces études montrent une chose simple : dans toutes les villes où on a fait les enquêtes, la police en France a des comportements discriminatoires. Sébastian Roché

" La discrimination ethnique est un problème sérieux dans certains pays, particulièrement en France. Les écarts de traitement suivant votre couleur de peau, sont particulièrement nets. Évidemment, ce n'est pas le seul pays en Europe à observer ce phénomène. Vous allez retrouver également en Espagne. Mais vous voyez qu'en France, alors que ces pratiques  discriminatoires sont bien établies, en Allemagne, elles sont très faibles, voire nulles pour la police des Länder. On voit simplement qu'on peut faire la police sans discrimination ou avec des niveaux de discrimination qui sont beaucoup plus réduits qu'en France."

Réformer pour endiguer les problèmes ? 

La première étape, c'est vraiment la prise de conscience. On a pu penser que M. Castaner avait pris conscience d'un certain nombre de choses lors de ses premières annonces. Il a eu des propos qui laissaient entrevoir une ouverture du ministère de l'Intérieur, qui n'est pas courante. Mais il n'a pas annoncé de choses pratiques. Il n'a pas annoncé la création d'outils de connaissance de la discrimination. Il n'a pas fait d’annonces au sujet des moyens. On sait très bien que si on veut faire une politique de lutte contre la discrimination efficace dans la police à tous les niveaux, il faut des moyens. Et il n'a pas non plus annoncé d'objectifs quantifiés clairs. Sébastian Roché

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