Dans la manifestation du 1er mai 2021, la CGT a été la cible de violences. Comment l'expliquer et comment replacer cet événement dans une perspective historique ?
- Tancrède Ramonet réalisateur
Les violences à l’encontre de la CGT, lors de la manifestation du 1er mai 2021 à Paris, ont été condamnées tant par les représentants syndicaux que les représentants politiques. Le parquet de Paris a ouvert une enquête. Des militants de la CGT ont été insultés, agressés… Les violences dans les manifestations sont presque devenues « habituelles » ; celles ciblant précisément les organisations syndicales semblent plus étonnantes. Sont-elles pour autant inédites ? Que nous enseigne l’histoire des manifestations ?
Guillaume Erner reçoit Tancrède Ramonet, réalisateur de documentaires sur l’histoire de l’anarchisme, auteur notamment de « Ni Dieu ni maître : Une histoire de l’anarchisme », disponible en DVD / Arte éditions.
Les histoires de confrontation, et même en particulier avec le service d'ordre de la CGT, sont vieilles comme le mouvement syndical. Elles ont été abondamment racontées, notamment par exemple en 68 et dans les années suivantes : les affrontements entre la gauche prolétarienne et le service d'ordre musclé à l'époque de la CGT, qui n'hésitent pas à en venir aux mains et même aux manches de pioche.
Ce n'est pas forcément la gauche prolétarienne qui reproche (quelque chose) à la CGT. Chacun se reproche des choses. Il faut comprendre que là, ce sont deux mouvements qui se retrouvent ensemble à un moment : c'est-à-dire un mouvement organisé, centralisé, encadré qu'est la CGT (...) de l'autre côté, un mouvement plus décentralisé, désorganisé, plus spontané. Et chacun a sa stratégie et sa tactique.
Ce qui s'est passé ce week-end, l'une des raisons de la bagarre a été que, d'un côté, on a accusé le service d'ordre de la CGT d'avoir favorisé l'action des policiers. Et de l'autre côté, la CGT reprochait au cortège de tête de semer le trouble et d'empêcher que le cortège défile, disons joyeusement et simplement.
Je pense que le vrai évènement nouveau, c'est que pour la première fois, on parle de ça - qui est quand même inintéressant, mais qui sert à critiquer ou mettre en valeur les dissensions à l'intérieur du mouvement social. Et là-dessus, et CGT et cortège de tête, tout le monde est perdant parce que ceux qui en sortent vainqueurs, c'est la préfecture de police.
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