À 85 ans, Silvio Berlusconi part à l'assaut de la présidence italienne

Silvio Berlusconi à Milan le 14/09/20
Silvio Berlusconi à Milan le 14/09/20 ©AFP - Piero Cruciatti
Silvio Berlusconi à Milan le 14/09/20 ©AFP - Piero Cruciatti
Silvio Berlusconi à Milan le 14/09/20 ©AFP - Piero Cruciatti
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Mario Draghi étant retenu à la tête du gouvernement par la crise sanitaire, aucun candidat de poids n'émerge pour prendre la présidence de la République italienne : l'occasion d'une ultime bataille politique contestée pour Il Cavaliere. Un tableau perdu du Caravage découvert en Espagne ?

En Italie celui que l’on surnomme Il Cavaliere s’est lancé dans une dernière bataille politique… et pas n'importe laquelle.

Silvio Berlusconi, président du Conseil pendant neuf années entre 1994 et 2011, chef du parti de droite Forza Italia, figure médiatique et controversée de l’histoire récente de l’Italie, mène une campagne très active bien qu’officieuse pour être élu président de la République italienne le mois prochain… et toute la presse transalpine en parle, forcément.

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À commencer par Il Manifesto qui nous annonce ce matin que la course vers le Palais du Quirinal, résidence des présidents à Rome, est bel et bien lancée, et que Berlusconi, avec ses airs de marionnette plastifiée fraîchement ressortie du placard des années 90 et 2000, est déterminé à la gagner, cette présidentielle, lui qui pour la petite histoire aurait promis à sa mère, il y a très longtemps, qu’il siègerait un jour au Quirinal.

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Pour rappel, le président en Italie est élu par un collège de grands électeurs composé principalement des parlementaires des deux chambres. Le poste est essentiellement honorifique, mais la tradition veut qu’il soit confié à une personnalité louée pour sa sagesse, son expérience politique et son caractère consensuel capable de faire l’unanimité, au-dessus des partis. Et là, forcément, Silvio Berlusconi dont on connait le populisme, les frasques, les liens avec la mafia et les démêlés encore en cours avec la justice, ne correspond pas du tout à l’idée que le quotidien Il Fatto Quotidiano se fait du prochain président Italien. Le journal, proche du parti 5 étoiles qui est le plus représenté au Parlement, s’est lancé dans une campagne anti-Berlusconi très active, avec une pétition qui compte déjà 180 000 signatures et des articles réguliers rafraîchissant la mémoire des Italiens sur qui est vraiment Silvio Berlusconi et pourquoi ses concitoyens l’ont déjà, à plusieurs reprises, éloigné du pouvoir au cours des trente dernières années.

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Mais les électeurs ont souvent la mémoire courte et c’est bien connu, en politique on ne meurt jamais vraiment... Voilà pourquoi à 85 ans Silvio Berlusconi s’est donc lancé dans la campagne "avec une énergie de jeune homme", selon ses proches : ce jeudi, nous apprend le Corriere della Serra, le Cavaliere réunira ses soutiens dans sa Villa Grande de Rome, soit à peu près tout ce que l’échiquier italien compte de formations politiques du centre-droit à la droite extrême de la Ligua ou de Fratelli d’Italia. Et même si tous pour le moment s’accordent à dire qu’il est trop tôt pour donner un nom, ils reconnaissent qu’à droite, le seul à sortir du lot, c’est celui de Berlusconi.

Et pendant ce temps, les autres partis, au centre-gauche, s’allient contre Silvio : ce mardi les leaders du Parti Démocrate, du mouvement Article Premier et des 5 Etoiles se sont eux aussi réunis, mais pour prendre cet engagement : ne jamais faire élire au Quirinal un candidat qui serait chef de parti et qui ferait l’objet de poursuites judiciaires en cours : voilà un "tout-sauf-Berlusconi" plutôt clair.

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L’intéressé, lui, affirme dans Il Messagero qu’il croit quand même arriver à faire voter pour lui une partie des parlementaires de gauche. Rien ne permet d’affirmer que sa candidature ira jusqu'au bout, tant sa personnalité est loin de faire consensus. Mais en tous cas, c’est un coup malin, pour le vieux requin politique, de s’être lancé tôt dans cette campagne présidentielle en remplissant le vide de candidat : la Repubblica nous explique que "jamais une course à la présidence n’avait été aussi incertaine", car il y a un candidat qui semblait parfait pour le poste, l’ancien président de la Banque centrale européenne Mario Draghi. L'actuel président, Sergio Mattarella, lui aurait paraît-il, promis le poste depuis des années… mais la crise politique, qui a doublé la crise sanitaire au début de cette année, a changé ses plans : Matarella a fait appel à Draghi pour prendre la tête d’un gouvernement d’union nationale et faire face à l’urgence du Covid-19 et des difficultés budgétaires.

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Or maintenant que la présidentielle arrive, la tâche est loin d’être achevée, et l’on voit mal Mario Draghi quitter le navire en pleine tempête pour se mettre au chaud sous les ors du Quirinal. "Draghi est prisonnier du Palais Chigi", le siège du gouvernement, résume La Stampa, et Silvio Berlusconi profite du vide pour tenter de se faire passer pour un recours acceptable par le plus grand nombre. Mais tout peut encore arriver : la campagne pour la présidence italienne se joue surtout dans des rendez-vous secrets et des accords de coulisses entre chefs de partis, et l'élection n'est pas prévue avant le 31 janvier.

D’Italie on passe en Espagne, où il est question d’une toile disparue du grand maître italien le Caravage.

Oui à croire cet article d’ El Mundo, ça se précise pour ce tableau qui avait été mis en vente en avril pour 1500 euros dans une vente aux enchères. Attribué au peintre espagnol du XVIIe siècle José de Ribera, il avait été repéré par des experts du ministère de la Culture qui avaient demandé qu’il soit retiré de la vente en urgence : ils soupçonnaient que la toile pourrait en fait être un œuvre du grand Caravaggio, un Ecce Homo (c’est-à-dire une représentation du Christ comparaissant devant Ponce Pilate) datant de l’âge d’or du baroque italien et d’une valeur de plusieurs dizaines de millions d’euros.

Le tableau a donc été mis en sécurité et restauré, et l’enquête a commencé pour tenter de confirmer cette intuition : ce mercredi, El Mundo nous apprend donc que les autorités de la région de Madrid vont annoncer le renforcement de la protection légale autour du tableau, le déclarant "bien d’intérêt culturel", interdisant qu’il ne sorte d’Espagne où vivent ses propriétaires privés, ou qu'il soit mis en vente à un prix supérieur à 100 millions d'euros.

On n’en est pas encore à son authentification comme un véritable Caravage, ajoute El Pais, mais ça se précise tant les avis donnés depuis avril par des experts du maître italien renforcent l’hypothèse de sa paternité. Déjà, les estimations sur sa possible valeur s’envolent, entre 10 et 30 millions d’euros. Mais pour le moment, la toile reste enfermée dans un coffre fort madrilène… et les nombreux experts qui viennent l’admirer du monde entier n’ont le droit de l’approcher que pendant 30 minutes maximum par visiteur. De quoi faire monter le mystère, le désir… et donc la valeur de ce tableau que la presse espagnole désigne déjà comme "le Caravage perdu"… retrouvé donc, peut-être, quatre siècles plus tard.