Guerre d'information en Moldavie et Transnistrie

"Il n'y a pas de risque imminent, du moins pour les citoyens de la rive droite du Dniestr", a dit la Présidente de Moldavie. Rive gauche c'est la Transnistrie.
"Il n'y a pas de risque imminent, du moins pour les citoyens de la rive droite du Dniestr", a dit la Présidente de Moldavie. Rive gauche c'est la Transnistrie. ©Maxppp - Gilles Bader
"Il n'y a pas de risque imminent, du moins pour les citoyens de la rive droite du Dniestr", a dit la Présidente de Moldavie. Rive gauche c'est la Transnistrie. ©Maxppp - Gilles Bader
"Il n'y a pas de risque imminent, du moins pour les citoyens de la rive droite du Dniestr", a dit la Présidente de Moldavie. Rive gauche c'est la Transnistrie. ©Maxppp - Gilles Bader
Publicité

Qui sont les auteurs des explosions survenues ces derniers jours en Transnistrie ? Les services secrets russes, croit savoir la presse moldave. En République centrafricaine, l'adoption du bitcoin pourrait être un signe d'allégeance à la Russie.

La situation est de plus en plus tendue en Transnistrie, ce qui donne lieu à de nombreux articles dans la presse moldave.

La Russie pourrait-elle envahir la Moldavie ? Que se passe-t-il en Transnistrie, et quelles sont les menaces contre l'Ukraine ?  C'est avec ce long titre que le quotidien Timpul - Le Temps en moldave - nous alerte sur la situation. Suit une citation du dramaturge russe Anton Tchekhov.

Publicité

Si dans le premier acte vous dites qu'il y a un fusil accroché au mur, alors il faut absolument qu'un coup de feu soit tiré.  Tchekhov

" La Transnistrie est cette arme aujourd'hui. Depuis 20 ans, cette république non reconnue est suspendue, et la Russie semble avoir décidé qu'il était temps de tirer" affirment les deux journalistes qui signent cet article.

État indépendant autoproclamé depuis la dislocation de l'URSS en 1991, la Transnistrie est une fine bande de terre à l'est de la Moldavie, Timpul retrace les événements de ces derniers jours.

  • 25 avril, des explosions tonnent dans sa capitale, Tiraspol
  • 26 avril, explosions dans le village de Maiac
  • 27 avril, des coups de feu sont tirés en direction de Cosbana depuis l'Ukraine

C'est à la guerre d'information sur ces faits que s'intéresse l'article de Timpul.  Il cite le ministère de la Défense ukrainien : "cette série d'événement provocateurs est organisée par le FSB, les services secrets russes pour susciter la panique et des sentiments anti-ukrainiens". Timpul croit savoir, que "depuis plusieurs jours, les services spéciaux russes alertent les habitants de Transnistrie, via des SMS, en se faisant passer pour les forces armées ukrainiennes et en leur demandant de partir vers des zones plus sures".

Mercredi 27 avril, la présidente de la Moldavie, Maia Sandu a donné une interview de deux heures dans l'émission "Secret of Power" (Secret de Pouvoir) au cours de laquelle elle a confirmé que diverses forces avait intérêt à "déstabiliser la situation". Et le quotidien Timpul de faire remarquer qu'a aucun moment elle n'a prononcé le mot RUSSIE, pour ne pas froisser les sentiments pro-russe dans le pays.

Pour afficher ce contenu Youtube, vous devez accepter les cookies Publicité.

Ces cookies permettent à nos partenaires de vous proposer des publicités et des contenus personnalisés en fonction de votre navigation, de votre profil et de vos centres d'intérêt.

Cette longue interview de Maia Sandu, le journal Ziarul de Garda (journal de garde) en rapporte de nombreux extraits. "Il n'y a pas de risque imminent, du moins pour les citoyens de la rive droite du Dniestr", a dit la présidente, façon de dire qu'à gauche où se trouve la Transnistrie, c'est moins sûr.

Ziarul de Garda  consacre aussi un article à l'approbation hier par le gouvernement moldave d'un nouveau projet de loi pour lutter contre la propagation de la désinformation, qui prévoit des sanctions accrues et confie aux services de renseignement le soin de la détecter, la prévenir et la contrecarrer.

Dans la presse russophone de Transnistrie, son président non reconnu a lui aussi exhorté les citoyens à ne faire confiance qu'aux sources d'information officielle. Dans le flot des mensonges absurdes, dit-il dans Novosti, un journal en langue russe, "il a été dit que dans notre République les hommes d'âge mur étaient interdits de sortie et qu'une mobilisation générale avait été annoncée. N'en croyez pas un seul mot ".

Suite aux attaques de ces derniers jours, le niveau d'alerte rouge a été décrété pour 15 jours, tous les enseignements scolaires auront lieu en distanciel jusqu'à la fin de l'année scolaire, et de nombreux examens sont annulés, rapporte Novosti.

