Manuel VALLS en nage à l'Université du PS, un curé en parachute et l'évangélisation 2.0, les nouvelles méthodes pédagogiques et "Game of Thrones" comme modélisation de l'avenir économique et social.
Absolument Guillaume, je me suis dit que c’est un thème qui ferait écho ce matin : la continuité dans la rupture… la poursuite d’une route, d’un chemin tracé… MAIS avec quelques variations substantielles.
Un chantier pour lequel il faut « mouiller la chemise », et les éditorialistes s’en sont donné à cœur joie dans la métaphore laborieuse, après le discours hier de Manuel VALLS à l’Université d’été du PS ; un Manuel VALLS en nage, qui a donc « mouillé la chemise au propre comme au figuré, pour rassembler les militants socialistes ». Il fallait rassurer les militants, après la sortie, quelques jours plus tôt du ministre de l’économie, Emmanuel MACRON qui estimait, à l’Université d’été du MEDEF, que considérer que la France pourrait aller mieux en travaillant moins était une erreur…
Du coup, aux grandes manœuvres… les grandes eaux : l’image du Premier Ministre la chemise trempée affleure, transparait si j’ose dire dans de nombreux éditos ce matin. « Manuel VALLS aime la gauche, il le martèle, il le transpire devant une famille naturelle un peu échaudée » raconte Pascal COQUIS dans les Dernières Nouvelles d’Alsace ; « Manuel VALLS a du pain sur la planche, comme en a témoigné l’état de sa chemise » dans La Montagne, « Transpirant à grosses gouttes, Valls renvoie l’image d’un infatigable travailleur, prêt à mouiller le maillot pour unir la gauche et sortir la France de la crise » explique Jean-Michel SERVANT dans Le Midi Libre… seul problème, c’est que le parti ne fidélise plus, et que « son électorat a fondu », conclut Le Républicain LORRAIN.
Bref, vous l’aurez compris : éloge de l’effort, ou déploration de l’épuisement c’est selon…
La rupture dans la continuité… c’est aussi un curé en parachute
Et oui, la modernité Guillaume, le « buzz » comme outil d’évangélisation, c’est un reportage à lire ce matin dans La Croix, reportage qui montre comment, petit à petit, la « cathosphère » se convertit aux outils de communication 2.0 et notamment à travers l’exemple de ce curé, le père Guillaume SOURY-LAVERGNE, qui a décidé de monter une opération pour financer la rénovation de son abbaye, avec à la clé, si la campagne permettait de réunir la somme requise… la promesse d’un saut en parachute… sur le mot d’ordre sur Twitter « Faites sauter l’abbé ». La campagne a marché, l’abbé a sauté, en témoigne cette photo de l’homme d’église en soutane et enveloppé de sa toile de parachute.
On apprend par la même occasion que le terme de « réseau social » a des origines religieuses. C’est l’anthropologue australien John ARUNDEL BARNES qui l’emploie pour la première fois, en 1954, quelques années donc avant l’apparition de Twitter ou Facebook ; sous sa plume, « réseau social » désigne les relations professionnelles, les liens de parenté et d’amitié au sein d’une paroisse de l’ouest de la Norvège.
Et en cette semaine de rentrée scolaire… toujours le changement, mais en douceur
Oui Libération consacre son dossier du jour au gai savoir, et aux innovations pédagogiques : ces enseignants qui bouleversent les cadres de la transmission du savoir pour résorber les inégalités sociales. On découvre comment une enseignante du Val-de-Marne utilise les réseaux sociaux pour mieux intéresser ses élèves à la littérature. « Je veux montrer que la littérature n’est pas poussiéreuse et a un lien très fort avec nos vies » explique-t-elle, dont acte : après avoir créé par exemple des profils Facebook pour chaque personnage du Bel Ami de MAUPASSANT, elle a transposé la Querelle des Anciens et des Modernes en proposant à ses élèves de faire vivre le débat sur les réseaux sociaux, en respectant la langue du XVIIème siècle, une façon explique-t-elle d’apprendre à gérer un clash sur Facebook et Twitter, et de mieux appréhender les paramètres de confidentialité.
On peut y lire d’autres exemples de ces pédagogies nouvelles : en Seine-et-Marne, où une ferme, avec ses chèvres, ses lapins et ses poules, a été installée entre l’école primaire et l’école maternelle ou encore dans le Morbihan, où une enseignante propose à ses élèves de chanter la grammaire.
Et pour finir par un contrepoint à la chaleur étouffante de l’université d’été du MEDEF : quand vient la fin de l’été, c’est que l’hiver arrive - désolé de jouer les rabat-joie. L’hiver arrive, en anglais, ça se dit « Winter is coming » ; c’est le motif central de la série « Game of Thrones ». C’est par ce prisme que Dominique MOÏSI dans Les Echos envisage les mois qui nous attendent : un avenir sombre, une formule qui résume ce que nous ressentons selon lui devant le désordre grandissant du monde. Crise asiatique, afflux ininterrompu de migrants, Union Européenne en pleine déréliction… Même si la fiction seble être une préfiguration de la réalité, rien ne serait plus dangereux qu’une résignation au pire… il nous appartient de nous battre pour le retour du printemps.
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