Ce que les nuits des méduses nous apprennent de notre sommeil

La nuit venue, ces organismes très primitifs plongeant dans un sommeil profond.
La nuit venue, ces organismes très primitifs plongeant dans un sommeil profond.  ©Getty - Pacific Press
La nuit venue, ces organismes très primitifs plongeant dans un sommeil profond. ©Getty - Pacific Press
La nuit venue, ces organismes très primitifs plongeant dans un sommeil profond. ©Getty - Pacific Press
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Dans son numéro de janvier, le magazine Science et Vie nous rapporte la découverte de chercheurs américains qui pourrait bien éclairer les raisons de notre endormissement quotidien.

Trois chercheurs de l’Institut de technologie de Californie ont en effet détecté la forme de sommeil la plus ancienne du monde : celle de la méduse.  Les scientifiques ont réussi à démontrer que « la nuit venue, ces organismes très primitifs plongeaient dans un sommeil profond », composé de vrais cycles, malgré leur absence de cerveau. Si les scientifiques avaient déjà retrouvé cette faculté chez de nombreux mammifères, oiseaux, et même des vers de terre, il s’agit du premier cas de sommeil détecté chez un animal dépourvu de système nerveux central. 

Il s’agit donc du plus vieux sommeil du monde, les méduses appartenant à une branche de l’évolution très éloignée de la nôtre, dont elle s’est séparée il y a six cent millions d’années. En ce sens, elles sont plus éloignées de l’homme qu’une drosophile ou qu’un ver. 

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« Leur expérience montre aussi que la méduse réagit à la mélatonine, l’hormone qui régule le sommeil, comme tous les autres animaux étudiés à ce jour » déclare David Raizen, professeur en neurologie à l’université de Pennsylvanie. 

Cette découverte suggère alors que les mécanismes du sommeil seraient ancestraux, résulteraient d’une origine commune et contredit le dogme très répandu, selon lequel le besoin de sommeil serait lié aux exigences de cerveaux complexes censés traiter et stocker de grandes quantités d’informations. 

Ravi Nath, un des auteurs de l’ étude sur le sommeil des méduses, affirme dans les pages de Science et Vie que les bienfaits du sommeil pour le développement des gros cerveaux, comme la consolidation de notre mémoire, ne seraient que des effets secondaires positifs survenus au cours de l’évolution grâce à la complexification du sommeil. 

La véritable raison pour laquelle nous dormons serait donc à chercher ailleurs. Le sommeil apparaîtrait, selon Ravi Nath et d’autres scientifiques interrogés dans les pages du mensuel, pour protéger les neurones. Car plusieurs études récentes ont démontré que la privation de sommeil entraînait une augmentation de la concentration de calcium à l’intérieur des cellules, ce qui pourrait devenir toxique. Ces études ont également constaté que pendant l’éveil, la quantité de lysolipides augmenterait massivement, ce qui fragilise la membrane des cellules. 

Une éminente découverte qui ne va toutefois pas encore clore les débats sur les origines du sommeil, tant ses effets positifs – qu’ils soient cérébraux, immunitaires, cardio-vasculaires - sont nombreux, nous dit Science et Vie : « à tel point que l’on en viendrait presque à se demander pourquoi l’éveil existe … »