Un troisième samedi de mobilisation pour les Gilets jaunes, le long entretien de la romancière et militante Arundhati Roy et l' essor de l'Intelligence Artificielle vue par le politologue Henry Kissinger
Gilets jaunes, acte III
Pour ce troisième samedi de mobilisation, les Gilets jaunes sont à la une de tous les journaux ce matin. Le soutien populaire est de plus en plus élevé : 80 % des Français soutiennent le mouvement. Une France en fracture mais une "convergence des colères " nous rapporte Libération: syndicats, lycéens et partis politiques enfilent le jaune, le tout sur fond d’ambiance insurrectionnelle.
Fracture aussi au sein de la majorité : « la fermeté affichée d’Edouard Philippe depuis le début du conflit est de plus en plus critiquée » écrit Le Monde. Le gouvernement ne reculera pas et maintiendra le cap, a annoncé Emmanuel Macron depuis Buenos Aires où se tient le G20. Un G20 d’ailleurs lui aussi en fracture - le mot est à la mode- tous les journaux s’accordent pour dire qu’il s’agit d’une édition particulièrement houleuse.
On peut se consoler avec le Parisien- Aujourd’hui en France, et ce titre en forme de contre-pied « C_limat : les raisons d’espérer_ » dont le supplément weekend est intitulé « A_gir, c’est possible_ ». À la veille de la COP24, le journal fait un focus sur les initiatives citoyennes à plus petite échelle.
Arundhati Roy, militante et romancière
Dans son hors-série spécial dix ans, la revue XXI consacre un long entretien avec une grande dame de la littérature : Arundhati Roy
Elle est l’une des grandes figures subversives de l'intelligentsia Indienne. Booker Prize en 1997 pour son roman Le dieu des petits riens, elle est aussi une militante écologiste.
On découvre son parcours hors norme : fille de la campagne, elle suit des études d’urbanisme tout en vivant dans un bidonville de Delhi. Avant de devenir la première femme indienne à recevoir le Booker Prize, elle est professeure d’aérobic pour arrondir ses fins de mois.
Elle s’engage ensuite contre les essais nucléaires indiens ou contre la construction d’immenses barrages. Fervente détractrice des castes indiennes, elle n’hésite pas à s’attaquer à la figure iconique de Gandhi, favorable à la hiérarchie des castes. Pour elle, inégalités sociales et écologie : même combat. L'un et l'autre sont indissociables.
Dans ce superbe entretien, on retrouve sa verve, sa plume, sa malice. Altermondialiste, elle écrit : « La seule chose qui vaille la peine d’être mondialisé : c’est la contestation ».
L'Intelligence Artificielle vue par Henri Kissinger
Ce mois-ci, la revue Le Débat publie « Comment les Lumières finissent » du politologue et prix Nobel Henry Kissinger.
Tout commence avec une partie de jeu de go, ce jeu plus complexe encore que les échecs. En 2017, face au plus grand joueur du monde, une intelligence artificielle remporte le match. À partir de là, Henry Kissinger déroule ses inquiétudes face à essor de l’I.A.
L’histoire de l’humanité vit un moment de bascule. L’I.A. est en train de bouleverser notre condition humaine et gare aux effets pervers.
Selon lui, le monde numérique pourrait bien nous rendre plus bêtes. Internet, les réseaux sociaux, l’accélération du flux, rien de tout cela n’encourage l’introspection. Dans ces conditions, difficile même de construire des convictions politiques.
Un texte qui tombe à point puisque mercredi le gouvernement présentait son plan national pour l’Intelligence Artificielle.
Le politologue dénonce les carences philosophiques face à ce bouleversement. Comment définir la conscience dans un monde de machines? La condition humaine deviendra-t-elle du data?
Contrairement aux Lumières qui ont su penser leurs révolutions technologiques, nos politiques et nos philosophes sont à la traîne. Selon Kissinger, il est urgent de rattacher l’I.A. aux traditions humanistes.
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