Mikhaïl Gorbatchev, dernier dirigeant de l'URSS, est mort à l'âge de 91 ans. Arrivé au pouvoir en 1985, il était le père de réformes connues sous le terme de "Perestroïka". Quel est l’héritage de cet "homme de paix" - d'après les mots du président Emmanuel Macron - dans la Russie d’aujourd’hui ?
- Jean-Sylvestre Mongrenier Docteur en géopolitique, directeur de recherche à l'Institut Thomas-More et chercheur à l'Institut français de géopolitique
L’héritage géopolitique de Mikhaïl Gorbatchev est différent selon d'où on le regarde : Prix Nobel de la paix en 1990 et vu comme un homme de paix par l’Occident, une minorité de russes déclare valoriser son action à la tête de l’URSS entre 1990 et 1991.
Fossoyeur de l’URSS pour les uns, "homme de paix" pour les autres
Alors que le président Emmanuel Macron rend hommage à "un homme de paix" après la disparition à l’âge de 91 ans de Mikhaïl Gorbatchev, sa volonté de rapprochement avec l’Occident est régulièrement dénoncée par Vladimir Poutine. Le président russe assène "des reproches sur la dislocation de l’Empire rouge" à l’égard du dernier président de l’URSS selon Jean-Sylvestre Mongrenier, docteur en géopolitique et chercheur à l’institut Thomas More.
Pour l’expert en géopolitique, Mikhaïl Gorbatchev était toutefois loin d’être proche des idéaux démocratiques des sociétés occidentales puisqu’il appelait régulièrement à honorer le communisme, et à considérer « Lénine comme notre Dieu à tous ». De plus, le récipiendaire du Nobel de la paix en 1990 a joué un rôle clé dans la répression militaire exercée par le pouvoir communiste contre Budapest en 1956, qui entendait garder la Hongrie le plus près possible de Moscou.
Un réformateur conscient de l’émancipation des pays satellites de l’URSS
Dernier président de l’URSS, Mikhaïl Gorbatchev a tenté de réformer l’immense territoire russe après deux décennies de "glaciation" selon le chercheur. Son prédécesseur, Brejnev, a en effet assis aux postes de pouvoir autour de lui les membres de la Nomenklatura, l’élite communiste, dont Gorbatchev est d’ailleurs un pur produit.
Selon Jean-Sylvestre Mongrenier, "Gorbatchev pensait qu’il était possible de sauver le communisme en introduisant du caporalisme, du volontarisme, et en faisant appliquer un nouveau traité de fédération" pour à la fois garder près de Moscou les pays satellites de l’URSS et leur accorder une émancipation relative. "Il n’était pas dupe de l’éveil des passions nationales" selon le chercheur. "Il voulait obtenir une détente à l’extérieur de la Russie pour consacrer son temps à la Perestroïka - reconstruction en russe - pour ensuite « revenir à une compétition avec l’Occident", consolidé autour de l’Organisation du Traité Nord Atlantique (OTAN).
Guillaume Erner reçoit Jean-Sylvestre Mongrenier, chercheur à l’Institut Thomas More à Paris, auteur notamment de Le monde vu de Moscou. Géopolitique de la Russie et de l’Eurasie postsoviétique (PUF).
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