Déchéance de nationalité : la méthode de François HOLLANDE en matière de revirement politique est vivement critiquée dans la presse ce matin. Et en matière d'aérospatiale, celle d'Elon MUSK qui a réussi à faire atterrir une fusée réutilisable est unanimement loué. Mais ces deux méthodes sont-elles si différentes ?
Ce matin j’ai choisi de convoquer DESCARTES, de façon peut-être un peu ronflante, pour vous dire comme le philosophe que « le bon sens est la chose du monde la mieux partagée car chacun pense en être si bien pourvu, que ceux même qui sont les plus difficiles à contenter en toute autre chose n’ont point coutume d’en désirer plus qu’ils en ont ».
Si tel est l’incipit du discours de la méthode de DESCARTES, comment résumer celui de notre actuel président, François HOLLANDE. De façon certes plus modeste… c’est Bruno DIVE dans Sud Ouest qui en propose un condensé, en trois mots, simples : « enrobement, habileté, recul ». C’est à l’aune de ces trois termes que l’on pourrait jauger, systématique, la « méthode HOLLANDE », et notamment pour ce qui concerne la question de la déchéance de nationalité, qui occupe une large partie de la presse ce matin.
« L’enrobement fut celui de l’opposition au lendemain des attentats du 13 novembre, écrit Bruno DIVE. (…) Pour préserver une unité nationale qu’il sent plus fragile qu’en janvier, François HOLLANDE retient dans son discours au Congrès plusieurs propositions de la droite, voire de l’extrême droite. (…) Il compte en son for intérieur sur le Conseil d’Etat pour s’opposer à cette mesure. (…) Mais trop d’habileté tue l’habileté. Car, manque de chance, le Conseil d’Etat ne s’est pas opposé à cette idée. »
Et voilà donc le temps du recul, largement commenté ce matin. « Incapable de convaincre son camp et de rassembler derrière lui sa majorité, empêché de séduire l’opposition, François HOLLANDE se retrouve contraint de se replier sur des demi-mesures », déplore Nicolas BEYTOUT dans l’Opinion. « Quand l’émotion se retire, on découvre les propositions sans convictions, écrit pour sa part Matthieu VERRIER dans La Voix du Nord. L’habileté de François HOLLANDE se retourne contre lui. A défaut de déchoir, le président déçoit. »
Et même si de nombreux éditorialistes s’accordent à estimer que la déchéance de nationalité n’est qu’une mesure symbolique… « A qui fera-t-on croire que la menace d’une déchéance de la nationalité dissuadera des terroristes de renoncer à leurs sanglantes activités ? », se demande Jean-Pierre BEDEÏ dans La Dépêche du Midi, « Il ne peut y avoir deux types de citoyens français selon Jean LEVALLOIS dans La Presse de la Manche. On est Français ou on ne l’est pas. Ce n’est pas un état susceptible d’être utilisé comme un niveau de sanction. »
Il n’en reste pas moins que « Cette reculade est grave », estime Sébastien LACROIX dans l’Union. « La politique et ses travers sont revenus au grand galop, pour Patrice CHABANET du Journal de la Haute Marne. Que le président de la République prône la déchéance de la nationalité devant (…) le Congrès avant de faire machine arrière quelques jours après revient à écorner un peu plus la parole politique. » « Car le Congrès, à Versailles, c’est autre chose qu’une réunion de section locale du PS », conclut Sébastien LACROIX.
Dans cette affaire, la méthode de la droite n’est pas plus efficace…
Oui, la « droite qui a inspiré cette mesure devrait profiter de ce « reniement », selon elle, du chef de l’Etat, pour dénoncer une rupture de l’union nationale, à laquelle elle n’a pourtant guère participé depuis le 13 novembre », selon Jean-Pierre BEDEï… d’autant que, et c’est le Parisien qui le rappelle ce matin… Nicolas SARKOZY lui aussi avait « dû céder à sa majorité sur la déchéance de nationalité ». « Après le discours de Grenoble en 2010, l’ancien chef de l’Etat avait réclamé cette mesure controversée pour les assassins de policiers et de gendarmes. (…) Mais voilà : quelques mois plus tard, 68 députés centristes, emmenés par Jean-Louis BORLOO, lancent une fronde pour supprimer ce dispositif. » Et, plus amusant, « Claude GUEANT justifie à l’époque ce recul en expliquant que la déchéance de nationalité pour les meurtriers de policiers est une disposition « uniquement symbolique » qui ne justifie pas de courir « le risque de diviser la majorité ».
Enrobement, habileté, recul. CQFD.
Il ya ce matin une autre méthode qui s’est avérée beaucoup plus efficace…
Oui, une méthode qu’on pourrait résumer une fois de plus en trois mots : décollage, retournement, atterrissage.
C’est la méthode Elon MUSK de la fusée réutilisable, et après plusieurs échecs, c’est une première réussite qui a eu lieu hier, et une réussite qui va durablement changer notre rapport à l’espace… « Même dans l’espace, on entend les cris de joie d’Elon MUSK », écrit Bruno TREVIDIC dans Les Echos, en convoquant la célèbre phrase d’accroche du film Alien.
« Décollage et atterrissage de Falcon 9 : la fin des fusées Kleenex » titre Rue89… qui rappelle que le 24 novembre dernier, le grand concurrent d’Elon MUSK dans le domaine spatial, le PDG d’Amazon Jeff BEZOS, avait lui aussi réussi à reposer au sol une fusée… mais il s’agissait d’un vol sous-orbital, destiné principalement au développement du tourisme spatial… là où la fusée Falcon 9 a elle pour objectif l’espace, et la mise en orbite de satellites…
Et c’est ce qu’elle a fait hier, comme vous pourrez le lire dans une pleine page très complète du Figaro… Quelques minutes après le décollage, le premier étage de la fusée s’est séparé du second étage, a mis en orbite 11 satellites, puis le lanceur a continué son vol, s’est retourné à quelques 200km d’altitude, est entré dans l’atmosphère à la verticale et s’est reposé sur la cible visée, le tout de façon entièrement automatisée grâce à son ordinateur de bord.
Selon les ingénieurs de SpaceX, cités par La Croix, « l’exploit revient à lancer un crayon à papier par-dessus l’Empire State Building et le faire atterrir sur sa gomme, dans une boite à chaussure, au beau milieu d’une tempête. »
Mais l’avenir n’est pas encore complètement dégagé pour SpaceX… la NASA avait déjà réussi à faire revoler sa navette spatiale. Mais les coûts de maintenance étaient tels que chaque vol coutait l’équivalent de 450 millions de dollars (contre 55 millions pour Falcon 9 en version non réutilisable) ». « L’expérience malheureuse de la NASA montre à quel point le coût de maintenance entre deux vols sera crucial pour la rentabilité du Falcon 9 », explique Le Figaro.
Lancement, retournement et atterrissage sur ses pieds… tout compte fait, si on y regarde bien, peut-être que la méthode SpaceX n’est finalement pas si différente de celle des politiques français…
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