Un Joe Biden bien peu diplomate face à Vladimir Poutine

Joe Biden à Varsovie, Pologne, le 25/03/22
Joe Biden à Varsovie, Pologne, le 25/03/22 ©AFP - Brendan Smialowski
Joe Biden à Varsovie, Pologne, le 25/03/22 ©AFP - Brendan Smialowski
Joe Biden à Varsovie, Pologne, le 25/03/22 ©AFP - Brendan Smialowski
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Des sorties très véhémentes de Joe Biden contre Vladimir Poutine inquiètent les alliés européens des États-Unis qui espèrent obtenir du Kremlin un arrêt des combats en Ukraine. Au Brésil, la pré-campagne présidentielle est déjà très tendue entre la gauche de Lula et l'extrême-droite de Bolsonaro.

Embarras à la Maison blanche après des propos improvisés par Joe Biden.

La presse américaine revient très largement sur une phrase prononcée vendredi 25 mars par Joe Biden au détour d'un discours prononcé à l'issue d'une journée de visite en Pologne, à propos, bien sûr, de la guerre toute proche en Ukraine. Entre une tirade sur la soif de démocratie et de dignité du peuple ukrainien et l'inévitable formule de conclusion "Que dieu protège nos troupes et l'Amérique", voilà ce que le président américain a déclaré :

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"Pour l'amour de Dieu, cet homme ne peut pas rester président" : pas plus d'une douzaine de mots qui ont été improvisés par Joe Biden selon Anthony Zurcher de la BBC, une phrase qui n'était donc pas dans le discours prévu et pesé au trébuchet diplomatique. Celui qui "ne peut pas rester au pouvoir", en l'occurence, c'est Vladimir Poutine... alias le "boucher" russe, le "criminel de guerre" en Ukraine tel que l'a aussi, la semaine passée, qualifié son homologue américain dans des sorties qui n'auraient, elles non plus, pas été écrites par ses conseillers.

Alors on peut débattre, avec Dean Obeidallah de CNN, sur la légitimité de ces prises de paroles très véhémentes, sachant ce que l'on sait sur les horreurs de la guerre en Ukraine... Mais souhaiter publiquement un changement de pouvoir en Russie quand on est un président américain, évoquer l'idée d'un nécessaire changement de pouvoir quitte à le provoquer de l'extérieur - c'est ce que l'on ne peut s'empêcher d'entendre - c'est, d'un point de vue de diplomatie et de droit international "une gaffe embarrassante" selon le Wall Street Journal.* Le genre de sortie de route qui "met dans l'embarras depuis trois jours tous les partenaires occidentaux des États-Unis". D'ailleurs depuis, note le site d'info * Axios, aussi bien l'ambassadrice américaine à l'Otan que le secrétaire d'État Anthony Blinken ont dû aller devant la presse et devant les dirigeants alliés pour répéter que les États-Unis n'ont pas de stratégie visant à renverser Vladimir Poutine.

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Car, qu'on le veuille ou non, c'est Vladimir Poutine qui a lancé cette guerre en Ukraine et qui a les moyens de la faire cesser : en ces temps où l'offensive russe semble marquer le pas et où de vraies négociations de paix pourraient enfin s'ouvrir, les Européens en particulier, sont d'avis de continuer à parler à un Vladimir Poutine qui ne bénéficie plus d'un rapport de force favorable et lui parler dans l'espoir de le faire plier. Dès lors, les invectives et les appels à un renversement du pouvoir russe semblent, comme le suggère le quotidien russe Kommersant, un faux pas du président américain, dans je cite "la mauvaise passe de polka" qu'il a esquissé vendredi 25 mars à Varsovie.

Vu du Washington Post, cette sortie de route de Joe Biden ne rend pas service à la paix : elle pousse les relations américano-russes - déjà très tendues ces dernières semaines - à leur point de rupture... et ce n'est pas le moment de rompre le dialogue, aussi ténu soit-il, avec Vladimir Poutine.

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Patrick Wintour du Guardian rappelle ce que disait Joe Biden pendant la campagne qui lui a permis d'accéder à la Maison Blanche, quand il critiquait Donald Trump pour ses propos à l'emporte-pièce et insistait sur combien il était important qu'un président pèse ses mots et mesure l'importance de sa parole. Selon le chroniqueur diplomatique du Guardian, depuis le début de la séquence ukrainienne, Biden s'est enfermé dans "une obsession anti-poutinienne" qui lui fait perdre son sang-froid et le fait de sous-entendre qu'il faudrait faire tomber Poutine. Quand on connaît les dérives américaines en la matière au Moyen-Orient ou en Amérique Latine, cela ne pourrait qu'affaiblir grandement la position des Etats-Unis.

"Plutôt que de se perdre en invectives sans fin contre l'homme du Kremlin, conclut Patrick Wintour, Joe Biden ferait mieux de se concentrer sur les moyens de lui faire cesser cette guerre". Qu'on le veuille ou non, la disgrâce de Vladimir Poutine ne pourra advenir que dans les urnes russes... Et tout ce qui donne l'impression d'humilier et de mettre à genoux la Russie en même temps que son dictateur, semble plus de nature à renforcer son emprise sur le pays, plutôt qu'à provoquer sa chute.

Au Brésil, la campagne présidentielle n'a pas encore commencé mais elle atteint déjà un haut niveau de tension, entre Jair Bolsonaro et son rival de gauche Lula.

Le scrutin n'est pas prévu avant octobre, ce sont encore les prémices d'une campagne qui s'annonce intense entre le président actuel d'extrême-droite qui brigue une réélection - loin d'être acquise - et son concurrent, l'ancien président Luis Igniacio Lula da Silva envoyé en prison par la volonté du camp Bolsonaro, et depuis, lavé des accusations de corruption montées contre lui. Dans cette pré-campagne les mauvais coups fusent déjà, avec dans le rôle de l'arbitre, nous dit le Correio Braziliense, la Cour suprême brésilienne sommée de se prononcer dans plusieurs recours des deux camps.

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Tout d'abord, la semaine dernière, elle a donné raison à la gauche pour faire suspendre au Brésil la messagerie en ligne Telegram, utilisée par les proches de Bolsonaro pour répandre la désinformation grâce à laquelle ils ont conquis le pouvoir il y a quatre ans... Puis, les juges de la Cour ont refusé un autre recours du camp Lula contre des affichages publics chantant les louanges du président dans plusieurs régions ouvrières du pays, considérés par la gauche comme de la propagande électorale clandestine financée par de l'argent public, ce sur quoi elle n'a donc pas eu gain de cause.

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Enfin ce dernier week-end du 26 et 27 mars, l'entourage de Jair Bolsonaro a remis, dixit la Folha de Sao Paulo, la pression sur cette même Cour suprême, pour faire interdire - de manière assez inédite - toute prise de position politique sur la scène du festival de musique Lollapalooza qui se tenait à Sao Paulo. Des stars de la pop brésilienne y avaient chanté leur soutien à Lula ; un magistrat a donc menacé les organisateurs du festival d'une lourde amende si la politique s'invitait à nouveau entre les concerts. Tout cela va d'ores et déjà assez loin, alors même que la vraie campagne présidentielle n'est pas censée commencer avant l'été prochain.