Des combats avec un grand M

Jean-Luc MELENCHON
Jean-Luc MELENCHON ©Reuters - Charles Platiau
Jean-Luc MELENCHON ©Reuters - Charles Platiau
Jean-Luc MELENCHON ©Reuters - Charles Platiau
Publicité

Hommage au "greatest" champion de boxe, et combattant pour les droits civiques Mohamed ALI, et ring politique avec le premier meeting de campagne de Jean-Luc MELENCHON.

Deux personnes occupent la Une de vos journaux ce matin… deux combattants, deux habitués du ring… qui partagent également leur initiale… L’un sur un ring de boxe – c’est Mohamed ALI, disparu vendredi et à qui la plupart de vos journaux rend hommage… et l’autre c’est dans l’arène politique, MELENCHON qui a tenu hier son premier meeting de campagne présidentielle… et vous allez voir que les points de contact entre les deux sont plus nombreux qu’il n’y paraît.

Parce qu’à la gauche du PS, c’est une sorte de match de boxe à distance qui s’est joué ce week-end… entre « le « défilé des insoumis » qui se voulait, selon les termes de Jean-Luc MELENCHON, une « démonstration de force », une occasion de souligner qu’il possède une longueur d’avance sur les autres postulants à la magistrature suprême à la gauche de la gauche, analyse Stéphane DUPONT dans les Echos. » Le combat qui s’engage est un combat à balles réelles, selon Yves THREARD dans le Figaro… qui cite les paroles de Jean-Luc MELENCHON : « Les bulletins de vote sont les balles de nos fusils », a-t-il lancé hier. Sale ambiance, mais François HOLLANDE a donné toutes les cartouches à l’artilleur de Stalingrad pour qu’il fasse feu. »

Publicité

Le Figaro qui fait l’honneur au candidat de lui accorder non seulement sa Une, mais sa double page du jour… Vous pourrez y lire notamment l’analyse de Jérôme JAFFRE, politologue au CECOP, qui estime que MELENCHON est pour HOLLANDE ce que MARCHAIS était pour MITTERRAND. C'est-à-dire finalement « moins une menace pour le chef de l’Etat » et presque « un avantage, estime JAFFRE. Quand il tape sur lui, ce n’est une surprise pour personne. MELECHON est dans l’anti-hollandisme et l’anti-socialisme depuis qu’il a quitté le PS. C’est une sorte de ritournelle. » Stéphane ZUMSTEEG, directeur du département opinion de l’IFOP tempère un peu ce point de vue, et estime lui que « Jean-Luc MELENCHON talonne François HOLLANDE dans les sondages, et s’il continue de capitaliser comme il a déjà pu le faire au sein de la gauche contestataire, cela sera un handicap de plus pour le président de la République, s’il décidait de se déclarer. »

Capitaliser à gauche de la gauche, c’est tout l’enjeu pour le candidat MELENCHON

Oui, surtout vis-à-vis de ses anciens camarades du Parti Communiste… « Candidature de MELENCHON, le PCF rechigne » titre le Monde. « Pierre LAURENT hésite, MELENCHON existe » titre Libération, quand dans l’Opinion, sous le titre « Entre MELENCHON et le PCF, les chemins divergent encore »… Béatrice TOUCHARD estime que « c’est un peu comme dans La femme d’à côté de François TRUFFAUD : ni avec toi, ni sans toi. » Au Parti Communiste, le ton est plus grave. « Il y a deux tabous dont on parle le moins possible, explique au journal le Monde un ancien membre de la direction du PCF, c’est le Front de Gauche et Jean-Luc MELENCHON. » Une autre dirigeante témoigne : « Il agrège autant de sympathie qu’il suscite de rejet ».

