Xiomara Castro élue présidente : la gauche revient au pouvoir au Honduras

Unes des principaux quotidiens du Honduras, tegucigalpa le 29/11/21
Unes des principaux quotidiens du Honduras, tegucigalpa le 29/11/21 ©AFP - Orlando Sierra
Unes des principaux quotidiens du Honduras, tegucigalpa le 29/11/21 ©AFP - Orlando Sierra
Unes des principaux quotidiens du Honduras, tegucigalpa le 29/11/21 ©AFP - Orlando Sierra
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La droite conservatrice et les USA reconnaissent la victoire de la candidate de gauche Xiomara Castro à la présidentielle au Honduras. Un tournant démocratique pour l'Amérique centrale ? L'UE lance un plan d'investissement à l'étranger pour concurrencer les Nouvelles routes de la soie chinoises.

C’est la fin du suspense électoral aux Honduras : le pays sera bien présidé ces quatre prochaines années par une femme de gauche.

Cette femme c’est Xiomara Castro Zelaya, candidate du Partido de Izquierda (parti de gauche) à l'élection présidentielle qui a eu lieu dimanche, et l'épouse de l’ancien président Manuel Zelaya chassé du pouvoir par un coup d’État militaire il y a douze ans. 

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Nasry Asfura, le candidat de la droite conservatrice qui tenait le pouvoir depuis 2009, a reconnu cette nuit sa défaite, annonce La Prensa a Tegucigalpa ; il est même allé jusqu’à féliciter en personne sa rivale et tous deux ont posé devant les photographes dans une longue poignée de mains… depuis, l’image s’affiche en Une de tous les quotidiens honduriens. 

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De quoi rassurer en partie la Prensa qui, dans son édito, appelait les deux protagonistes de la présidentielle "au dialogue et à la paix", dans un pays d’ordinaire déchiré par la pauvreté et la violence. Le quotidien se veut optimiste, sachant que Xiomara Castro a pu l’emporter grâce à une alliance avec le centre-droit qui donne de la crédibilité, nous dit-on, à son programme axé sur "la démocratie directe, la réconciliation et la justice"

La gauche revient au pouvoir au Honduras, c’est un tournant historique pour le pays, estime El Pais America, mais gare à "l’esprit de vengeance" douze ans après le coup d’État qui avait bénéficié à la droite du Partido Nacional. Le Honduras, décrit par le quotidien espagnol comme "une machine à exporter des migrants vers les États-Unis", à cause de la faim, de la misère et de la violence omniprésente des gangs, s’est malgré tout mobilisé dimanche pour élire Xiomara Castro, avec une participation record de 70% et en lui donnant une avance d’environ vingt points sur le candidat du pouvoir sortant.

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Il faudra donc capitaliser sur cet élan électoral, ce "triomphe de la démocratie au Honduras" comme le proclament dans le même élan le quotidien genevois Le Temps et le magazine en ligne progressiste américain Salon. Dans ce dernier, la victoire de la "gauchiste" Xiomara Castro est analysée comme rien de moins qu’une "répudiation retentissante de l’interventionnisme états-unien en Amérique centrale",  tant il est vrai que le coup d’État contre Manuel Zelaya en 2009 avait été piloté depuis Washington. 

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Depuis, les États-Unis se sont lassés de leurs alliés conservateurs honduriens gangrenés par le crime et la corruption : le propre frère du président sortant a été condamné à vie par la justice américaine pour trafic de stupéfiants. Et l’autre grand journal de Tegucigalpa, El Heraldo, salue ce matin le fait que Washington, en la personne de son secrétaire d’État Antony Blinken, a dès hier reconnu la victoire de la gauche à la présidentielle et félicité lui aussi Xiomara Castro. 

Autre temps, autre mœurs, commente l’éditorial du Washington Post : les États-Unis n’ont pas d’autre choix que de collaborer avec le nouveau pouvoir hondurien, car ils ont besoin de lui pour traiter à la source les fléaux sociaux qui minent le pays et poussent la jeunesse du Honduras sur les routes de l’exil nord-américain. 

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Il faut donc soutenir la nouvelle présidente, qui incarne un retour de la démocratie en Amérique centrale quand tous les pays voisins prennent un tournant clairement autoritaire. Avec le risque tout de même, de voir le Honduras se rapprocher de l’axe Cuba-Venezuela, qui regarde bien plus du côté de la Russie et de la Chine, plutôt que des États-Unis. D’ailleurs, à Pékin, The Global Times se félicite déjà des positions diplomatiques très pro-chinoises qu’a esquissé Xiomara Castro… qui a promis de prendre ses distances avec Taïwan et de renforcer plutôt ses liens avec la République populaire de Chine. Décidément, même quand on parle de politique latino-américaine, on est toujours ramené à l’influence grandissante de la Chine…

… Et cela se confirme encore avec l'autre info du jour : Bruxelles veut rivaliser avec Pékin et ses "Nouvelles routes de la soie".

C'est ainsi que le quotidien économique allemand Handelsblatt présentait dès lundi ce plan d’investissements et de grands travaux d’infrastructures qui va être dévoilé aujourd’hui par la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen : le plan Global Gateway (soit grosso modo "passerelle mondiale" en français) devrait regrouper environ 300 milliards d’euros d’argent public et privé, consacrés donc à des chantiers d’infrastructures à travers le monde, l’équivalent de ces Nouvelles routes de la soie, constructions de routes et de ponts, sur lesquelles la Chine déploie depuis 2013 son influence sur tous les continents. 

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Bataille d’influence économique et diplomatique : c’est bien de cela dont il est question au moins autant que de BTP, confirme The Financial Times. Le projet de la Commission met l’accent sur les exigences environnementales qui guideront le choix des chantiers financés dans les énergies vertes, transports propres, fibre optique, 5G… Autant de domaines où la Chine et ses entreprises subventionnées possèdent une avance technologique qu’elles utilisent pour peser sur les pays qu’elles aident à s’équiper, également asservis d’une certaine manière par les dettes qu’ils contractent auprès des banques chinoises.

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Bruxelles, résume Politico, veut donc entrer dans cette bataille-là, mais en gardant ses valeurs libérales, nous dit-on, et en laissant l’initiative aux entreprises privées européennes qui seront retenues pour mener les travaux dans les pays concernés. Il y a des contrats lucratifs en perspective, annonce l’ Handesblatt. Pour la BBC enfin, il faut également y voir une réponse, certes un peu tardive et forcée, de l’Europe au plan américain de Joe Biden, Build Back Better World lancé au dernier G7 en juin.

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L’Union arrivera-t-elle à rivaliser avec Pékin et Washington tout en gardant ses valeurs comme elle l’affirme ? On le saura (peut-être) à partir de 2027, date de mise en œuvre prévue de cette Global Gateway. En attendant, la diplomatie de la truelle ne s’est jamais si bien portée…