

Cette semaine, alors que nous célébrons la Journée internationale des droits de l'enfant, plusieurs acteurs de l’enfance reviennent sur les enjeux de ce secteur en crise.
Mercredi, la défenseure des droits Claire Hédon et son adjoint défenseur des enfants Eric Delemar, ont rendu public leur rapport annuel consacré à la santé mentale de l’enfant.
Rapport qui s’introduit par cette phrase en guise d’éditorial “La santé mentale des enfants a longtemps été un tabou, un sujet enfermé par une définition trop restrictive au sein d’un secteur psychiatrique mal considéré. Claire Hédon et Eric Delemar déplorent le manque criant de moyen des institutions qui ont la charge des enfants ou adolescents en demande de soin, et rappellent que la santé mentale de l’enfant est un droit qui englobe tous les autres, celui de l’accès à la santé, à l’éducation ou à la protection. il en est, je cite, la condition et la conséquence. A certains égard, poursuit la défenseure des droits, on pourrait considérer qu’un enfant en bonne santé mentale , et donc en état de bien être, est un enfant dont l'intérêt superieur est respecté. Alors comment faire pour garantir ce droit au bien être des enfants auquel la France s’est engagé à travers la Convention internationale des droits de l’enfant ?
Il faut, insistent Claire Hédon et Eric Delemar, lutter contre toutes les vulnérabilités. Celles liées au harcèlement mais aussi celles liées aux souffrances induites par la pauvreté ou le handicap. Il faut également, concluent-ils, renforcer l’accompagnement, les propositions de suivi, les lieux d’écoute.
Placer l’écoute au centre pour que les enfants “aient la place qu’ils méritent dans notre société”, c’est ce que défend Lyes Louffok dans La Croix l’hebdo…
Ancien enfant ballotés de foyers en famille d’accueil, Lyes Louffok est aujourd’hui membre du Conseil national de la protection de l’enfance. Alors que la loi relative à la protection de l’enfance a été votée à l’Assemblée Nationale et sera examinée au sénat, Lyes Louffok déplore une “loi à zéro euro” qui ne répond pas pour le jeune militant à l’explosion des placements depuis le début de la crise sanitaire. Lorsqu’on voit que la moitié des enfants morts sous les coups de leurs parents étaient déjà suivis par les services de l’Aide Sociale à l’Enfance, on se dit que cela aurait pu être évité s’inquiète l’auteur de Dans l’enfer des foyers qui alerte notamment sur la violence dont sont victimes les enfants placés. Nous parlons beaucoup des relations de domination dans la société en ce moment, ajoute Lyes Louffok, sans jamais parler de la domination des adultes sur les enfants. Nous pouvons faire la révolution, mais si elle se fait sans les enfants, nous n’irons pas bien loin.
Comme un écho à cette dernière phrase d ans Le Monde, plus de 160 universitaires et professionnels de l’enfance alarment sur la nécessité de mener une campagne d’information sur la violence éducative. Alors qu’il est interdit depuis juillet 2019 d’exercer une violence physique ou psychologique sur ses enfants dans le cadre de l’autorité parentale, les signataires de cette tribune parmis lesquels l’avocate Dominique Attias ou les psychiatres Thierry Baubet ou Marie Rose Moro, regrettent qu’aucune campagne d’information n’ait été menée. “Les violences éducatives sont socialement admises et ont été longtemps tolérées en France par la jurisprudence au nom du droit de correction”, constatent les signataires qui rappellent qu’humilier ou dénigrer un enfant font partis des violences selon les Nations unis. Une violence inefficace quant à ses buts explicites mais dont les effets négatifs eux sont bien réels “Difficultés relationnelles, agressivité, comportements antisociaux, troubles anxieux ou maladies somatiques, ces violences marquent durablement l’enfant et l’adulte qu’il devient”. “L’Idée qu’une bonne claque n’a jamais fait de mal à personne est fausse insistent ces professionnels de l’enfance, il est possible d’éduquer sans recourir à la violence.”
Enfin dans le Figaro, quatre pédopsychiatres interpellent directement Emmanuel Macron. Reconnaissant au président de la République des mots forts lors des Assises de la santé mentale qui se sont tenues au printemps dernier, ils appellent néanmoins à la mise en pratique d’une véritable politique de l’enfance. Regrouper les différents métiers, renforcer les moyens, rendre plus attractive la pédopsychiatrie. “Monsieur le président, interpellent les pédopsychiatres, notre discipline reste inquiète et vigilante. Vigilante à ne rien céder à la qualité des soins que l'on doit à nos plus jeunes concitoyens.
Par Mattéo Caranta
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