Plusieurs idées ont fait débat dans la presse cette semaine, notamment la proposition du garde des Sceaux de filmer les procès, et celle d'Esther Duflo, prix Nobel d'économie, d'un confinement en décembre pour sauver Noël.
Plusieurs questions font débat dans l'actualité cette semaine, notamment celle-ci: faut-il filmer les procès ? C'est le souhait du ministre de la justice Eric Dupont Moretti. Il l'a affirmé notamment ce lundi dans le journal Le Parisien.
La mesure ne fait pas l'unanimité. Pour Serge Raffy dans l'Obs, il s'agit de "transformer une cour d'assises ou un tribunal correctionnel en show télévisé". Il redoute de voir "des avocats généraux devenir des cibles des réseaux sociaux" et de voir "naître une justice de rue où l'opinion aurait son mot à dire".
Sur le site Slate on trouve un point de vue en longueur sur le sujet signé Elise Costa, spécialiste des affaires judiciaires.
Pour afficher ce contenu Twitter, vous devez accepter les cookies Réseaux Sociaux.
Ces cookies permettent de partager ou réagir directement sur les réseaux sociaux auxquels vous êtes connectés ou d'intégrer du contenu initialement posté sur ces réseaux sociaux. Ils permettent aussi aux réseaux sociaux d'utiliser vos visites sur nos sites et applications à des fins de personnalisation et de ciblage publicitaire.
Elle commence par rappeler quelques faits. En 1987 le procès Klaus Barbie a été filmé, tout comme celui de Maurice Papon 10 ans plus tard, entre autres. Ces exceptions doivent-elles se généraliser aujourd'hui ? "L'idée est séduisante", écrit-elle. "La justice étant rendue au nom du peuple, elle doit être publique". Pourquoi alors ne pas la montrer à chacune et à chacun sur son écran de télévision ?
Mais Slate soulève un risque important, celui de contrevenir au droit à l'oubli. Pour la personne jugée déjà, qui sera peut-être condamnée : faut-il, en la filmant et en la diffusant, aussi "la condamner à supporter le poids des regards à sa sortie, à annihiler toute éventuelle rédemption" ? Quant à la partie civile, la filmer c'est aussi prendre le risque de "l'enfermer dans ce cadre, la contraindre à revivre un moment douloureux. Qui accepterait de porter plainte et de témoigner dans ces conditions" ? interroge Slate.
Une autre question a fait débat cette semaine, celle d'un reconfinement pour sauver la période des fêtes.
C'est une idée lancée par Esther Duflo, prix Nobel d'économie, récompensée notamment pour ses travaux sur le thème de la pauvreté. Dans une tribune parue dimanche dernier dans Le Monde elle s'interroge : comment les français vont-ils retrouver leur famille lors des fêtes de fin d’année avec le contexte sanitaire ? Sa proposition: "décréter un confinement dans tout le territoire pour la période du 1er au 20 décembre". "Le coût pour l’économie serait important, dit-elle, mais moins que d’avoir à annuler Noël". Les achats pourraient se faire au mois de novembre.
Pour afficher ce contenu Twitter, vous devez accepter les cookies Réseaux Sociaux.
Ces cookies permettent de partager ou réagir directement sur les réseaux sociaux auxquels vous êtes connectés ou d'intégrer du contenu initialement posté sur ces réseaux sociaux. Ils permettent aussi aux réseaux sociaux d'utiliser vos visites sur nos sites et applications à des fins de personnalisation et de ciblage publicitaire.
La tribune a soulevé cette semaine plusieurs questions. Déjà est-ce une bonne idée ?
Pour Michael Foessel, professeur de philosophie à l'école Polytechnique... non. Il s'exprime dans Libération. "Sauver Noël, dit-il, est un impératif qui s’applique peut-être à beaucoup de monde en France, mais pas aux athées militants, aux musulmans, aux juifs, aux bouddhistes et à la cohorte pléthorique des névrosés des fêtes familiales de fin d’année. Demander à tous ces gens de se confiner pendant trois semaines pour avoir le droit de se retrouver sous un sapin qui les indiffère ou les angoisse comporte des inconvénients que la science a du mal à anticiper, mais que le bon sens imagine sans trop de difficultés". écrit-il.
Une autre question se pose également. Est-ce à une économiste, fût-elle prix Nobel, d'imaginer la gestion d'une épidémie ?
Non dit Franck Dedieu dans Marianne, qui estime qu'Esther Duflo a attrapé je cite "le coronamelon".
Pierre-Yves Geoffard, dans Libération est plus pondéré. Pour ce professeur à l'Ecole d'Economie de Paris, "si les économistes ne sont pas épidémiologistes, ils peuvent au moins diagnostiquer les inégalités face à la pandémie". D'ailleurs relève-t-il le taux de mortalité est plus de deux fois plus élevé chez les 10 % les plus pauvres que chez 10 % les plus riches.
Un autre grand économiste, Robert Boyer, est interviewé dans Le Monde au sujet de la crise sanitaire. Lui ne croit pas au jour d'après. "La « congélation » de l’économie, dit-il a accéléré le déversement de valeur entre des industries en déclin et une économie de plates-formes en pleine croissance – pour faire image, le passage de l’ingénieur de l’aéronautique au livreur d’Amazon". "Pendant que les écologistes interdisent les sapins de Noël, les GAFA investissent dans l’avenir". Bref, le capitalisme sort selon lui renforcé par cette pandémie. "Cependant dit-il aussi comme le montre l’incertitude sur l’élection américaine, l’histoire n’est pas écrite. Il se peut aussi que des coalitions politiques obtiennent le démantèlement du monopole des GAFA, comme ce fut le cas pour celui des chemins de fer et du pétrole à la fin du XIXe siècle aux Etats-Unis".
L'équipe
- Production