

Un journaliste a été assassiné le 10 février au Mexique, le cinquième depuis le début de l'année malgré une très forte mobilisation de la profession fin janvier pour demander au gouvernement d'enrayer contre cette violence systémique. Le quadruple saut chez les patineuses artistiques, à quel prix ?
Meurtres de journalistes au Mexique : la série noire se poursuit
"Nous ne sommes que le 11 février, se lamente Leon Krauze du groupe de presse Univision, mais cinq confrères ont déja été tués. Ils étaient sept l'an dernier au Mexique, c'était déjà révoltant et inadmissible... mais là, après seulement six semaines, on en est déjà quasi au même décompte".
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Voilà l'état d'esprit d'abattement profond qui a saisi la profession journalistique ce 10 février 2022 au Mexique, en apprenant dans les colonnes de l'Universal l'assassinat de Heber Lopez Vasquez, dans la province de Oaxaca : ses meurtriers, précise le journal, sont venu l'abattre au sein même du studio d'enregistrement où il préparait les reportages, radio et vidéo, qu'il s'apprêtait à mettre en ligne pour le média local RCP Noticias Web qu'il dirigeait.
Et voici donc, comme l'écrit l'édition mexicaine d' El Pais, "le journalisme au Mexique qui entre à nouveau en lutte, pour sa survie", au travers celle, physique, de ses représentants. On s'en souvient, la profession s'était indignée, à la fin du mois de janvier, après les quatre premiers assassinats de l'année ; il y avait eu une mobilisation nationale, des manifestations dans 23 provinces, l'impression d'avoir atteint un "point de non-retour", d'une vraie prise de conscience dans le pays qu'il fallait mettre un frein à cette "spirale de violence".
Et puis, déplore le quotidien La Jornada : un cinquième nom est venu s'ajouter à la liste. Si deux suspects ont été arrêtés les armes à la main près des les lieux du crime, l'on sait que 90% des attaques contre des journalistes restent impunies et ne débouchent sur aucune poursuite en justice. C'est donc la douche froide, dans la presse mexicaine, d'autant, précise l'édition locale d' El Universal, que ce dernier meurtre intervient dans une région, l'isthme de Tehuantepec, où la violence criminelle se déchaîne depuis quelques semaines avec trois fusillades qui ont fait dix victimes à quelques jours d'intervalle.
Les journalistes qui tentent d'informer sur ces violences et sur leurs racines profondes - la corruption et les trafics de stupéfiants aux mains de gangs concurrents dans la région - se sont rapidement retrouvés les cibles de ces attaques. Avant l'assassinat d'Heber Lopez Vasquez, un de ses collègues du même média avait été attaqué par des hommes armés mais avait réussi à en réchapper... Il n'y aura donc pas eu de deuxième avertissement sans frais.
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Depuis le début de l'année 2022, des centaines de journalistes mexicains inquiets pour leur vie ont quitté la profession, alerte encore El Pais : menacer la vie des journalistes pour leur imposer le silence s'avère donc efficace. D'autant qu'il y a bien d'autres moyens que les armes à feu pour les empêcher de travailler : El Economista nous apprend que les cas de harcèlement judiciaire ont doublé en trois ans. Des procédures abusives devant les tribunaux - dans un pays où la justice n'est pas une institution particulièrement fiable et incorruptible - qui s'avèrent souvent aussi efficaces que des menaces de mort pour dissuader les enquêteurs de dévoiler certaines vérités gênantes.
A ceux qui pourraient penser que les journalistes au Mexique font finalement face à la même violence généralisée que le reste de la société, El Financiero répond qu'il s'agit bien au contraire d'une intimidation ciblée, une véritable "violence systémique" appliquée à la liberté de la presse et à ses défenseurs. C'est pour cela que la profession avait redemandé fin janvier aux autorités mexicaines qu'elles condamnent les derniers meurtres, mobilisent la police pour renforcer la protection des journalistes et la justice pour que celle-ci condamne fermement les commanditaires. Mais pour le moment, la réaction du gouvernement n'a vraiment pas été à la hauteur, des journalistes continuent d'être assassinés chaque semaine.
Pékin : des Jeux "normaux" malgré la pandémie
Pas de J.O. normaux sans un passage obligé : le scandale international de dopage. Il a été révélé le 9 février par la chaîne sportive américaine ESPN, et il fait beaucoup de bruit parce qu'il vise la championne la plus en vue depuis l'ouverture de ces J.O. : la jeune prodige du patinage artistique russe, Kamila Vialeva, 15 ans, propulsée dans la lumière depuis qu'elle a été la première à réussir un quadruple saut pendant une compétition olympique féminine, lors des épreuves par équipes.
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Les femmes s'attaquent aux quadruples sauts, c'est une "révolution", ont crié en choeur tous les médias sportifs du monde... Sauf que, dans l'envers du record, il y a les accusations de dopage mais il y a "bien plus grave encore", écrit Alex Abad-Santos pour le magazine américain en ligne Vox.com. La performance de Kamila Valieva révèle un système de préparation des patineuses russes qui tend vers cette performance - le quadruple saut - pour se démarquer de la concurrence internationale. Un programme d'entrainement incarné par la coach Eteri Tutberidze et qui tient sur un postulat : pour réussir à enchaîner quatre rotations complètes au cours d'un saut, il faut être la plus légère possible. D'où la nécessité d'imposer aux athlètes un régime qui confine, dit l'article, à des "troubles alimentaires forcés" chez ces jeunes femmes en pleine puberté dont on va tenter de retarder au maximum la croissance.
Dès lors, poursuit Mili Mitra dans le Washington Post, on ne s'étonnera pas de voir que l'équipe russe arrive à chaque olympiade avec de nouvelles championnes toujours plus jeunes et agiles, alors que les précédentes, après avoir été propulsées au sommet du podium, disparaissent dans la nature. Un carrière ne dure jamais longtemps, le corps craque vite dans l'univers ingrat du quadruple saut.
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Voilà donc le prix d'une révolution dans ce grand spectacle mondialisé qu'est le sport olympique. Tout ça n'est pas sans rappeler l'image de ces gymnastes du bloc de l'Est dans les années 80 ; la dénonciation des sévices qui leur étaient imposés avait marqué la fin de l'époque de la guerre froide. Aujourd'hui alors que les tensions culminent entre Washington et Moscou, faut-il s'étonner de voir refleurir cette imagerie en marge de J.O. très marqués par le contexte géopolitique ? Le magazine russe en ligne Life n'hésite pas à parler de "guerre de l'information" pour qualifier les attaques lancées par la presse occidentale contre les patineuses russes et les accusations de dopage qui défraient la chronique.
D'ailleurs à Moscou l'agence Ria Novosti se réjouit que la jeune Kamila Vialeva ait reçu l'autorisation de continuer la compétition olympique, malgré son test positif à un médicament cardiaque considéré comme un produit dopant. Les Russes le savaient, les sportives de moins de 15 ans ne sont pas soumises aux mêmes exigences en matière anti-dopage que leurs aînées. Un argument de plus pour choisir des patineuses de plus en plus jeunes, quel que soit le prix pour leur santé physique et mentale.
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