Quelle confiance accorder aux Ehpad ?

Photo prise dans un Ehpad à Nice le 4 août 2020.
Photo prise dans un Ehpad à Nice le 4 août 2020. ©AFP - VALERY HACHE
Photo prise dans un Ehpad à Nice le 4 août 2020. ©AFP - VALERY HACHE
Photo prise dans un Ehpad à Nice le 4 août 2020. ©AFP - VALERY HACHE
Publicité

La publication du livre enquête de Victor Castanet, « Les Fossoyeurs », ed. Fayard sur les dysfonctionnements constatés dans certains Ehpad, a suscité beaucoup de réactions et pose notamment la question du contrôle de ces établissements, au-delà du manque de moyens dénoncé depuis très longtemps.

Le livre « Les Fossoyeurs » de Victor Castanet publié mercredi 26 janvier 2022 aux éditions Fayard fait parler depuis plusieurs jours, au regard des dysfonctionnements qu’il décrit dans des maisons de retraites du groupe Orpéa. L’action Orpéa a nettement reculé en bourse. Le groupe a contesté ces accusations. Côté politique, la réaction ne s’est pas faite attendre. La ministre déléguée chargée de l'Autonomie des personnes âgées Brigitte Bourguignon doit rapidement rencontrer le directeur général d’Orpéa. Et face à ces révélations, une question en suspens pour beaucoup de familles : quelle confiance accorder aux Ehpad ?

Guillaume Erner reçoit Romain Gizolme, directeur de l’association AD-PA, association des directeurs au service des personnes âgés, qui regroupe directeurs et directrices d’établissements pour personnes âgées et services à domicile.

Publicité

Vous pouvez écouter l'interview en intégralité en cliquant sur le player en haut à gauche de cette page.

Le problème du temps passé auprès des personnes âgées 

Le livre de Victor Castanet décrit notamment des rationnements de repas ou de protections hygiéniques, quelles réactions face à ces révélations ? 

Ces éléments-là sont étonnants dans ce qu’ils ont de systématiques et d’indifférenciés. 

Mais ce qui est moins surprenant est tout ce qui, dans ce livre, est relatif à notre capacité à passer suffisamment de temps auprès des personnes âgées. Tous les rapports le disent : nous ne passons pas suffisamment de temps auprès des personnages âgées en Ehpad et à domicile. 

Un manque de temps de professionnels 

Dans le secteur public, pour 100 résidents en Ehpad il y a 70 salariés, tandis que dans le secteur privé, il n’y a que 52 salariés. 

En Allemagne c’est 10 professionnels pour 10 personnes à accompagner. Précisément, c’est ce qu’avait promis l’État lui même en 2006 à l'horizon 2012 sous le quinquennat Chirac après la canicule. Aujourd’hui l’État n’a pas tenu sa promesse. 

Des établissements commerciaux contrôlés par l'État 

Pour ce secteur privé qui concentre aujourd’hui les attaques, il y a l’idée que c’est un secteur  lucratif qui s’est livré à toutes une série d’opérations financières de type LBO. Finalement, aujourd’hui, on a l’impression que l’argent y est plutôt utilisé pour rémunérer les actionnaires sous forme de dividendes que sous forme de services apportés aux résidents. 

Bien-sûr que nous sommes dans un secteur d’activité où l’activité commerciale est autorisée. Elle n’a rien d’illégale comme dans tout autre secteur d’activité économique en France. Il y a la possibilité de développer une activité commerciale dont la vocation est de faire des bénéfices. Ce n’est pas ça la difficulté majeure. Le problème de fond est qu’aujourd’hui le manque d’investissement de la puissance publique fait que la qualité est trop basse par rapport aux attentes et aux aspirations de nos concitoyens. 

Dans ces établissements commerciaux, comme dans des établissements associatifs ou publics, une partie du personnel mis à disposition des personnages âgées l’est du fait des enveloppes attribuées par l’État. C’est ce même État qui va contrôler la qualité de service et qui va déterminer le nombre de professionnels qu’il estime nécessaire. Donc les budgets sont beaucoup trop contraints du point de vue des ressources humaines financées par l’État. 

L'équipe