Les Etats-Unis voient le problème de la dépendance aux drogues de synthèse exploser, conséquence notamment du Covid-19 et des confinements. Le monde du tennis s'inquiète de la disparition d'une joueuse chinoise qui a accusé de viol un ancien dignitaire communiste.
Aux Etats-Unis, une épidémie peut en cacher une autre. Ce n'est pas moi qui le dis mais Joe Biden : "Nous ne pouvons ignorer cette épidémie de morts qui frappe tant de familles et de communautés à travers notre pays". Le président américain fait allusion à cette statistique assez effrayante rendue publique quelques heures plus tôt, hier après-midi, et qui fait encore les grands titres de la presse. "Les Etats-Unis, résume The Wall Street Journal, ont connu sur l'année écoulée plus de 100 000 morts par overdose, une hausse de 29% par rapport à un an plus tôt".
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Dans l'ombre du Covid-19 donc, les ravages que font les opiacés, ces dérivés de l'opium ou drogues de synthèse aux effets proches de l'héroïne, vendus comme des anti-douleurs sans ordonnance sur internet , ont été encore renforcés par les conséquences de la pandémie. Pour le dire autrement, avec le magazine en ligne Vice qui n'hésite jamais à appeler un chat un chat pour parler des drogues, la crise sanitaire a joué le rôle d'une "perfect storm", la combinaison rare de plusieurs facteurs qui accentuent, à l'excès, un phénomène : l'isolement des personnes dépendantes a multiplié les comportements à risques ("on se met beaucoup plus en danger quand on consomme des stupéfiants seul dans son coin", résume une médecin addictologue), les personnes dépendantes ont eu plus de mal à trouver de l'aide pour se sevrer avec des dispensaires fermés et des consultations médicales limitées, des produits de substitution sur ordonnances moins facilement accessibles... tout cela a poussé les personnes fragiles dans les bras des trafiquants, qui eux-mêmes ont tout misé sur des drogues de synthèses, produites localement et de qualité souvent médiocre voire toxique.
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On pense notamment au trafic en plein boum de fentanyl, moins cher, plus facile à produire et à faire voyager que l'héroïne, sans dépendre des réseaux d'approvisionnements venus de Chine ou du Mexique dont la logistique a connu des ratés à cause de la crise sanitaire. En résumé, d'après The New York Times, il y a un double phénomène qui s'est produit : "l'épidémie de Covid-19 et ses conséquences ont éclipsé la crise des opiacés en même temps qu'ils l'ont renforcée", et tout indique que ça devrait continuer sur cette mauvaise pente dans les mois qui viennent. Bien sûr, les angoisses liées à la peur de la pandémie, à la solitude, au télétravail n'ont rien arrangé : comme le dit à la radio publique NPR Rahul Gupta, le directeur du bureau national de contrôle des drogues au sein de l'administration Biden : "Chaque overdose est un appel à l'aide qui n'a pas été entendu".
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Pour aller plus loin, on lira le papier très personnel signé Chris Boutté dans Newsweek, lui-même ancien accro aux opiacés pendant plus de dix ans pour qui "il serait beaucoup trop simpliste de mettre cette soudaine multiplication des overdoses sur le compte du Covid". Lui accuse surtout la rareté et les prix trop élevés des traitements de substitution et des soins, de l'encadrement nécessaire pour s'en sortir... tout ce qui fait que "c'est un luxe inaccessible au plus grand nombre des Américains de se désintoxiquer réellement". Pour Chris Boutté, qui cite les économistes Anne Case et Angus Deaton, le fond du problème, ce sont "les inégalités sociales criantes creusées par le système capitaliste, le sentiment de relégation qui mine les Américains qui n'ont pas fait d'études". Voilà ce qui, selon les deux économistes et le journaliste, alimente l'épidémie de suicides et d'overdoses aux Etats-Unis, qualifiés là encore de "morts causées par le désespoir".
D'après le calcul fait par CNN, 100 000 overdoses en un an, cela fait "un mort dû aux drogues toutes les 5 minutes aux Etats-Unis". Et le pire, c'est que la plupart de ceux qui tombent dans la spirale de la dépendance "ne savent même pas qu'ils prennent une drogue dangereuse" tant tout est fait pour leur vendre des petites pilules aux allures de médicament anti-douleur alors que le fentanyl est en réalité un produit entre 5 et 100 fois plus puissant que la morphine.
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Sur le circuit professionnel de tennis féminin, l'inquiétude persiste autour du sort d'une joueuse chinoise disparue depuis le début du mois.
Peng Shuai, rappelle The Guardian, n'a plus été vue en public depuis le 2 novembre, jour où elle a posté sur le réseau social chinois Weibo un message dans lequel elle accusait l'ancien vice-premier ministre Zhang Gaoli de l'avoir violée en 2018.
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Le message avait été retiré vingt minutes plus tard, Weibo allant même jusqu'à censurer le mot "tennis" sur sa plateforme pour tenter de couper court au scandale naissant. Mais les révélations ont fait depuis leur chemin. La WTA, la fédération internationale de tennis féminin, a fini la semaine dernière par demander des comptes à la Chine... qui s'est elle aussi enfermée dans le silence malgré la pression médiatique croissante. Ce mercredi pourtant, plusieurs médias officiels chinois dont la télévision d'Etat CGTN ont rendu public un soi-disant e-mail envoyé par la tenniswoman disparue à la WTA, dans lequel "elle remercie ceux qui se soucient d'elle mais tient à les rassurer : elle va bien, elle n'a pas disparu, elle n'est pas en danger, elle se repose juste au calme... et tient à préciser que rien n'est vrai dans ses accusations précédentes".
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Comme le South China Morning Post, la WTA a de sérieux doutes sur l'authenticité de ce message : "J'ai du mal à croire que ce soit bien Peng Shuai qui l'ait écrit" a fait savoir le patron de la fédération. Cette tentative de calmer l'affaire n'aura fait que renforcer les doutes sur une mise à l'isolement forcé de la sportive, pour avoir osé dénoncer un haut dignitaire du parti communiste.
Mais ce que révèle le cas Peng Shuai, selon l'hebdo allemand Die Zeit, c'est que les femmes chinoises refusent de plus en plus le silence qui leur est imposé après les agressions sexuelles et les viols dont elles sont victimes. L'émoi causé dans le pays par la disparition de la joueuse de tennis a redonné une visibilité très forte au mouvement #metoo en Chine... Et ce n'est certainement là que le début.
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