En quête de popularité, la droite polonaise lâche du lest face à l'UE

Le ministre polonais des Finances démissionnaire, Tadeusz Koscinski à Brno (Slovénie) le 11/11/21
Le ministre polonais des Finances démissionnaire, Tadeusz Koscinski à Brno (Slovénie) le 11/11/21 ©AFP - Jure Makovec
Le ministre polonais des Finances démissionnaire, Tadeusz Koscinski à Brno (Slovénie) le 11/11/21 ©AFP - Jure Makovec
Le ministre polonais des Finances démissionnaire, Tadeusz Koscinski à Brno (Slovénie) le 11/11/21 ©AFP - Jure Makovec
Publicité

Le gouvernement conservateur de Pologne s'inquiète d'une baisse de popularité suite à l'échec de ses réformes fiscales. Le ministre des Finances est limogé, et Varsovie accepte de revenir sur plusieurs conflits avec Bruxelles. Le sous-continent indien pleure la mort du "Rossignol de Bollywood".

En Pologne : au sein du gouvernement, une démission qui pourrait en annoncer d’autres

La Pologne est dirigée depuis 2015 (après l'avoir été de 2005 à 2010) par un parti très  à droite, le PiS, Parti Droit et Justice, qui montre d’inhabituels signes de faiblesse ces derniers jours. Cela a culminé, nous apprend le Financial Times, ce lundi 7 février quand le ministre des Finances Tadeusz Kościński a présenté sa démission du gouvernement.

Publicité

Il paye, de l’avis général, les pots cassés du Polish Deal, ce grand plan de réformes fiscales qui constituait la pierre angulaire de la politique économique du pouvoir conservateur. Il s’agissait de relancer une économie polonaise stagnante et de redonner du pouvoir d’achat aux classes moyennes et plus modestes ; sauf qu’à l’usage, l’an dernier, les effets escomptés de relance ne se sont pas vraiment produits, et surtout de nombreux ménages pauvres se sont rendus compte que, contrairement à ce que leur avait promis le gouvernement, leurs revenus étaient en baisse… à cause justement des réformes du Polish Deal. La conséquence immédiate, est celle d'une baisse de popularité notable du PiS dans les études d’opinion : si des élections se déroulaient aujourd’hui, annonce le journal Rzecszpospolita, le PiS arriverait certes en tête, mais c’est l’opposition qui aurait une majorité pour gouverner. Il était donc urgent de corriger le tir, et le ministre des Finances a été le premier à faire les frais de cette reprise en main affichée.

Le premier, oui parce que selon Do Rzeczy et plusieurs autres titres de la presse polonaise, le remplacement de Tadeusz Kościński dans les prochains jours pourrait entraîner un remaniement plus large du gouvernement, pour justement tenter d’apporter un nouveau souffle au gouvernement. Il se murmure même que le vice-Premier ministre et président du PiS, le leader de facto de la Pologne Jarosław Kaczyński, pourrait lui-même quitter le gouvernement. Mais attention à ne pas y voir un signe de désaveu, il le ferait officiellement pour mieux préparer les élections législatives de l’an prochain qui ne sont pas gagnées d’avance.

Et pourtant - toujours d’après Do Rzeczy - ce qui arrive aujourd’hui aux dirigeants polonais, est en grande partie la faute de ce même Jarosław Kaczyński : il tire les ficelles, il est seul à prendre les grandes décisions stratégiques en bout de chaîne, et n’a pas vu les signaux d’alerte se multiplier ces derniers mois, la popularité baisser et le mur économique arriver. Voilà ce qui arrive quand un homme seul préside aux destinées d’un pays, écrit Rafal Ziemkevicz. À présent, prédit le journaliste, la droite conservatrice et nationaliste du PiS a atteint la ligne rouge au-delà de laquelle elle ne peut faire que chuter.

C’est ce que l’avenir nous dira ; toujours est-il que la même droite polonaise joue aussi profil bas dans les conflits qui l’oppose à l’Union Européenne ces derniers jours. L’édition européenne de Politico relate un autre revirement, survenu la semaine dernière. Varsovie a fait un geste de bonne volonté en signant un accord avec les autorités tchèques sur un conflit en souffrance depuis des années : la mine de charbon polonaise de Turów tout près de la frontière et les très graves pollutions et nuisances qu'elle génère côté tchèque. La Pologne refusait mordicus, jusque-là, de payer des dédommagements à son voisin et des amendes de retard à Bruxelles : elle a donc consenti à régler la facture, une partie négociée en tous cas, la semaine dernière.