Une déclaration à l’aune de laquelle on peut lire ce titre, de l’article que lui consacre le Parisien : « Le « Méluche tour », c’est parti ». Un titre qui je ne vous le cache pas m’a un tantinet surpris… Quel autre homme ou femme politique aurait droit à un titre avec son surnom familier à la place de son nom de famille… Imaginez « Flamby retrouve la chancelière allemande aux commémorations de Verdun » ou « SARKOZO ne se déclarera pas à la primaire avant la fin de l’été »… Bref… ce n’est pas nouveau, on sait à quel point le président du Parti de Gauche entretient une relation d’amour/haine avec les médias… ou plutôt de fascination/répulsion…

Si MELENCHON est « l’insoumis du dimanche » dans les Echos, Etienne de MONTETY lui se fend d’un billet sur ce mot, Insoumis – dont la définition est assez bien trouvée : « Insoumis, nom masculin : tous les mutins du monde ». Etienne de MONTETY qui après fantasme largement sur la notion de soumission et d’insoumission… je cite : « si l’insoumis ne se soumet pas, il soumet lui-même. Par exemple, un problème à la société. Comment le soumettre sans le mettre sous les verrous ? Faut-il soumettre de force ? Mais alors que deviendra-t-il, un sous-soumis ? » (je vous rappelle qu’on parle bien de Jean-Luc MELENCHON et que ce n’est pas un petit traité de sado-masochisme).

Pour conclure, Etienne de MONTETY explique qu’il vaut peut-être mieux que l’insoumis le reste, insoumis ; « un jour ou l’autre, il se soumettra de lui-même, inéluctablement. »

Ce qui n’est pourtant pas l’exemple que donne l’autre insoumis du jour

Oui, « icône planétaire » ce sont les termes que l’on retrouve dans tous vos journaux… « symbole de la lutte pour les droits civiques des Afro-Américains » rappelle le Figaro, « il emporte avec lui une page de l’histoire mouvementée des Etats-Unis ». « ALI, un nom qui changea la boxe et le monde » titre pour sa part l’Humanité qui lui consacre une double page.

Mohamed ALI est mort vendredi à l’âge de 74 ans… Libération lui consacre un très beau cahier spécial de 12 pages… sous le titre « ALI, les combats d’un siècle », ALI le poète qui déclamait des haïkus avant ses combats… Comme celui-ci que j’aime particulièrement : « J’ai lutté avec un alligator. Je me suis battu avec une baleine. […] Rien que la semaine dernière, j’ai tué un rocher, blessé une pierre, envoyé une brique à l’hôpital. Je suis si méchant que je rends la médecine malade. » - c’était en 1974, avant son combat contre George FOREMAN à Kinshasa.

« ALI a dit aux Blancs : vous m’avez fabriqué comme le monstre de FRANKENSTEIN » (…). Et ce « monstre », écrit Clémentine MERCIER dans Libé, celui qui incarne la lutte antiraciste sur les rings, ce boxeur venu du Sud, libre et affranchi dont la mère était cuisinière, a une tête de bébé, « un bébé géant ». Sourcils relevés, bien dessinés, et front plissé, le visage aussi lisse et rond que le cuir d’un gant de boxe, Mohamed ALI détone avec son air poupin dans un sport de combat, de nez et de dentition cassés. » Un texte qui illustre une photo incroyable de Mohamed ALI… photo en noir et blanc, sur le ring. Nous sommes en 1976 dans un match d’exhibition contre un lutteur japonais. Le lutteur est au sol. ALI debout, fiché sur ses jambes, les bras le long du corps, légèrement penché en avant vers son adversaire, en train de pousser un cri la bouche grand ouverte.

Une photo à laquelle on pourrait accoler la déclaration de Barack OBAMA qui ferait une superbe légende : « Mohamed ALI était « The greatest », point final. Il a été aux côté de KING et de MANDELA, il s’est élevé quand c’était difficile, il a parlé quand d’autres ne le faisaient pas. (…) Son combat en dehors du ring lui a coûté son titre, lui a valu nombre d’ennemis. Mais ALI a tenu bon. Mohamed ALI a secoué le monde. »