Peut-on guérir du VIH ?

Un ruban rouge  symbole international de solidarité vis-à-vis des victimes sida sur des titres de presse concernant la maladie.
Un ruban rouge  symbole international de solidarité vis-à-vis des victimes sida sur des titres de presse concernant la maladie. ©Getty - RapidEye
Un ruban rouge symbole international de solidarité vis-à-vis des victimes sida sur des titres de presse concernant la maladie. ©Getty - RapidEye
Un ruban rouge symbole international de solidarité vis-à-vis des victimes sida sur des titres de presse concernant la maladie. ©Getty - RapidEye
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La revue médicale Annals of Internal Medicine vient de présenter le cas d'une patiente positive au VIH qui aurait naturellement guéri. Est-il possible aujourd'hui de guérir du sida ? Peut-on vraiment parler de guérison ?

Avec
  • Serawit Bruck-Landais directrice du pôle qualité et recherche en santé du Sidaction.

Guérir du VIH, est-ce aujourd’hui possible ? La revue médicale Annals of Internal Medicinevient de rendre compte d’un cas exceptionnel. Une patiente, originaire d’Argentine et nommée Esperanza, a été testée positive au VIH en 2013. Aujourd’hui, elle ne présente aucune trace du virus. C’est le deuxième cas au monde en l’espace de quelques mois présenté comme relevant d’une "guérison naturelle". De quoi s’agit-il ? Peut-on parler de guérisons ? Quelles nouvelles pistes est-il désormais permis d'espérer pour la lutte contre le sida ?

Guillaume Erner reçoit Serawit Bruck-Landais, directrice du pôle qualité et recherche en santé du Sidaction.

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Vous pouvez écouter l'interview en intégralité en cliquant sur le player en haut à gauche de cette page.

Quelles "guérisons" ?

Il faut commencer par revenir sur les deux cas de "guérison" qui ont été constatés.

Les cas de la patiente d'Esperanza et du patient de San Francisco se ressemblent beaucoup : ce sont des patients qui n'ont plus de traces du virus alors qu'ils n'ont pas été sous traitement, donc ce sont des guérisons "naturelles". Mais il faut être très vigilant sur le terme de "guérison", car cela suppose que le virus est éradiqué de l'organisme, et à l'heure d'aujourd'hui, on ne peut pas avérer l'absence totale du virus.

Ce qui est certain, c'est que ces personnes sont passées de positives à négatives en quelques mois sans traitement. Quelles sont les hypothèses pour expliquer cela ?

Des personnes qui sont dans ce cas (avoir contrôlé le virus sans traitement) représentent à peu près 1% des personnes qui vivent avec le VIH. Ces personnes ont une diversité immunologique importante, mais ce sont des personnes qui ont eu un contrôle dans le premiers mois d'infection. Elles ont des cellules immunitaires beaucoup plus performantes. C'est ce que les chercheurs creusent pour comprendre comment on peut parvenir à un contrôle du virus sans traitement. Pour l'instant, on est toujours dans la phase de recherche.

Le VIH, un virus résistant

Le virus du VIH a des particularités par rapport à d'autres virus, comme le Covid-19, qu'on peut éradiquer sans médicaments. Pourquoi n'est-ce pas le cas du VIH ?

C'est un rétrovirus : l'organisme se transforme et l'intègre dans notre génome. Une fois qu'on l'a intériorisé, il est très difficile de l'éradiquer, car il fait partie de notre génome et se multiplie autant que les cellules. C'est un virus qui cause l'immunodéficience humaine, et qui mute énormément, ce qui l'empêche d'être bien visé par le système immunitaire.

C'est aussi pour cela qu'on a beaucoup de mal à mettre au point un vaccin contre le VIH comme on l'a fait contre le Covid-19.

Il mute beaucoup, et naturellement. De nombreux sous-types circulent dans le monde. Cela fait qu'une stratégie vaccinale efficace contre un virus dans une région ne le sera pas forcément dans une autre région.

L'espoir de nouveaux traitements

Peut-on espérer de nouveaux traitements ?

Il y a déjà eu beaucoup de progrès. Des personnes vivent aujourd'hui avec le virus et ne le transmettent pas. Les traitements avancent : on essaie d'alléger leur poids.