

Après des tarifs relativement stables pendant des années, l’or bleu voit aujourd’hui ses prix flamber : au 1er janvier, de nombreuses collectivités et syndicats des eaux ont été contraints de voter des hausses de tarif, parfois très élevées, sur les prix de l’eau potable…
- Anna Creti professeure d’économie à l’université Paris Dauphine et membre du Centre de géopolitique de l'énergie et des matières premières rattaché au Laboratoire d'économie de Dauphine.
Prix de l’eau : une différenciation traditionnelle par régions
Anne Creti rappelle que le prix de l’eau, dans la mesure où celle-ci est une ressource, correspond “au traitement et à l’acheminement de l’eau jusqu’à nos robinets” ainsi que “après usages, au retraitement des eaux usées”. Celui-ci varie donc selon le territoire sur lequel on se trouve, car « l’eau est plus ou moins facile d’accès selon les régions. Ensuite, il y a des contraintes dans l’acheminement liées au fait d’être plus ou moins éloigné de la source. La qualité de l’eau joue également, ainsi que la livraison. Les conditions peuvent être différentes. Par exemple la densité de population joue en faveur d’un faible coût du prix de l’eau” comme c’est le cas pour les régions de Paris et de l’Île-de-France.
Une augmentation liée à la hausse des prix de l’énergie
Pour comprendre la montée des prix, il faut prendre en compte “d'une part, des processus énergivores dans la partie mécanique par exemple de pompage de l’eau” et d’autre part “l’usage de produits chimiques dont le coût a augmenté car ils sont liés au coût du pétrole” explique Anne Creti. “Ce qui est intéressant est que cette crise de l’énergie nous fait prendre conscience de plusieurs usages qui étaient jusqu’à présent plutôt masqués” met en avant la spécialiste.
En pratique, “les augmentations qui ont été annoncées par les différentes collectivités locales vont de 6 à 12% par rapport au prix de référence. Et en fonction de cette fourchette, pour les familles cette charge peut signifier une augmentation entre 40 à 60 euros par an” ajoute-t-elle.
La délégation du réseau d’eau à une entreprise privée : facteur aggravant de l’augmentation ?
Anne Creti considère que “même si une partie de ces services est déléguée à des entreprises privées, il y a des clauses très importantes sur les prix. Les contrats de délégation sont extrêmement contrôlés. Les entreprises en charge d’un réseau ne peuvent pas déroger à ces clauses pour modifier leurs tarifs. Il s’agit d’un cadre très strict des services publics”. Mais elle précise tout de même que “la réappropriation des services publics permet d’avoir un contrôle plus large des dépenses qui affectent des collectivités territoriales, même si celles-ci sont aujourd’hui, un peu abandonnées, pour tout ce qui concerne le coût de l’énergie”.
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