

L’ancienne dirigeante birmane, renversée par le coup d’état militaire du 1er février dernier, a été condamnée à quatre ans de prison par la junte. Au Venezuela, se dirige t-on vers la fin de l’opposition menée par Juan Guaido ?
Un tribunal birman a condamné lundi l'ex-cheffe du gouvernement civil Aung San Suu Kyi à quatre ans de prison pour incitation aux troubles publics et violation des règles sanitaires liées au Covid. Mais elle risque au total plusieurs dizaines d'années de prison car la lauréate du prix Nobel de la paix est aussi accusée notamment de corruption ou encore de violation d’une loi sur les secrets d’État, et d’une autre sur les télécommunications.
Le site indépendant Myanmar Now dresse le portrait du juge qui a prononcé ce verdict, Ye Lwin "est un oiseau rare" commente le média, opposé à la junte : car il n'est "pas seulement un rouage sans visage dans une machine qui suit régulièrement les ordres de l'armée". S'il se distingue, selon Myanmar Now, ce n'est pas pour son "intégrité irréprochable", mais plutôt pour sa capacité à communiquer, à se rendre accessible. On verra ce qu'il en sera, alors que ce procès était fermé aux médias selon Reuters.
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Car il y a les hommes et le système. Depuis qu'elle a pris le pouvoir pour la première fois il y a près de soixante ans, nous explique Myanmar Now, l'armée a régulièrement dépouillé les tribunaux de tout vestige de l'indépendance. À titre d'exemple, on trouve un ancien officier militaire à la tête de la Cour Suprême.
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Un éveil politique fauché par le coup d’État de février
Ce procès est ainsi l’occasion pour l’armée de tracer une ligne "juridique" face à l’éveil politique du pays, incarné par Aung San Suu Kyi ces dernières années, selon le rédacteur en chef de la Deutsch Welle dans son éditorial. Et dont les acquis sont désormais nul et non avenus. Même la politique de "non-violence" prônée par "la Dame de Rangoun" ne fait plus l’unanimité chez les partisans de la démocratie. Beaucoup considèrent qu’ils n’ont plus d’autre choix que de prendre eux aussi les armes face à la répression brutale et sanglante qui a fait plus de 1300 morts en dix mois. Conséquence : "la spirale de la violence s'intensifie", commente le média allemand. Sans compter les "centaines, voire les milliers de petites milices armées éparpillées dans tout le pays", qui ont leurs propres histoires d'oppression, d'insurrections et d'affrontements avec le régime militaire depuis l'indépendance du Myanmar en 1948 explique Al Jazeera.
Un dernier mot sur la portée internationale de ce procès, et du signal qu’ils renvoie, commenté par un autre éditorial, du Guardian, qui qualifie cette affaire "d’injustice flagrante" risquant bien de rester impunie par une communauté internationale qui se réunira pourtant en visioconférence autour du "sommet de la démocratie" de Joe Biden en fin de semaine. "Un festival de gaufres bien intentionné" pour les critiques, et dont les participants, s’il ne peuvent rien pour le Myanmar, peuvent tout aussi bien "abandonner leur session Zoom et passer à PlayStation", estime le quotidien britannique.
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Au Venezuela, se dirige t-on vers la fin de l’opposition menée par Juan Guaidó ?
Elle est en tout cas mal en point. Julio Borges, figure de proue de l'alliance anti-chaviste a démissionné dimanche, appelant par la même occasion à la disparition de cette structure, mise en place en 2018 après la victoire contestée de Nicolás Maduro à la présidentielle .
Juan Guaidó s'était alors autoproclamé chef d'un gouvernement intérimaire, fort du soutien d’une cinquantaine de pays à travers le monde, dont les États-Unis, rappelle le Wall Street Journal.
Une structure qui était au départ "un instrument pour sortir de la dictature, mais qui s'est déformé pour devenir une sorte de fin en soi, gérée par une caste. Qui s'est bureaucratisé et ne remplit plus sa fonction", a déclaré Julio Borges depuis la Colombie où il vit en exil, relatent les médias vénézuéliens.
En Espagne, El País décrypte : trois ans après la création de ce gouvernement parallèle, la "lutte s’est dégonflée et le successeur d’Hugo Chavez semble vissé au pouvoir malgré l’instabilité économique et sociale du pays".
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El País qui cite également Borges, l'opposant insurgé : "Nous avons perdu le soutien international à cause des contradictions, des erreurs qui ont poussé le monde à mettre le cas vénézuélien au réfrigérateur".
Parmi ces erreurs, le scandale dans la gestion par l'opposition de plus de 10 milliards de dollars d'actifs que ce gouvernement intérimaire était censé garder à l'abri du régime. La faillite de l'entreprise d'état Monomeros, basée en Colombie a aussi donné son nom à une affaire ayant conduit à des luttes intestines chez les anti-Maduro, explique le Wall Street Journal.
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Cette démission est en tout cas un pavé dans la mare qu'est devenu le camp Guaidó, et qui intervient deux semaines après des élections régionales et municipales marquées justement par le retour de cette opposition, après cinq ans d'absence et de boycott des différents scrutins. Mais celui-ci n’a pas vraiment permis à Juan Guaidó de se renforcer, au contraire, il a permis à d'autres opposants de remettre en cause son leadership. Conséquence : les partisans du président Maduro ont remporté 19 des 23 États en jeu.
Et la défaite de cette opposition divisée, "n'est pas surprenante", commente allègrement Ultimas Noticias un quotidien pro-Maduro, évoquant l'éloignement du camp Guaidó d'une grande partie de la population vénézuélienne.
Une défection qui soulève enfin la question de savoir si l'administration Biden continuera à soutenir Juan Guaidó après la fin de son mandat le 5 janvier. À Washington on évoque un moment de "bilan pour l'opposition" relate le Wall Street Journal, à quatre ans de la prochaine présidentielle.
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