Traçage des malades : un modèle français de surveillance numérique est-il possible ?

Se dirige t-on vers un renforcement de la surveillance ?
Se dirige t-on vers un renforcement de la surveillance ?  ©Getty - Busà Photography
Se dirige t-on vers un renforcement de la surveillance ? ©Getty - Busà Photography
Se dirige t-on vers un renforcement de la surveillance ? ©Getty - Busà Photography
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Pour réduire le risque d'une seconde vague épidémique lors du déconfinement, le gouvernement explore la mise en place de plusieurs solutions. Parmi elles, StopCovid, application de traçage numérique des malades. Que nous enseigne cette hypothèse sur la crise et l'époque dans laquelle nous vivons ?

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Dans un entretien accordé au Monde, Olivier Véran et Cédric O, ministre de la santé et secrétaire d’État au numérique expliquaient réfléchir à la mise en place d'une application de  traçage numérique des malades. Baptisée "StopCovid", cet outil de surveillance numérique inédit viserait à "limiter la diffusion du virus en identifiant des chaînes de transmission". Le contrôle par le numérique change t-il la définition des libertés publiques ? De quelle manière la mise en place d'un tel outil peut-elle s’avérer efficace ? 

Pour répondre à ces questions**, Olivier Tesquet**, journaliste spécialisé dans les questions numériques à Télérama, auteur de “À la trace. Enquête sur les nouveaux territoires de la surveillance” (ed. Premier Parallèle) est l'invité de la Question du Jour.

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"On parle de "contact tracing", "backtracing"... L'idée, pour résumer, c'est qu'on ne suit pas des personnes mais des contacts, c'est-à-dire qu'on ne fait pas du bornage GPS, mais, un peu sur le modèle des applications de rencontre en ligne, si vous croisez une personne contaminée, vous recevrez une petite notification et un code va être stocké dans le téléphone de la personne que vous allez croiser. A ce moment-là, on peut vous suggérer ou imposer des mesures de privatives de liberté." Olivier Tesquet

Ce système est sur la base du volontariat. Il faut atteindre une masse critique. Ce type d'application ne sert à rien si on ne fait pas de dépistage massif. Or, nous n'avons pas les moyens en France de le faire. Si on reprend l'exemple de Singapour, un territoire qui fait 720 km² avec un peu moins de 600 000 habitants et une ville très connectée, a priori typiquement là où cela devrait marcher, 20% de la population a téléchargé l'application qu'a développée le gouvernement. Or ils ont eu de nouveaux cas, et pour la moitié d'entre eux les autorités n'ont pas réussi à déterminer comment les personnes avaient été infectées. A la suite de ça, le gouvernement de Singapour a décrété des mesures plus restrictives de confinement. Olivier Tesquet

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