

Selon une récente étude de l’INSEE, la ségrégation spatiale au sein des villes françaises s’est accentuée entre 2004 et 2019… Les plus riches et les plus pauvres auraient ainsi tendance à moins se mêler au sein des mêmes quartiers et à vivre séparément.
- Sylvie Fol professeur en Aménagement et Urbanisme à l’Université Paris 1 Panthéon – Sorbonne, responsable du Master Aménagement
Comprendre le processus de ségrégation urbaine
"La ségrégation spatiale c'est la concentration de groupes sociaux dans certains quartiers. C'est l'inégale répartition géographique des groupes sociaux dans l'espace", explique Sylvie Fol. Elle ajoute que l’INSEE mesure cela " à l'aide d'un indice de ségrégation - en l'occurrence l'indice de Theil - qui mesure comment les groupes sociaux se répartissent dans les différents quartiers." "Les villes ne sont pas du tout uniformes mais tout dépend de l'échelle à laquelle on regarde ces processus" précise la professeure. "À l'échelle d'une commune par exemple, on peut constater des situations de mixité sociale, de mélange, mais à l'échelle des quartiers qui concentrent le logement social on constatera des situations de ségrégation beaucoup plus prononcées."
Les villes françaises sont de plus en plus ségréguées
Alors que l'on n'a jamais autant parlé de "ville inclusive", les communes françaises sont de plus en plus ségréguées. Pour Sylvie Fol, les deux plus grandes villes françaises en sont un exemple édifiant. Elle indique que "Marseille est l'une des villes les plus ségrégués de France, avec des quartiers habituellement dit "de banlieue" mais qui sont à l'intérieur de la ville, les fameux quartiers nord, qui concentrent les populations les plus pauvres, et puis à côté, des quartiers très favorisés, du côté de la mer et des quartiers sud." Paris aussi une ville très hétérogène, "Une ville riche et qui même s'enrichît, mais qui conserve un certain nombre de quartiers défavorisés."
Des politiques publiques intéressantes mais limitées
Pour pallier cette hétérogénéité des villes, des politiques publiques ont mis en place "des mesures intéressantes" estime Sylvie Fol. Depuis 2000, la loi Solidarité et Renouvellement Urbain obligent toutes les communes à construire 20 voire 25 % de logement social et donc à accueillir des populations aux revenus plus modestes" rappelle l'urbaniste, avant de nuancer : "Les effets de cette politique, bien que réels, sont relativement limités : les communes construisent des logements sociaux dans des quartiers déjà défavorisés ce qui ne réduit pas la ségrégation à l'échelle de la commune" et d'ajouter : "un certain nombre de communes sont réfractaires." D'ailleurs, "La Fondation Abbé Pierre a pointé le palmarès de ces mauvais élèves de la mixité sociale, comme Saint Maur, Neuilly ou Vincennes, qui préfèrent payer une amende plutôt que de construire du logement social".
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