

De la Géorgie à l'Azerbaïdjan en passant par l'Arménie, la guerre en Ukraine complique la position des la Russie dans le Caucase, malgré l'annonce par l'Ossétie du Sud de sa volonté de rejoindre la Fédération de Russie.
C'était prévisible et ça se confirme : la guerre en Ukraine est en train de semer le trouble dans une autre marge disputée de l'ex-bloc soviétique : le Caucase.
Situé entre Mer Noire et Mer Caspienne, le Caucase en effet revient dans l'actualité avec des titres comme celui que partagent le site d'info russe sakhalin.info et le magazine américain Newsweek : "La Russie pourrait bientôt étendre son territoire, mais ailleurs qu'en Ukraine". En l'occurrence en Ossétie du Sud, cette région de la Géorgie qui se revendique indépendante depuis la chute de l'URSS, et où, en 2008, l'armée russe est intervenue pour chasser les Géorgiens, puis ensuite en reconnaître officiellement l'indépendance.
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L'Ossétie du Sud, par la voix de son soi-disant président Anatoly Bibilov, a fait savoir mercredi 30 mars qu'elle va entamer les démarches officielles pour rejoindre la Fédération de Russie. Newsweek, se basant sur les déclarations de Bibilov, justifie cette démarche de rattachement volontaire au fait que les Ossètes du sud "partagent les mêmes valeurs universelles d'humanisme et de lutte contre le nazisme" que celles dont fait montre la Russie de Vladimir Poutine en ce moment en Ukraine.
Et l'on peut dire qu'il est volontaire, le président ossète reconnu seulement par Moscou, pour manger dans la main russe qui lui permet de vivre, coupé du reste de la Géorgie, depuis maintenant 14 ans. Eurasianet nous rappelle que c'est lui, début mars, qui a approuvé l'envoi de soldats de sa république fantoche en Ukraine, pour combattre aux côtés des Russes. Cette décision n'a pas du tout fait l'unanimité, parce que cela revenait à envoyer des citoyens géorgiens faire la guerre au nom de la Russie, et parce que même en Ossétie du Sud toute la population ne se sent pas pro-russe au point d'aller mourir dans une guerre décidée par Vladimir Poutine.
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Et quand le corps d'Andrey Bakaiev, 35 ans, le premier soldat natif d'Ossétie du Sud a été ramené d'Ukraine dans un cercueil de zinc, l'émotion a été vive dans la ville de Tskhinvali où il a été enterré. En tout, toujours selon Eurasianet, plusieurs milliers de soldats caucasiens auraient été envoyés sur le front ukrainien en soutien des forces d'invasion russe, signe que Moscou avait cruellement besoin de renforts en Ukraine et qu'il valait mieux aller les enrôler sur les marges de l'empire qu'en Russie même, pour ne pas fâcher l'opinion et les mères de soldats russes.
Mais alors comment comprendre cette volonté affichée de l'Ossétie du Sud de rejoindre la Fédération de Russie, est-ce la preuve d'un renforcement des liens entre la Russie et le Caucase ? C'est l'impression que cela pourrait donner, c'est sans doute d'ailleurs l'effet recherché... mais en fait, avec le Moscow Times, on peut plutôt penser que cela prouve l'inverse : que la Russie est en train, avec la guerre en Ukraine, de perdre de son influence et de son contrôle sur cette région du Caucase où elle parvenait déjà mal à contenir les tensions sous-jacentes. Moscou a dû, on l'a vu, réduire sa présence militaire en Ossétie du Sud, pour envoyer des soldats en Ukraine, ce qui affaiblit sa position en Géorgie.
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En Arménie voisine - le principal allié des Russes dans la région - pas question en revanche de réquisitionner des soldats : il a même fallu renforcer leurs effectifs, nous dit le média en ligne Open Caucasus, parce que ça commençait à chauffer à nouveau la semaine dernière dans le Haut-Karabakh, le territoire disputé de longue date à l'Azerbaïdjan. Trois morts et une quinzaine de blessés dans les affrontements les plus meurtriers depuis la guerre qui avait éclaté là-bas à l'automne 2020, et avait tourné à l'avantage des Azerbaïdjanais contre les Arméniens appuyés par Moscou. L'Azerbaïdjan semble profiter du fait que la Russie est occupée en Ukraine pour avancer encore un peu plus ses positions sur le terrain du Haut-Karabakh... Cela nous confirme que Moscou ne contrôle plus tout ce qui se passe dans le Caucase et peine à trouver suffisamment de soldats pour faire face à tous les points de tension en même temps.
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Ajoutons à cela les dizaines de milliers d'émigrés russes fuyant les sanctions économiques et le durcissement de la répression en Russie qui sont arrivés ces dernières semaines en Géorgie ou en Arménie, et qui commencent à peser sur la situation sociale de ces pays, à faire augmenter les prix des logements à Erevan selon Eurasianet. Dans le même temps, à Tbilissi, un grande majorité de la population géorgienne est très solidaire du combat des Ukrainiens, et ne comprend pas pourquoi ses dirigeants maintiennent une position aussi timorée face à la Russie. Pour toutes ces raisons, le Caucase est plus que jamais une région à surveiller dans les semaines et les mois à venir.
La presse anglo-saxonne se demande ce qui se passe dans la tête de Vladimir Poutine
C'est la question à un milliard de roubles en ce moment, et ce sont les services de renseignement britanniques et américains qui nous en donnent leur lecture. Mercredi 30 mars, rapporte CBSNews, des espions en chef de la Maison Blanche, sous couvert d'anonymat, se sont dits persuadés qu'il y des tensions de plus en plus évidentes au Kremlin entre Vladimir Poutine et ses plus proches conseillers. Ils décrivent un président russe complètement isolé, informé de l'évolution de la situation en Ukraine par une poignée de conseillers militaires qui lui donneraient des informations erronées sur les dommages que les sanctions occidentales causent à l'économie russe, mais aussi sur les déconvenues militaires, l'ampleur des pertes humaines et leurs conséquences désastreuses sur le moral des troupes russes en Ukraine.
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Si les plus proches de Poutine lui mentent, complète le Guardian sur la foi de déclarations du chef du renseignement britannique Jeremy Fleming, c'est parce qu'ils ont peur de lui et n'osent pas l'obliger à reconnaître l'erreur commise en lançant cette invasion de l'Ukraine... Ce que Valdimir Poutine ressentirait et qui ne ferait qu'augmenter son impression paranoïaque d'être trahi par les siens. D'ordinaire très avare de prise de parole en public, Jeremy Fleming évoque également des cas de plus en plus fréquents de mutineries et de sabotages chez des soldats russes, décrits comme mal équipés et démoralisés.
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Alors bien sûr, tout cela fait sans doute partie d'une guerre de renseignement et de communication, visant à dépeindre un Vladimir Poutine bunkérisé, coupé de la réalité et en bout de course, en convoquant les images avant lui d'un Hitler ou d'un Staline. Mais cela explique aussi des choses sur les décalages de plus en plus grands constatés entre ce que semblent prêts à accepter les négociateurs, ou les chefs d'Etat major russe, et la position toujours très fermée, pour le moment, du président russe.
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