Le président Andrzej Duda a aussi ouvert la voie vers une conciliation sur le principal conflit avec l’UE et le respect de l’état de droit mis à mal par les réformes de la justice polonaise : il a annoncé une loi qui supprimera la Chambre disciplinaire de la Cour suprême, un organe rajouté l’an dernier par le PiS au système judiciaire, capable de faire et défaire les enquêtes et les carrières des magistrats, et accusé d’être trop dépendant du pouvoir politique.

Il n'est pas certain que cela aille assez loin pour satisfaire Bruxelles, mais c’est un drapeau blanc, une manière pour les Polonais de montrer qu’ils reculent sur deux sujets de discordes majeurs avec l’Union. Selon l’article de Politico, voila qui concorde avec l’image d’un gouvernement polonais fragilisé, en panne de soutien populaire, inquiet de voir l'opposition gagner du terrain... et qui comprend, aussi, qu’il ne pourra pas se passer des milliards du plan de relance européen post-Covid pour faire face au ralentissement de son économie.

En Asie : on pleure la disparition d’une voix particulièrement familière à tous les Indiens

Cette voix, c’était celle de la chanteuse indienne Lata Mangeshkar, décédée dimanche 6 février à 92 ans, elle était la plus prolifique et la plus adulée des chanteuses de play-back pour l’industrie des films indiens, Bollywood.

Pour afficher ce contenu Youtube, vous devez accepter les cookies Publicité.

Ces cookies permettent à nos partenaires de vous proposer des publicités et des contenus personnalisés en fonction de votre navigation, de votre profil et de vos centres d'intérêt.

Les premières notes de cet extrait nous rappellent aussi que la musique de Lata Mangeshkar a irrigué jusqu’à la pop américaine de Britney Spears au début des années 2000. Décrit par The Indian Express comme "la bande-son de plusieurs générations sur tout le sous-continent indien". Ce fil vocal modulait sans fin sur quatre octaves et dans 36 dialectes : ce chant est hypnotisant, apaisant et surtout "si immédiatement familier à l’oreille de tous les Indiens", comme l’écrit cette fois Rajini Vaidyanathan sur le site de la BBC. La journaliste est une fille d’immigrés indiens née en Angleterre, mais pour elle, entendre la musique de Lata Mangeshkar, c’est "tout de suite être transporté au lointain pays de ses ancêtres".

Pour afficher ce contenu Twitter, vous devez accepter les cookies Réseaux Sociaux.

Ces cookies permettent de partager ou réagir directement sur les réseaux sociaux auxquels vous êtes connectés ou d'intégrer du contenu initialement posté sur ces réseaux sociaux. Ils permettent aussi aux réseaux sociaux d'utiliser vos visites sur nos sites et applications à des fins de personnalisation et de ciblage publicitaire.

Une musique constitutive, à force de plus d’un millier de musiques de films et de 25 000 chansons enregistrées, de l’identité culturelle de centaines de millions de personnes dont elle était devenue "la voix intérieure" dixit  l’Indian Express et qui lui ont rendu hommage lundi 7 février, avec jour de deuil et funérailles nationales à Bombay, et des télégrammes de condoléances sont également arrivés de tous les pays voisins.

Pour afficher ce contenu Twitter, vous devez accepter les cookies Réseaux Sociaux.

Ces cookies permettent de partager ou réagir directement sur les réseaux sociaux auxquels vous êtes connectés ou d'intégrer du contenu initialement posté sur ces réseaux sociaux. Ils permettent aussi aux réseaux sociaux d'utiliser vos visites sur nos sites et applications à des fins de personnalisation et de ciblage publicitaire.

Pour le site d’info The Print, "à l’heure où l’Inde regarde impuissante la Chine et la Russie se rapprocher et n’est pas capable de proposer une autre dynamique régionale", cet émoi transfrontalier soulevé par la mort du "Rossignol de Bollywood" du Pakistan au Népal en passant par le Bangladesh et l’Afghanistan, rappelle aux Indiens ce qu’ils ont en commun avec leurs voisins, au-delà des rivalités qui les opposent depuis trop longtemps.