Pourquoi Pékin accentue la pression sur Hong Kong ?

Photo de manifestants prise à Hong Kong le 27 mai 2020.
Photo de manifestants prise à Hong Kong le 27 mai 2020. ©AFP - ANTHONY WALLACE
Photo de manifestants prise à Hong Kong le 27 mai 2020. ©AFP - ANTHONY WALLACE
Photo de manifestants prise à Hong Kong le 27 mai 2020. ©AFP - ANTHONY WALLACE
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Le 4 juin 2020, les Hongkongais ne pourront pas commémorer le massacre de Tiananmen, une première depuis 30 ans pour Hong Kong. Cette interdiction intervient dans un contexte de regain de tensions avec Pékin qui, fin mai, a adopté une loi sur la sécurité nationale vivement critiquée.

Avec
  • Jean-Philippe Béja sinologue, politologue, directeur de recherche émérite au CNRS et chercheur au Centre d'études et de recherches internationales (CERI/Sciences Po).

Le 4 juin 2020, les Hongkongais ne pourront pas commémorer le massacre des étudiants chinois de Tiananmen. Les autorités chinoises leur ont interdit, officiellement par crainte des risques liés au coronavirus. Cette interdiction est la première depuis 30 ans pour Hong Kong. Elle intervient dans un contexte de regain de tensions avec Pékin, depuis que le parlement chinois a adopté une loi sur la sécurité nationale, fin mai. Pourquoi cette loi en particulier attise-t-elle la colère des Hongkongais, engagés dans un combat pour la démocratie depuis plus d’un an ? Pourquoi Pékin accentue la pression sur Hong Kong ?

Guillaume Erner reçoit Jean-Philippe Béja, sinologue, directeur de recherche émérite au CNRS / CERI Sciences Po, a notamment traduit « La philosophie du porc » de Xiaobo Liu, prix Nobel de la Paix 2010, chez Gallimard.

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Rupture du "un pays, deux systèmes" 

"Hong Kong a été une colonie britannique pendant 150 ans. Elle a été rendue à la Chine à l'issue d'une déclaration conjointe sino-britannique qui prévoyait que Hong Kong bénéficierait d'un autre système que le système chinois. C'est la fameuse formule "Un pays, deux systèmes" qui prévoit que les Hongkongais gouvernent Hong Kong avec un haut degré d'autonomie et que Pékin ne s'occupe que des questions de défense nationale et de deux affaires étrangères."

Il y a deux facteurs qui sont importants. D'abord, depuis l'arrivée de Xi Jinping au pouvoir, celui-ci a décidé que la Chine devrait s'affirmer sur la scène internationale. Mais surtout, il y a eu l'an dernier à Hong Kong un énorme mouvement social et politique qui a mobilisé des millions de personnes et a duré plus de 8 mois. Et ce mouvement était déjà une tentative d’empêcher Pékin de reprendre la main sur Hongkong. Ces protestations étaient contre un article sur l'extradition qui permettait l'extradition des criminels vers la Chine. Ce qui a fait craindre immédiatement à la population que les libertés fondamentales soient menacées. Car aujourd'hui en Chine, il suffit d'être dissident pour être considéré comme un criminel. Jean-Philippe Béja

La crise de Hong Kong, un "caillou dans la chaussure" de Xi Jinping

"Il faut voir qu'il y a une grande tension entre les États-Unis et la Chine et que dans ces conditions, Pékin estimait sans doute que Hongkong et tête une plate-forme de subversion envers le pouvoir central. Et Pékin n'a cessé de dénoncer ce mouvement  comme étant monté par les Américains et les étrangers qui veulent empêcher l'émergence de la Chine. Et cette tension avec Washington, qui ne peut pas devenir pire, explique en partie aussi la réaction de Pékin. "

La Chine est un système complètement opaque. On n'a absolument aucune  information sur ce qui se passe à l'intérieur du parti, sinon quelques signes. Et il semble que l'an dernier, Xi Jinping ait été critiqué de l'intérieur pour sa gestion de la crise de Hong Kong ou encore de la guerre commerciale avec les États-Unis. Un certain nombre de voix se sont élevées pour lui reprocher d'être beaucoup trop dur et de redire que la Chine n'avait pas les moyens d'un affrontement tous azimuts avec les États-Unis. Bien sûr, cela explique sans doute le raidissement. Et ce raidissement peut être le signe de deux choses. Soit le signe d’une grande sureté en soi, soit l’inverse. Mais Xi Jinping semble plus craindre la contagion du mouvement politique que l'inverse. Jean-Philippe Béja

Vous pouvez (ré)écouter l'interview en intégralité en cliquant sur le player en haut à gauche de cette page.

Revue de presse internationale
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