La Moldavie, de la guerre en Ukraine au conflit gelé en Transnistrie, c'est aussi le titre d'un entretien à lire dans le quotidien Adevarul Moldava. Article qui nous rappelle que la Moldavie est restée neutre concernant la guerre en Ukraine, et que la société moldave est dominée par un sentiment de peur et d'insécurité.

On trouve aussi dans Adevarul Moldava  une longue et passionnante analyse de cette situation par Cristina Melnic, chercheuse associée au centre d'étude sino-russe.

République centrafricaine : le bitcoin déclarée monnaie officielle

C'est officiel, la RCA devient "le premier pays d'Afrique à adopter le bitcoin comme monnaie de référence ", écrit le journal de Bangui. Cette monnaie est désormais légale dans toute la Centrafrique au même titre que le franc CFA.

"L’adoption du Bitcoin en tant que monnaie officielle représente un pas décisif vers l’ouverture des nouvelles opportunités pour notre pays", indique le directeur de cabinet civil de la présidence, Obed Namsio cité par le journal centrafricain.

Le projet de loi a été adopté par les députés le 21 avril dernier dans le cadre du "redressement économique et consolidation de la paix." poursuit l'article.

Cette décision place la RCA sur la carte des pays "les plus audacieux et les plus visionnaires du monde", affirme le communiqué de la présidence centrafricaine, communiqué reproduit in extenso dans Actu Cameroun qui commence son court article par "Bonne nouvelle qui vient de la République centrafricaine !"

Les tenants et aboutissants de cette décision, c'est un article de la BBC qui nous les apprend : "Ravagé par un conflit interne depuis des décennies, la RCA est un proche allié des Russes, des mercenaires du groupe Wagner aidant à combattre les forces rebelles". "Le pays utilise actuellement le franc CFA soutenu par la France comme monnaie. Certains voient l'adoption du bitcoin comme une tentative de saper le CFA, avec en toile de fond, une lutte d'influence entre la Russie et la France au sujet de ce pays riche en ressources" poursuit l'article, qui comme photo d'illustration n'a pas choisi une pièce figurant le bitcoin, mais un plan large d'une mine à ciel ouvert. Photo légendée ainsi : "La plupart des habitants de la RCA vivent dans la pauvreté malgré ses vastes richesses minérales". A savoir le diamant l'or et l'uranium.

Dans la capitale Bangui, la réaction est mitigée, poursuit la BBC. La République centrafricaine est le deuxième pays du monde a adopter le bitcoin comme monnaie officielle, après le Salvador en septembre 2021. "Prématuré et irresponsable", selon un informaticien cité par la BBC. Il faut internet pour utiliser le bitcoin, or en 2019, seulement 4% des personnes en RCA avaient accès au web.

Un autre économiste cité par l'article estime au contraire que "cela facilitera la vie, car les transactions peuvent être effectuées avec des smartphones ou tout autre monnaie à l'étranger".  "N'est-ce pas plutôt un moyen pour la République centrafricaine de contourner les sanctions internationales auxquelles la Russie fait face ? " s'interroge un analyste français dans cet article que vient illustrer une deuxième photo.  Toujours pas un bitcoin, mais une manifestation récente d'une trentaine de Centrafricains tenant une banderole sur laquelle on peut lire : "La Russie est soutenue par les Centrafricains !!!"

En Russie on repeint ce qui est bleu et jaune

Le Moscow Times est un journal indépendant en anglais qui s'adresse à la communauté étrangère de Moscou et les hommes d’affaires russes. On peut y lire : "Depuis que Moscou a envahi l'Ukraine en février, les rues du pays ont été remplies à la fois de messages anti-guerre et de symboles de soutien aux troupes russes, or ces dernières semaines des dizaines de structures publiques ont été repeintes pour se débarrasser de la combinaison bleu et jaune".

  • A Khrabrovo, le logo d'un aéroport, bleu et jaune, devenu depuis bleu et rouge
  • A Iakoutsk, les sièges bleu et jaune d'un stade de foot en cours de démontage
  • Dans la ville de Stavropol, un mur de Street Art de plus de 10 mètres de haut représentant un éléphant mais sur fond jaune et bleu, remplacé par la figure d'un soldat russe, un bébé dans les bras, sur fond gris
  • A Ekaterinbourg, le toit d'un centre commercial, jaune et bleu repeint en gris
A Iakoutsk, les sièges bleu et jaune d'un stade de foot sont en cours de démontage
A Iakoutsk, les sièges bleu et jaune d'un stade de foot sont en cours de démontage
- Moscow Times

A chaque fois, la volonté de gommer les couleurs de l'Ukraine, même quand elles étaient fortuites et anciennes, n'est pas réellement assumée par les autorités, nous dit le Moscow Times. Sauf dans le cas d'un bac à sable à Moscou. Là, ce sont les résidents qui ont appelé la police pour s'en plaindre, et sur les images on voit l'un d'eux repeignant la clôture bleu et jaune en vert, sous la surveillance de deux policiers russes.  Eclairant, anecdotique, futile, et effrayant à la fois.

L'équipe