Bras de fer Charlie/Mediapart, la presse entre consternation, agacement et appel au calme

Charlie Hebdo, une part du patrimoine journalistique français ?
Charlie Hebdo, une part du patrimoine journalistique français ? ©AFP - MUSTAFA YALCIN / ANADOLU AGENCY
Charlie Hebdo, une part du patrimoine journalistique français ? ©AFP - MUSTAFA YALCIN / ANADOLU AGENCY
Charlie Hebdo, une part du patrimoine journalistique français ? ©AFP - MUSTAFA YALCIN / ANADOLU AGENCY
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Le conflit entre Charlie Hebdo et Mediapart qui s’est encore envenimé cette semaine et laisse la presse française mal à l’aise..

Le conflit entre Charlie Hebdo et Mediapart s’est encore envenimé cette semaine et laisse la presse française assez mal à l’aise, entre consternation et agacement mais aussi tristesse face à la dureté des échanges par tweet ou éditos interposés entre ceux qu’on nomme désormais le « camp Charlie » et le « camp Médiapart » . 

« La tentation est grande, confiait Guillaume Goubert dans son édito de jeudi dans La Croix, de renvoyer dos à dos les belligérants ». « Chacun surjoue son propre rôle, déplore-t-il, et cela ne donne pas envie d’essayer d’analyser ni de pondérer la part de vérité de chacune des parties prenantes. On a simplement envie de dire : arrêtez-vous ! cette escalade est trop dangereuse pour vous et pour la société française ». 

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Laurent Joffrin de Libération, abondait dans le même sens mercredi en parlant de « suicide d’une partie de la gauche journalistique et intellectuelle ». 

Et pourtant il y a aussi dans la presse une véritable volonté de comprendre. Comprendre les fractures idéologiques derrière la violence des mots. On lit beaucoup que « deux gauches » seraient « en guerre ». Même si pour certains, après ce qu’a subi la rédaction de Charlie Hebdo le 7 janvier, le mot guerre est loin d’être approprié. 

Nous parlerons donc ici de conflit, entre « deux visions radicalement divergentes de la laïcité et de la place de l’islam » comme le résumait notamment Le Parisien hier. 

On constate par ailleurs une certaine difficulté de la presse à « nommer » les deux camps sans tomber dans des étiquettes caricaturales. A commencer par celle d’« islamo-gauchiste » bien sur, expression devenue incontournable. Le magazine Politis en fait sa Une : « Islamo-gauchiste, un mot pour interdire le débat » dénonce-t-il. 

« Interrogez-vous sur la loi sur le voile, avancez l’idée que l’islamisation rampante de la société n’est peut-être qu’un fantasme, instantanément un procès en islamo-gauchisme vous sera intenté » dénonce le directeur de la publication Denis Sieffert qui en a lui-même fait les frais.

Débat houleux donc, mais dans la presse on cherche aussi à prendre un peu de recul… 

En donnant la parole à quelques observateurs extérieurs par exemple. Dans un entretien donné au Monde des idées qui parait dans l’édition d’aujourd’hui, l’historien britannique Sudhir Hazareesingh constate : « il y a une tendance en France à condenser les grands débats dans une opposition binaire. On est dès lors sommé de choisir son camp ». 

Tout le contraire en Allemagne où un tel débat serait inconcevable explique le correspondant du Monde, « les intellectuels et les éditorialistes se prennent moins volontiers qu’en France pour des leaders d’opinion ». Et les lignes de fractures ne sont pas les mêmes bien sur. Récemment le ministre de l’intérieur allemand a proposé d’instaurer un jour férié musulman.. On imagine le tollé en France.. mais en Allemagne des propos restés au second plan de l’actualité.

Pour revenir en France, beaucoup de combats pourraient rapprocher ces deux gauches avance Daniel Schneidermann sur le site Arrêt sur Image : « le climat, les pesticides, les abus sexuels, les minorités ou bien la corruption ». 

Alors en attendant cette hypothétique réconciliation le mot d’ordre est l’appel au calme. Et « ce n’est pas de l’angélisme » , écrit Le Monde, c’est une absolue nécessité ». 

Un peu de recul pour terminer avec l’édition des Echos de ce week-end qui donne la parole à quelques grandes voix autour du thème de la transmission..

Des entretiens à lire en amont de l’évènement la « Cité de la réussite » qui se tient aujourd’hui et demain à la Sorbonne, à Paris. Une 20e édition qui porte donc sur la transmission. 

L’ancien champion du monde d’échec, Gary Kasparov, par exemple, témoigne : pour lui « chaque partie d’échec est une transmission intense et réciproque d’idées, d’émotions et de volonté ». Ce qu’il transmet aujourd’hui ce sont les bénéfices éducatifs des échecs bien sur mais aussi son militantisme pour la démocratie en Russie.

A lire aussi le témoignage de la comédienne et metteur en scène Murielle Mayette, qui parle de la transmission artistique pour qui il faudrait des artistes au sein de l’éducation nationale pour accompagner les jeunes générations. 

Et celui de l’écrivain et cinéaste David Foenkinos qui la transmission est avant affaire de mixité – sociale, générationnelle –

Bref un sujet inspirant.

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