Quelle laïcité pour la société française ?

Un street-artiste écrit le mot Laïcité lors de l'inauguration de la place de la laïcité à Paris en décembre 2015
Un street-artiste écrit le mot Laïcité lors de l'inauguration de la place de la laïcité à Paris en décembre 2015 ©AFP - ALAIN JOCARD / AFP
Un street-artiste écrit le mot Laïcité lors de l'inauguration de la place de la laïcité à Paris en décembre 2015 ©AFP - ALAIN JOCARD / AFP
Un street-artiste écrit le mot Laïcité lors de l'inauguration de la place de la laïcité à Paris en décembre 2015 ©AFP - ALAIN JOCARD / AFP
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Faut-il une laïcité forte, ou une laïcité tempérée ? Ce débat récurrent dans la société est relancé ces derniers jours. Revue de presse des idées.

Quelle laïcité faut-il défendre dans la société française ? Le débat est relancé notamment par la présentation ces derniers jours du projet de loi visant à conforter les principes républicains. 

Françoise Longy, philosophe, publie ce jeudi une tribune dans Le Monde

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Pour elle, la laïcité doit être franche, et assumée. "De nombreuses voix, écrit-elle, s’élèvent actuellement pour défendre la tempérance : il faudrait ainsi être laïque avec modération, afin d’éviter de heurter les sentiments des croyants". 

"Une laïcité soft à bon compte est un miroir aux alouettes", selon Françoise Longy. Pour elle, "ceux qui dénoncent l'orgueil et l'arrogance de la laïcité française" ne font rien avancer.   "Il est bien plus facile de dénoncer un coupable que d’avancer des propositions concrètes, dit-elle.  Seule une frontière dont le tracé est clair et la légitimité reconnue, peut être bien défendue collectivement".

Ces voix qui appellent à une laïcité plus tempérante, quelles sont-elles ?

On sait par exemple que les journalistes américains sont quelques-uns ces derniers mois à se montrer critiques envers le modèle français.  James McAuley, correspondant du Washington Post à Paris, a écrit lui aussi une tribune dans Le Monde : Nous, Américains, nous avons peur pour l’avenir de l’idéal universel français

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Voici ses mots : "La laïcité garantit la liberté de conscience, qui est autant celle de croire que de ne pas croire. Aujourd’hui, ce qui me dérange chez une bonne partie de l’élite française, écrit-il toujours, outre la confusion entre islam et islamisme, c’est que cette liberté soit souvent omise dans le débat actuel. On oublie en effet que l’on peut, par exemple, porter un voile, manger de la viande halal et être un parfait républicain, respectueux de la loi et du projet universaliste. On n’est pas soit l’un, soit l’autre". Il pointe du doigt par exemple les propos de Gérald Darmanin sur les rayons de viande halal et casher dans les supermarchés. Selon lui "tout cela nourrit la confusion".

Mais ces réserves sur le modèle français, on les retrouve aussi bien sûr dans des textes écrits par des français.

La laïcité n'est pas une idéologie au service d'un camp. Article sur le site AOC signé Nicolas Cadène, rapporteur général de l'observatoire de la laïcité, régulièrement critiqué pour sa vision que certains trouvent trop souple.

"Lorsqu’il est aujourd’hui demandé, au nom de la laïcité, l’extension du principe de neutralité à des personnes qui n’exercent aucune mission de service public (par exemple aux usagers d’un service public, voire à la population civile dans la rue), c’est tordre le cou à la loi de 1905", peut-on lire.

"Celles et ceux qui enferment la laïcité dans une approche purement intellectuelle et militante courent le risque d’en faire une notion abstraite insaisissable par tout citoyen, en plus d’en permettre des applications diverses et contradictoires sur le terrain". C'est ce qu'écrit Nicolas Cadène.

Alors qu'en pensent ceux qui sont chargés de faire appliquer les règles au quotidien, par exemple les élus locaux ? A cet égard il est intéressant de lire cette tribune de 19 présidents de départements de gauche, notamment l'Hérault, la Dordogne ou le Gers par exemple, parue cette semaine dans le JDD.

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Qu'en retient-on ? Deux revendications.

La première, il faut renforcer la laïcité. 

"Aujourd'hui écrivent-ils le socle est attaqué. Face à des assauts incessants, il s'érode. Aujourd'hui nous lançons l'alerte républicaine". "Parce que nous n'avons pas été assez offensif sur la laïcité nous avons laissé des brèches se former". "Si toutes les convictions religieuses méritent le même respect, la même attention, elles n'ont pas à s'imposer dans l'espace collectif. L'État laïc est un état neutre mais ce n'est pas un État faible. Il porte des valeurs. Liberté de conscience, respect de la personne humaine, égalité Femme-Homme, rationalité. Assumons-les. Défendons-les. Enseignons-les".

La deuxième revendication est la suivante. 

"Pour reprendre le message de Jaurès, disent-ils; la laïcité est indissociable de l'égalité. "Il n'y a pas d'égalité des droits si l'attachement de tel ou tel à une croyance ou à une religion est une cause de privilège ou une cause de disgrâce"". Ces présidents de département disent lutter sans relâche sur les deux fronts. "Nous savons la tâche immense, affirment-ils. Elle ne peut être l'œuvre des seuls pouvoirs locaux".