

Star de l'électro orientale contraint par la guerre à fuir la Syrie, Omar Souleyman est menacé d'être renvoyé de force vers son pays natal par la Turquie qui l'accuse de terrorisme pro-kurde. La crise libanaise met fin à la rivalité légendaire entre deux frères ennemis du falafel beyrouthin.
Omar Souleyman, artiste emblématique du Moyen-Orient.
Le musicien syrien Omar Souleyman, figure de la musique électro-orientale de la dernière décennie… "le plus connu des chanteurs de mariage en Syrie", tel que le décrit Le Temps de Genève, est devenu une star internationale en faisant danser des centaines de milliers de festivaliers à travers le monde, sur des musiques comme celle-ci…
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Très reconnaissable à sa moustache, ses lunettes noires et son keffieh rouge sur le crâne, Omar Souleyman a collaboré ces dernières années avec des artistes occidentaux de premier plan comme l’anglais Damon Albarn ou l’islandaise Björk. Mais depuis dix ans, chassé par la guerre civile dans son pays la Syrie, il s’est installé en Turquie, la ville de Sanlyurfa près de la frontière, où il a ouvert une boulangerie en 2019, nous apprend The Middle East Eye.
Mais si tous ces médias internationaux s’intéressent à Omar Souleyman aujourd'hui, ce n’est pas pour la qualité de son pain… mais bien parce que ce mercredi 17 novembre 2021, la gendarmerie turque a fait une descente musclée chez lui, l’a arrêté et traîné devant un tribunal où il s’est vu signifié qu’il était soupçonné de "terrorisme".
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Le quotidien turc nationaliste et pro-pouvoir Yeni Akit l'a écrit en ces termes mesurés : "La voix du PKK s’est tue, ce salopard de Souleyman est face à la justice". Car ce qu’on reproche au musicien, c’est un prétendu soutien au Parti des Travailleurs du Kurdistan, le PKK donc, ennemi public n°1 du régime turc, dont Souleyman aurait, il y a 10 ans, pris le parti lors d’un concert donné en Allemagne. The Guardian ajoute que les renseignements turcs auraient voulu interroger le roi de l’électro-folk syrienne pour des voyages qu’il aurait effectués récemment en zone contrôlée par les Kurdes.
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Pour The National, basé à Abou Dabi, ces soudains ennuis judiciaires pourraient plutôt provenir d’une dénonciation malveillante, d’un jaloux ou d’un rival qui aurait voulu lui nuire, comme c’est souvent le cas en Turquie où certains profitent du climat de chasse aux sorcières qui entoure ce qui concerne de près ou de loin les Kurdes pour régler des comptes personnels.
Pour le journal en ligne d’opposition exilé à Londres Ahval, l’arrestation d’Omar Souleyman est à mettre en parallèle avec ces plus de 80 000 personnes qui ont été mises en prison en Turquie dans le grand mouvement répressif qu a suivi la tentative de coup d’Etat de juillet 2016… avec un point commun : les victimes de ces purges ont toutes été accusées de complicité soit avec le prédicateur Fetulah Gulen soit avec le PKK.
Mais la presse turque nous apprend qu’Omar Souleyman a été libéré jeudi 18 novembre : le même Yeni Akit, qui condamnait d’office il y a deux jours le "salopard terroriste" Souleyman, évoque sa libération avec une dépêche lapidaire qui annonce donc uniquement, comme le reste de la presse à Ankara et Istanbul, que le chanteur a été laissé libre, sous contrôle judiciaire.
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Le souci, c’est que l’info n’est pas du tout présentée de la même manière dans la presse kurde… Le site d’info Kurdistan 24 par exemple, qui cite le quotidien national Sabah, affirme qu’Omar Souleyman a été relâché par le tribunal… pour être transféré vers un centre de rétention pour migrants, près de la frontière turco-syrienne.
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La Gazete Karinca croit savoir que son passeport lui a été retiré, tout comme son permis de séjour en Turquie ; le journal kurde craint donc que l’artiste-boulanger soit expulsé dans les heures ou les jours qui viennent vers son pays natal, la Syrie où il n’a pas remis les pieds depuis une décennie, et où la situation, dans sa région d‘origine de l’autre côté de la frontière, reste très tendue puisqu’il s’agit de zones contrôlées justement par les Kurdes.
Un détour pour terminer par les rues commerçantes du centre de Beyrouth
C’est bien sûr L ’Orient-Le Jour qui nous emmène dans cette rue Bechara El-Khoury dont le tracé, apprend-on, a été celui de la ligne verte, la ligne de démarcation pendant la guerre du Liban… mais qui d’après le journaliste Richard Salamé "a aussi pendant 15 ans été le théâtre d’un autre conflit" : dans un recoin de la rue, on trouvait jusqu’à récemment deux vendeurs de falafels mitoyens et quasi identiques, même nom de "M. Sahyoun" sur les enseignes, mais simplement, l’une en lettres lumineuses rouges, l’autre bleues.
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Ce sont deux boutiques jumelles célèbres dans tout le Liban pour la qualité de leurs boulettes de pois-chiches frites - dont la spécificité est d’être sans persil - mais aussi pour la petite histoire : les deux échoppes ont été ouvertes par deux frères ennemis qui, après avoir repris ensemble l’affaire de leur père Moustafa Sahyoun, se sont brouillés et ont décidé de se faire de la concurrence, sous le nez l’un de l’autre, avec le nom et la recette paternelles.
Les Beyrouthins, eux, se partagaient entre ces deux chapelles, les clients de Fouad d'un côté, et ceux de Zouheir de l'autre. Mais depuis quelques semaines, il n’y a plus qu’une adresse pour manger les fameux falafels Sahyoun. La boutique de Fouad et de son fils Moustafa vient de fermer… à cause de la crise qui étrangle l'économie du Liban. "C’était devenu impossible", raconte le petit-fils dans L ’Orient-Le Jour. Le coût de production d’un sandwich libanais a tellement augmenté en effet que même en quadruplant le prix de vente, le restaurateur travaillait à perte.
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C’est donc la moitié d’une institution beyrouthine qui disparaît. On aimerait pouvoir conclure en disant qu’après cette triste faillite, les deux frères et leurs enfants se sont réconciliés pour finalement refaire ensemble des falafels autour de la même friteuse… "Cela n’arrivera pas", tranche l’un des petits-fils Sahyoun, "il y a eu trop de rivalités, trop de procès fratricides et de rancœur accumulée ces quinze dernière années". Mais, à l’image de tous les Libanais, la famille de Fouad refuse de perdre l’espoir, et espère rouvrir le deuxième falafel Sahyoun... une fois que la crise sera passée.
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